Le service de SVoD américain s'est lancé dans une guerre sans merci contre ses utilisateurs non abonnés. S'il semble bien parti pour remporter la victoire, les chiffres sont toutefois à relativiser.
Si vous utilisez le compte Netflix d'une personne qui ne vit pas sous le même toit que vous, vous avez peut-être reçu une notification désagréable. Car, depuis le printemps 2023, la firme américaine prévient ses utilisateurs qu'elle ne souhaite plus que le partage de compte soit pratiqué sur sa plateforme, bien que cela ait fait partie de son ADN pendant de nombreuses années.
Alors, après plusieurs semaines de mises en garde, reste-t-il encore beaucoup d'irréductibles résistants ?
Des dizaines de millions de téléspectateurs encore concernés
Si Netflix met surtout en avant l'évolution de ses revenus et de son nombre d'abonnés, des statistiques concrètes sur le partage des comptes manquent à l'appel. Du moins, c'était jusqu'à ce que Moffett Nathanson commande une étude sur l'utilisation du service aux États-Unis lors du troisième trimestre 2023. Ce ne sont pas moins de 19 000 Américains qui ont été interrogés, ce qui permet de faire un état des lieux de la situation, du moins dans le pays de l'Oncle Sam.
L'enquête révèle que 77 % des personnes interrogées utilisent uniquement leur propre compte, tandis que 8 % traînent occasionnellement sur celui de quelqu'un d'autre. Bien entendu, les téléspectateurs restants (14 %) sont ceux qui profitent pleinement de l'abonnement d'un ou de plusieurs de leurs proches. Ce dernier chiffre pourrait toutefois être moins précis, en raison d'une éventuelle différence de définition du terme « foyer » entre Netflix et certains utilisateurs.
Quoi qu'il en soit, cet ordre de grandeur nous révèle que malgré la volonté affirmée de Netflix de changer les pratiques sur sa plateforme, de nombreux utilisateurs ne respectent toujours pas ses nouvelles règles. Alors, pourquoi ?
Faire passer la pilule progressivement
La réponse n'est pas très difficile à trouver, puisque l'un des dirigeants de la firme américaine, Greg Peters, s'était exprimé sur le sujet cet été. Il avait en effet annoncé que les mesures contre le partage des comptes étaient « appliquées progressivement ». Ce serait donc toujours d'actualité. Au moment de l'étude commandée par Moffett Nathanson, seules 23 % des personnes concernées avaient reçu un avertissement, et c'est sur cet échantillon qu'il faut se concentrer pour évaluer l'efficacité de l'approche de Netflix.
En effet, 72 % des utilisateurs avertis ont cessé de profiter du compte de quelqu'un d'autre, et 32 % d'entre eux veulent souscrire leur propre abonnement, s'ils ne l'ont pas déjà fait. C'est une perte significative de téléspectateurs pour Netflix, mais qui serait rentable sur le plan financier. Selon MoffetNathanson, si le quart de tous les détenteurs de comptes partagés dans le monde souscrivaient l'abonnement standard avec publicité, cela représenterait un chiffre d'affaires supplémentaire de 567 millions de dollars par an.
C'est surtout la réputation de l'entreprise qui pourrait en pâtir. En effet, l'interdiction de cette pratique sonne le glas d'une époque où l'on pouvait accéder à un ou plusieurs services de SVoD à moindre coût. Disney emboîtant le pas à Netflix, l'ambiance change peu à peu, et les tarifs sont revus à la hausse. Résultat : les internautes semblent se diriger soit vers d'autres services, soit vers le piratage, qui était alors en chute libre depuis des années. Il se pourrait bien que le leader du secteur devienne un véritable grand méchant, et il n'est pas certain que les « Netflix Houses » sauvent l'honneur.
Source : PCMag
Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique : toute l'actualité (ou presque) attise ma curiosité. Sinon, j'aime le rock et le lofi, les game-nights toujours trop longues, les bons films et les nanards.
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