Mission M’Other : on visite la France (apocalyptique) de 2032

Johan Gautreau
Expert objets connectés
25 octobre 2021 à 14h07
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SF Mission M'Other

Avec le roman de cette semaine, on vous propose de voyager, non pas dans un espace lointain, mais dans notre bonne vieille France. Pas n’importe laquelle toutefois : Mission M'Other nous emmène en 2032 où va se décider le futur de l’humanité !

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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Mission M’Other (2017)

Pierre Bordage/Melanÿn

Après le bon gros pavé de L’Empire du Silence, j’ai décidé de m’attaquer à un livre rapide à lire. Mon choix s’est porté sur Mission M’Other écrit par Pierre Bordage et co-écrit avec Melanÿn. Ce bouquin s’adresse normalement aux adolescents et se présente en format papier sous la forme d’un Snoop Book. Mission M’Other fut initialement publié en 2011 mais pour cette chronique, je me suis appuyé sur l’édition numérique de 2017. Le format EPUB n’enlève rien au charme de l’histoire racontée par le duo français, toutefois, si vous aimez les petits jeu d’énigme, ou les livres qui vont un peu plus loin que la simple lecture, je vous recommande vivement de vous tourner vers les éditions papier en Snoop Book.

Le concept consiste à accompagner la lecture de divers petits accessoires tels que des cartes, des coupures de presse fictives, etc. L’immersion en est renforcée, un peu comme dans un jeu de rôles papier.

« J’ai trouvé ce carnet et un stylo. Écrire est la seule chose qui me vienne à l’esprit »

12 octobre 2032. La jeune Lia vient de s’écraser sur Terre dans un module de survie du vaisseau scientifique M’Other. Elle est la dernière survivante de l’équipage d’exploration envoyé 12 ans auparavant à la découverte de « la bouche noire », une anomalie spatiale qui a ébranlé l’humanité toute entière. C’est au travers de son journal intime que nous allons suivre son retour sur le sol natal des humains.

Oui, je sais, je sais : encore un journal intime, ce procédé narratif que j'apprécie tant. Le journal intime permet en effet de rentrer en profondeur dans la psyché du héros, de découvrir ses peurs, ses émotions. On s’identifie plus facilement au personnage central de l’histoire, sans rentrer dans la lourdeur qu’impose la gestion de nombreux protagonistes aux points de vue variés.

C’est donc le journal intime de Lia que nous allons découvrir aujourd’hui. L’adolescente revient au bercail plus morte que vive et va devoir s’adapter à un environnement qu’elle ne connaît pas. Elle va aussi devoir lutter contre les aléas du passage de l’espace à la gravité terrestre. En gros, on a vu plus sympa comme retour à la maison. D'autant que le seul indice qu’elle possède pour démarrer son aventure est une vieille photo d’une jeune fille nommée Tara…

« Premier contact avec des êtres humains sur cette planète, Tara… Comme je regrette de les avoir rencontrés ! »

Revenons un peu aux origines de la mission M’Other. En 2020, une anomalie spatiale étrange apparaît aux abords du système solaire. En même temps, un bruit mystérieux retenti sur l’ensemble du globe et attire à lui des milliers d’humains – surtout les enfants - qui disparaissent sans autre forme de procès. Un peu comme le conte du joueur de flûte de Hamelin sauf que ce sont les humains qui ont cette fois le rôle des rats. Face à cette crise mondiale, les scientifiques de tous bords se mobilisent pour envoyer un vaisseau spatial destiné à découvrir le lien entre « la bouche » et les disparitions massives d’humains. Si possible avant que la Terre ne soit totalement déserte…

Comme vous pouvez vous en douter, la mission M’Other a capoté dans les grandes largeurs, laissant Lia pour seule survivante. La jeune fille arpente donc une planète bleue presque déserte où la nature a repris ses droits. Tous les humains n’ont cependant pas disparu. Quelques poches de survivants ont résisté à « l’appel ». Manque de bol, ces derniers hommes et femmes ne sont pas les plus sympathiques représentants de notre espèce. Ce sont pour la plupart des illuminés qui ont formé un culte religieux dédié à la fin des temps : les Anges de la Mort. Leur principale occupation est de dégoter les non-croyants et de les convertir. Ou de les brûler vifs selon l’humeur. Y a pas à dire, l’ambiance sur Terre est devenue drôlement festive (non) !

Heureusement, tout n’est pas perdu. Lia va faire la connaissance d’Aaron, un jeune homme enrôlé de force par les Anges de la Mort et bien décidé à mettre fin à leurs actes barbares. Taciturne et tourmenté par son passé, Aaron sera un allié de poids pour l’adolescente à la recherche de son amie. Ce n’est d’ailleurs pas le seul protagoniste qui se joindra à l’aventure. Lia fera une rencontre unique en la présence de Kwan, un loup sauvage qui se prendra d’affection pour elle. Ça peut sembler un peu naïf mais j’avoue que j’ai particulièrement apprécié l’inclusion d’un personnage animal dans ce roman !

