"Quand le financement soutient l’innovation", une tribune de Alexandre Schneider

26 novembre 2009 à 14h11
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Président de Prelytis, un éditeur de tableaux de bord décisionnels, Alexandre SCHNEIDER propose cette tribune libre dans laquelle il revient sur l'importance du financement de l'innovation pour l'économie française.

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Alexandre Schneider
Véritable secteur d'avenir, l'industrie des nouvelles technologies connaît chaque année une croissance importante au niveau mondial et contribue largement à créer de l'emploi et de la valeur ajoutée dans un paysage économique de plus en plus concurrentiel. Oui mais voilà, derrière un tel constat il convient néanmoins d'analyser les différences entre les politiques menées par les Etats qui viennent directement impacter la capacité d'innovation des entreprises.

Innover c'est prendre des risques et c'est avoir une vision à moyen/long terme. C'est pourquoi ce sont généralement les « challengers » et donc les petites et moyennes structures qui basent leur stratégie sur l'innovation. Mais innover oblige à investir massivement afin de développer des technologies toujours plus complexes répondant aux exigences des particuliers mais également des professionnels. En ce sens, avant de commercialiser une solution ou un service IT, il convient préalablement de financer une Recherche et Développement consommatrice de ressources et de capitaux. Au-delà des compétences techniques qui sont à la base de toute innovation technologique, les notions de financement occupent donc une place centrale tout au long du cycle de développement des entreprises IT. En effet, dans un monde économique où les temps de mises sur le marché de nouveaux produits sont constamment revus à la baisse, il est important de pouvoir rapidement commercialiser une solution afin qu'elle ne soit pas jugée obsolète lors d'un lancement trop tardif. Pour respecter ce time to market, il est fondamental de pouvoir s'appuyer sur des ressources humaines et financières. Ces ressources, les PME innovantes en ont peu et doivent faire face à ce cruel dilemme : elles sont taillées (taille, flexibilité, capacité de prise de risque) pour l'innovation mais n'ont pas assez de surface financière. Bien sûr, il ne faut rien attendre des banques traditionnelles qui ne sont pas capable de soutenir des projets autres que court-terme.

Les Etats qui ont, je l'espère, compris les enjeux liés au secteur des nouvelles technologies essayent de « soutenir » avec plus ou moins d'entrain les entreprises High Tech. Ainsi, à titre d'exemple, la France et l'Europe proposent un arsenal de mesures dédiées à soutenir l'innovation : crédit d'impôt recherche, subventions nationale, régionale, européenne... Nous pouvons également parler des actions menées par différentes structures comme OSEO qui ont aussi pour objectif de soutenir l'innovation.

Au-delà de ces fonds publics, viennent les actions menées par les business Angels, les fonds d'amorçage, les sociétés de capital risque et de capital développement. Là encore, il existe une forte différence entre les pays. A titre d'exemple, lever entre 3 et 5 millions d'euros en France est une performance plus que notable pour une PME IT alors qu'aux Etats-Unis, pour un projet comparable, les investisseurs n'hésitent pas à débourser 2 à 3 fois le montant proposé en France. Bien entendu, cela permet d'améliorer significativement l'avantage concurrentiel des entreprises nord américaines qui peuvent développer plus rapidement leurs produits et déployer des campagnes de marketing agressives.

Mais la partie n'est pas perdue pour autant, les initiatives de financement semblent en effet se multiplier sur le vieux continent. En revanche, fort est de constater que l'accès aux différents soutiens proposés relève parfois du parcours du combattant : cartographie des dispositifs proposés, complexité des dossiers à préparer... On peut ajouter un marché europeen encore trop fragmenté entre états et donc difficile d'accès pour les PME innovante alors que les limites logistiques et de support n'existent pratiquement pas dans notre secteur. En ce sens, les professionnels de l'industrie IT ont intérêt à se regrouper et à exercer des actions de lobbying à destination des pouvoirs publics comme des investisseurs pour leur démontrer concrètement les vertus liées à une aide au développement de leur activité. Ces aides ne sont pas obligatoirement financières et doivent surtout l'accès à un marché européen et favoriser l'innovation et la recherche.

En ces périodes de soutient à l'économie, n'est-il pas pertinent de favoriser une industrie génératrice d'emploi qualifiés à court-terme et ne nécessitant pas de structures lourdes et longues à mettre en place ? Comment tolérer encore longtemps que l'industrie IT ne représente que 6 % de notre PIB alors que dans d'autres pays européens ce secteur peut représenter jusqu'à 10% ?

Il s'agit en effet de préparer l'avenir et de ne pas manquer le virage de l'innovation qui permettra de gagner les fameux points de croissance tant recherchés et de dynamiser l'emploi.
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