Palantir : un culte du secret valorisé 20 milliards de dollars

25 septembre 2015 à 12h20
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Ses activités dans le Big data et ses relations avec la CIA et le FBI font fantasmer les investisseurs... qui ne connaissent finalement pas grand-chose des réelles performances de l'entreprise.

Vous avez déjà entendu parler des trois plus grosses entreprises non cotées au monde : le fabricant de smartphone Xiaomi, les voitures avec chauffeur Uber, et la location entre particuliers Airbnb. La quatrième est beaucoup moins connue : Palantir Technologies. Cette société a pourtant levé plus de 500 millions de dollars d'argent frais au mois de juin. Ce qui porte sa valorisation à 20 milliards d'euros, le double de fin 2013.

Qu'est-ce qui fait rêver autant les investisseurs ?

Palantir n'est plus vraiment une start-up. Lancée en 2004 à l'initiative de Peter Thiel, le cofondateur de PayPal, l'entreprise est aujourd'hui dirigée par Alex Karp, un ancien étudiant en philosophie de 47 ans devenu milliardaire. Son nom signifie « pierre de vision » dans l'univers de Tolkien. En effet, Palantir met en relation et permet de visualiser de gigantesques bases de données disparates, comme des numéros de téléphone, des relevés de comptes bancaires, des photos ou encore des profils d'utilisateurs.

A priori, rien d'exceptionnel. Sauf que l'entreprise a comme clients la CIA, la NSA, les Marines, l'armée de l'air, les opérations spéciales et le FBI. Son premier investisseur d'ailleurs n'était autre que In-Q-Tel, le bras armé financier de la CIA, et sa technologie aurait notamment servi dans la traque d'Oussama Ben Laden ou pour retracer le système de Ponzi de Madoff.

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La plateforme Palantir Metropolis rapproche plusieurs sources de données pour des analyses quantitatives à grande échelle.

Selon les données compilées par le site USAspending.gov, Palantir aurait reçu plus de 212,2 milliards de dollars de contrats de la part d'agences gouvernementales américaines (FBI, SEC...) depuis 2009. Ce qui ne l'a pas empêché de se diversifier vers le secteur privé (marchés financiers, assurance, cybersécurité, médecine, pétrole et gaz, justice, etc.) qui représenterait aujourd'hui 70% de son activité.

Des stagiaires payés 7 000 dollars par mois

Mais côté financier, que sait-on vraiment ? Pas grand-chose, puisque la compagnie ne dévoile aucun chiffre. Employant 1 500 salariés dans 19 bureaux à travers le monde, elle aurait réalisé en 2014 un chiffre d'affaires d'1 milliard de dollars, selon le New York Times, sans être toutefois bénéficiaire. D'autres sources estiment plutôt ce chiffre entre 450 et 500 millions.

Le Big data est à la mode chez les investisseurs, et Palantir en profite certainement. Mais selon certains de ses concurrents dans le milieu de l'intelligence artificielle, sa technologie est loin d'être unique, et son approche, consistant à réaliser du « sur-mesure » pour chaque client, serait même moins rapide et plus chère.

« On peut quand même imaginer qu'avec des moyens illimités comme les siens, le résultat soit à la hauteur », tempère un patron français d'une start-up du secteur. Palantir accorde notamment des ponts d'or pour attirer les meilleurs talents. Ses stagiaires par exemple : ils sont rémunérés autour de 7 000 dollars par mois, selon le site CNBC. « En recrutant les meilleurs éléments du MIT et de Stanford, ils ont probablement mis au point quelque chose de révolutionnaire. Mais personne ne peut le dire... puisque c'est secret. »

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Alexander Karp, le cofondateur et PDG de Palantir

C'est là que réside probablement la botte secrète de Palantir. La société entretient savamment le mystère autour de ses comptes, de son activité et limite au maximum sa communication extérieure. Elle ne publie aucun communiqué de presse et son PDG n'accorde que de très rares interviews. Une politique qui ravit également ses clients, gouvernementaux comme privés, forts satisfaits de la discrétion et de la promesse de confidentialité.

Pour cette même raison, Alex Karp, le PDG, a exclu en 2013 toute introduction en bourse, expliquant que ce serait « très compliqué pour une entreprise comme Palantir  ». Difficile, en effet, de concilier la transparence nécessaire à une cotation publique et la culture du secret. Et comme l'argent privé coule à flots, on ne voit ce qui pourrait, dans un avenir proche du moins, le faire changer d'avis.
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