"L'Open Source s’insérera-t-il durablement au sein du système d’information ?"

29 juin 2007 à 10h15
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Didier Guyomarc'h, directeur général d'Informatica France, fournisseur de solutions d'intégration de données, s'interroge sur la pérennité du modèle open source dans le système d'information des entreprises.

Ayant eu une expérience significative de 1999 à 2001 avec l'un des acteurs majeurs de l'Open Source, VA Linux Systems devenu VA Software (contributeur et développeur, à l'époque, de la Debian et du portail Sourceforge.net), je souhaite vous faire partager quelques réflexions concernant le modèle Open Source.

En préambule, il est important de souligner que l'approche Open Source a sa terminologie. On parle, par exemple, de communauté, de gourou, de distribution. Linux est un noyau packagé par différents acteurs, étant le plus connu. Ce préalable étant posé, reprenons notre réflexion sur les avantages du modèle Open Source pour une entreprise pour qui, les deux arguments qui font souvent mouche sont : le prix et la réactivité/disponibilité des compétences. Le prix, c'est simple, le produit est gratuit. Le client ne paie que le support et le service (formation, expertise). Rien à redire au regard de la politique de prix. En revanche, la situation pour les services est différente. Approche propriétaire ou open source, un ingénieur informatique reste un ingénieur informatique, le prix des prestations sera identique.

La réactivité/disponibilité des compétences, c'est là que se situe l'approche philosophique de l'Open Source. Premier argument, « les forces » de développement : la communauté Open Source comptant des milliers de membres (peut être des millions ?), chaque membre contribue bénévolement au développement d'une ou de plusieurs applications, d'où la rhétorique très communautaire. Autre argument pour l'Open Source : le support. La communauté développe, mais assure également le support. Généralement, un projet Open source est associé à un site en '.org' ou '.net' auquel le client a accès pour remonter ses incidents. Autre alternative, l'entreprise s'adresse à un intermédiaire Open Source (société de services...) qui centralise, met en forme et reporte les demandes. De nouveau, les milliers/millions de développeurs garantissent la réactivité pour obtenir EBF et patches.

Voilà de manière très simplifiée la démarche de l'Open Source. Ceci étant dit, pourquoi ce type d'approche dans une très large majorité n'a, à ce jour, séduit que les utilisateurs d'applications en environnement non critique ? Si l'on observe les besoins des entreprises auxquelles s'adresse Informatica, ces entreprises sont principalement des « grands comptes ». Des entreprises dont le chiffre d'affaires annuel est généralement supérieur à 750 M€, et dont les enjeux métiers dans un contexte concurrentiel nécessitent la disponibilité d'un système d'information performant, flexible capable de répondre aux challenges auxquels ces entreprises font face. Ce système d'information peut être composé d'une diversité de systèmes d'exploitation, au rang desquels : Linux, Unix, mais surtout Windows, sans oublier la présence d'un grand système dit mainframe. De plus, ces entreprises ont 'architecturé' leurs applications (SCM, CRM, financières, ressources humaines, etc.) autour d'un ou de plusieurs progiciels.

Reprenons les besoins de ces entreprises : de la fiabilité pour leur système en production ; de la pérennité du côté de leur fournisseur ; surtout pas des solutions, dont le rythme effréné, obligerait à un plan de migration trimestriel ou bi-annuel ; un fournisseur qui s'engage contractuellement et dans la durée ; la recherche d'une visibilité et d'une lisibilité de la stratégie produit de l'entreprise.

Le marché Open Source a-t-il atteint la maturité nécessaire pour répondre à ces besoins ? Est-il amené à faire disparaître les modèles propriétaires ? Chaque modèle proposant des avantages propres, je pense davantage à une cohabitation voire à des échanges entre ces deux modèles. La collaboration et la communauté de développeurs, par exemple, sont déjà renforcées chez les éditeurs de solutions propriétaires. De nombreux éditeurs, dont Informatica, collaborent, intègrent, délivrent et supportent des briques Open Source. Ce n'est plus l'apanage seul du Libre.

Mon propos n'est pas de dire que le modèle des éditeurs est la réponse unique à tous ces points. Mais les faits parlent d'eux-mêmes : chez Informatica, on constate que la problématique de l'intégration et de la qualité des données est passée d'une approche projet, en silos, vers une rationalisation et une mutualisation des solutions et des compétences. Ce type de solution intervient comme un hub gérant l'ensemble des échanges de données du système d'information. Chaque chose a un prix, mais à moindre coût ne veut pas dire sans valeur. Quant aux impératifs opérationnels des entreprises et à leurs conséquences sur le système d'information, ils ne peuvent pas faire l'économie d'une analyse technique sur le simple fait que le produit qu'on leur propose est gratuit.

Didier Guyomarc'h, Informatica France
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