La Russie veut empêcher les employés du numérique de télétravailler (à l'étranger)

02 janvier 2023 à 17h45
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© opsa/Pixabay
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La Russie pourrait bien édicter de nouvelles lois plus contraignantes sur le télétravail.

Et elles pourraient toucher les employés du numérique, qui sont très nombreux à avoir quitté le territoire tout en continuant leur emploi.

La fin du statu quo ?

Les choses continuent à bouger à toute vitesse dans une Russie touchée par de très fortes sanctions. Alors qu'elle va devoir subir encore à la fin de l'année le départ des équipementiers des télécommunications Nokia et Ericsson, le pays pourrait aussi se mettre à mal ses employés du numérique.

Ils sont en effet environ 100 000 à avoir quitté le territoire depuis le début des hostilités, le 24 février dernier, et ce, tout en continuant à travailler pour leur entreprise grâce au télétravail. Une position intermédiaire qui leur permettait de continuer à gagner leur vie tout en évitant à la Russie le départ définitif de trop de cerveaux.

Mais cet arrangement implicite pourrait bien s'achever. Reuters nous apprend qu'une nouvelle législation sur le télétravail pourrait être mise en place dans le pays afin d'empêcher le télétravail à l'étranger, et d'inciter au retour de cette main-d’œuvre précieuse.

La Russie craint l'espionnage de l'OTAN

Une décision qui étonne, alors qu'en décembre dernier le ministre du Développement numérique Maksout Chadaïev se faisait l'avocat d'un assouplissement d'éventuelles restrictions. Pour lui, il ne fallait pas « pousser [les travailleurs du numérique] à chercher du travail dans les entreprises étrangères ».

Mais de l'autre côté, certains faucons parmi les autorités russes craignent qu'en allant travailler au sein de pays appartenant à l'OTAN, des travailleurs du secteur des hautes technologiques laissent fuiter par inadvertance des informations sensibles. Ils souhaitent ainsi leur interdire de télétravailler au-delà des frontières, pour des raisons de sécurité nationale.

Pour le moment, la majorité de ces employés ont trouvé refuge dans des pays limitrophes tels que la Géorgie, l'Arménie ou la Lettonie, là où ils peuvent communiquer facilement en russe. Préfèreront-ils rentrer chez eux, ou couper définitivement les ponts ?

iSource : Reuters

Samir Rahmoune

Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les q...

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Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les questions énergétiques, et l'astronomie. Souvent un pied en Asie, et toujours prêt à enfiler les gants.

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Commentaires (19)