« Nous sommes presque arrivés. Tu auras bientôt les réponses à tes questions. »

Après les rencontres – souvent mauvaises, rarement bonnes – arrive l’heure des premières révélations. Aidée par Aaron, Lia va découvrir un réseau de résistants. Ces personnages, cloitrés dans un bunker souterrain, sont pour la plupart des survivants à l’appel de la bouche. Ils sont aussi des scientifiques qui ont participé à l’élaboration de la mission M’Other. La jeune fille découvrira d’ailleurs que ce sont eux qui ont envoyé Aaron la chercher après avoir reçu un ultime message du vaisseau spatial en perdition.

Ces premières révélations viennent ménager une pause dans l’escapade de Lia. L’adolescente aura cependant bien du mal à vivre recluse dans ce bunker, en autarcie depuis trop longtemps. Pour cause, le fait d’être considérée comme un rat de laboratoire aurait probablement de quoi faire fuir n’importe qui. Cette halte improvisée lui permettra – ainsi qu’à nous, lecteurs – d’obtenir quelques éléments de réponse sur le son mystérieux qui a vidé la Terre des humains.

Les découvertes de ce genre s’enchaînent tout au fil du roman. L’intrigue se dévoile à un rythme constant, chaque réponse obtenue entraînant néanmoins de nouvelles questions. Si on sait à quoi est dû la vibration et qu’elle provient de la « bouche » spatiale, il nous faudra encore découvrir, aux côtés de Lia, les origines de ce phénomène. Et bien entendu, l’exploratrice devra par la même occasion découvrir où est sa chère Tara…

« Ils m’ont descendue dans les sous-sols de l’église. Captive. »

Je ne vous le cache pas, le passage dans le bunker des résistants va s’écourter relativement vite… et brusquement. Nos compères fuient une fois de plus, et cette fois ils savent où aller : Le Mans. Il semble que cette ville ait attiré les humains appelés par la bouche noire. Sauf que, pas de bol, Lia va se faire attraper par les séides des Anges de la Mort. Aaron est introuvable et le loup a disparu. Difficile de faire plus critique comme situation !

Pierre Bordage et Melanÿn nous imposent alors un rythme narratif soutenu. C’est d’autant plus impressionnant que le format du journal intime se prête rarement aux situations mouvementées. Ici, ce n’est pas un souci. On vit intensément les péripéties de Lia, on croise les doigts pour qu’elle se sorte vivante des guêpiers où elle se trouve jetée à chaque nouvelle étape de son voyage. En bref, on a rarement le temps de s’ennuyer dans le livre de nos deux romanciers.

On se doute quand même que Lia se tirera du pétrin dans lequel elle se trouve, sauvée des Anges grâce à Aaron et le fidèle Kwan. Ce n’est encore pas la fin de son périple. En fait, on pourrait presque dire que tout ce qu’elle a vécu n’était qu’une vaste mise en bouche pour le final explosif de Mission M’Other.

« Le moment est venu de rejoindre la Porte des Enfers. »

Nous arrivons au terme de l’incroyable voyage post-apocalyptique de Lia. C’est aussi pour nous la fin de cette chronique SF. Je ne vous ferai pas l’affront de vous dévoiler les dernières page de Mission M’Other. Je vous invite plutôt à lire ce livre – si possible en version papier Snoop Book – afin de découvrir le fin mot de la quête de Lia. Vous y découvrirez son incroyable destin et toutes les explications sur la présence de la « bouche noire ».

Production pour adolescents oblige, ce roman se lit très vite. C’est une lecture parfaite pour s’occuper entre deux gros pavés plus velus. Les plumes de Melanÿn et Bordage se révèlent très efficaces, on tourne les pages sans s’en rendre compte. J’ai totalement accroché à cet ouvrage qui démontre que la France abrite de beaux talents littéraires modernes !

Rendez-vous bientôt pour un monument de la science-fiction, avec le premier tome de la saga Honor Harrington. Il va y avoir du lourd pour les amateurs de combats spatiaux bien velus !

Mission M’Other © ActufSF

Mission M’Other (2017) est édité chez ActuSF en version papier. Il est aussi disponible sur 7Switch en version EPUB et sur Amazon en version Kindle.

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Commentaires (2)

Melanyn
Bonjour, merci pour cette chronique et ravie que vous ayez apprécié la lecture ! J’aurais aimé que vous pensiez à parler de la plume de Pierre Bordage ET Melanÿn pour ce roman que nous avons co-écrit à 4 mains… les co-auteurs ont décidément la vie dure… (et encore plus quand se sont des femmes probablement, mais c’est peut-être un raccourci facile de ma part) . Merci pour cet avis quoi qu’il en soit. Bonne journée à vous !
Johan_Gautreau
Bonjour et merci pour votre retour, ça fait toujours plaisir d’avoir un mot des auteurs de livres chroniqués sur le site !<br /> Je me rends compte en effet que j’ai trop souvent omis de parler de votre contribution à l’ouvrage, c’est maintenant rectifié. Et en aucun cas ce n’était dans mes intentions de minorer votre travail car vous êtes une femme. Au contraire, je trouve personnellement que les auteures de SF ont du talent, la preuve avec l’excellent L’espace d’un an de Becky Chambers que j’avais adoré ^^<br /> Je m’excuse toutefois de ma maladresse, en espérant que vous ne m’en tiendrez pas trop rigueur.<br /> Bonne journée à vous !
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