BlBird67
Étonnant vraiment qu’il y ait effectivement plus d’articles sur la Russie. On se demande si ce ne serait pas parce qu’ils ont lancés la plus grande guerre en Europe depuis la 2nd GM, avec plusieurs centaines de milliers de combattants de chaque côté. Non vraiment, incompréhensible…
pecore
S’ils sont partis c’est qu’ils craignaient d’être mobilisés, alors ils ne vont pas rentrer maintenant qu’une nouvelle mobilisation est dans les tuyaux et qu’on sait aujourd’hui que les appelés servent de chair à canon.<br /> Mieux vaut être au chômage que mort, ç’est moins définitif.
Maraut
c’est quoi le chaumage ?<br /> refaire les toits des chaumières ?<br /> (edit)je vis en Normandie
bmustang
c’est ça le communisme, avoir fait des courbettes à la russie pour son gaz et son pétrole, puis la chine pour son grenier du monde, on se retrouve face au mur sur les erreurs de nos dirigeants occidentaux et nous en sommes les victimes. Il est temps de comprendre qu’il vaut mieux être autonome et libre, plutôt que subir
ABC
« La Russie veut empêcher les employés du numérique de télétravailler à l’étranger… »<br /> Trop tard. Ou comment se tirer une balle dans le pied vu que les personnels qualifiées pouvant télétravailler ont presque tous fui le pays. Ça sera un coup d’arrêt pour de nombreuses entreprises russes qui survivent actuellement avec le télétravail via l’étranger.<br /> Où le Kremlin va-t-il trouver des centaines de milliers de développeurs, ingénieurs, concepteurs, créateurs, data scientists, chercheurs… ?<br /> Dans les fermes à troll et chez les taulards de Wagner ? En organisant des rafles chez les babouchkas ?<br /> L’incurie et le pouvoir de nuisance du Kremlin se retournent contre lui. Et plus il gesticule, plus il s’enfonce. Tant mieux.
MattS32
pecore:<br /> Mieux vaux être au chaumage que mort, ç’est moins définitif.<br /> Surtout qu’une fois exilé de façon régulière vers un pays plus civilisé, ils ne s’y retrouvent pas nécessairement au chômage, ils peuvent trouver un boulot, dans l’IT y a beaucoup de pays qui manquent de travailleurs.<br /> bmustang:<br /> c’est ça le communisme<br /> Ça n’a strictement rien à voir avec le communisme.
Belgarath
Ils peuvent aller en Allemagne. Ils cherchent désespérément des techniciens en informatique, à tel point qu’ils forment en urgence des émigrés. Ce qui est d’ailleurs très bien.
pecore
Pour appuyer encore ce que tu dis, la Russie se trouve devant un sacré dilemme. D’un coté ils ont besoin de ces personnes qui télétravaillent pour faire tourner leurs entreprises mais de l’autre le risque d’espionnage est tout à fait réel.<br /> Curieux de voir comment la Russie se sortir de cette nouvelle ornière où elle s’est encore une fois mise elle-même.
ABC
Le Kremlin va essayer de les payer en soldant son gaz.<br /> Sauf que, c’est fini les pétro-roubles…<br /> Source :<br /> Les exportations de gaz russe ont chuté de plus de 45% en 2022<br /> Ça sent le gaz à tous les étages.
jvachez
Personne ne prendra le risque d’embaucher un Russe, le risque d’avoir un espion dissimulé en exilé est trop grand.
Goodbye
Je ne suis pas d’accord, y’a plein de job en IT ou tu ne touches a absolument rien « d’espionable ou profitable » par la russie
MattS32
Y a plein de boulots dans l’IT où l’espionnage russe n’est absolument pas une menace.<br /> Par exemple un responsable informatique dans une TPE ou petite PME avec essentiellement une portée locale… Ce qui est bel et bien un domaine où on manque cruellement de monde.
Popoulo
jvachez:<br /> Personne ne prendra le risque d’embaucher un Russe, le risque d’avoir un espion dissimulé en exilé est trop grand.<br /> A ce compte là on pourrait remplacer « russe » par bien d’autres choses.<br /> MattS32:<br /> Y a plein de boulots dans l’IT où l’espionnage russe n’est absolument pas une menace.<br /> Par exemple un responsable informatique dans une TPE ou petite PME avec essentiellement une portée locale… Ce qui est bel et bien un domaine où on manque cruellement de monde.<br />
ABC
Autre problème de taille, les personnes expatriées pourront-elles un jour retourner en Russie sans être accusées de traitrise et envoyées en prison (au mieux) ? Poutine vient d’exclure de facto les têtes de Russie.<br /> Deux alternatives, soit Poutine reste et le pays plonge dans les abîmes, soit il finit par être destitué par des modérés et un semblant de démocratie permet le retour des expatriés avec un long travail de réparation, comme pour l’Allemagne post-nazie entre les années 50 et 90.<br /> En tout cas, l’avenir de la Russie (pour les russes) ne peut plus s’écrire avec Poutine ou un de ses clones.
Palou
ABC:<br /> soit il finit par être destitué par des modérés…<br /> si c’est Dimitri Medvedev qui prend la suite, ce sera même peut-être pire encore, un pur nazi ce gars
pecore
C’est clair, mais Medvedev s’est positionné depuis des années comme le roquet de Poutine, ce qui fait qu’il n’est respecté ni à l’intérieur ni à l’extérieur de la Russie. Le seul moyen qu’il remplace Poutine c’est que Poutine lui-même le mette en poste, comme la première fois et ça ce n’est pas inenvisageable.
pecore
Corrigé, merci.
Maspriborintorg
Exportation vers l’occident seulement. Avant, l’exportation de gaz vers l’UE représentait le 15 %, le reste allant déjà vers l’Asie. Et maintenant, ce qui ne va plus vers l’UE est absorbé par l’Asie (Chine, Inde, Japon, etc).<br /> Avec l’augmentations des cours du gaz et du pétrole, sur le marché, la Russie a multiplié par quatre ses excédents depuis début 2022 en épuisant moins ses sources.
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