Dans un élan de franchise inattendu, Amazon admet que ses nouvelles liseuses couleur ne sont pas idéales pour la lecture de texte. Un aveu qui ressemble à une blague, mais qui est pourtant bien visible dans la foire aux questions du géant américain.

On pourrait croire à une mauvaise traduction, mais non. Le plus grand vendeur de liseuses au monde vous explique, sans détour, que pour une expérience de lecture optimale, il serait plus judicieux de se tourner vers ses modèles… en noir et blanc. Avouons que la démarche a de quoi surprendre, surtout quand on sait que les modèles Colorsoft sont présentés comme la nouvelle génération de Kindle.

La transparence, une nouvelle option ?
C'est au détour d'une discrète mise à jour de sa foire aux questions qu'Amazon a lâché le morceau. Pour ses modèles Kindle Scribe Colorsoft et Kindle Colorsoft, on peut désormais lire cette recommandation cocasse : « Si vous préférez un texte légèrement plus net en noir et blanc, nous vous recommandons d'opter pour Kindle Paperwhite… ». En d'autres termes, pour dévorer des romans, préférez l'ancienne technologie.
Derrière cette franchise rafraîchissante se cache une réalité technique que les amateurs de belles lettres remarqueront vite. Le géant américain, plutôt que de laisser ses clients découvrir le pot aux roses par eux-mêmes, préfère jouer cartes sur table. Une stratégie habile, qui lui permet de rediriger les puristes vers un autre de ses produits phares, la Kindle Paperwhite, tout en se forgeant une image d'entreprise honnête.
Le coupable : une histoire de filtres et de pixels
Mais pourquoi diable un appareil plus récent et plus cher offrirait-il une moins bonne expérience sur sa fonction première ? La réponse se cache derrière la technologie d'écran E Ink Kaleido 3. Pour afficher des couleurs, cette dernière superpose une grille de filtres colorés à l'écran noir et blanc classique. Le problème, c'est que cette couche supplémentaire n'est pas sans conséquences.
D'abord, elle absorbe une partie de la lumière, rendant le fond de l'écran un peu plus sombre et grisâtre que sur une liseuse monochrome. Ensuite, et c'est là que le bât blesse pour les amoureux du texte, elle divise par deux la résolution d'affichage. On passe ainsi de 300 pixels par pouce, la norme pour un texte parfaitement net, à seulement 150 ppi. Le résultat est un texte moins contrasté, qui peut sembler légèrement plus flou.
Un choix cornélien pour le lecteur
Cette franchise d'Amazon tranche avec le silence radio de ses concurrents. Des marques comme Kobo ou Onyx Boox, qui emploient la même technologie Kaleido 3, se gardent bien de claironner un tel compromis dans leur communication. Amazon, en position de force, peut se permettre ce petit luxe de la vérité.
Au final, le choix revient au lecteur. Les nouvelles Kindle Colorsoft restent excellentes pour qui lit des bandes dessinées, des mangas ou des documents illustrés. Mais pour les grands lecteurs de romans, qui passent des heures les yeux rivés sur des pages de texte, le confort et la netteté d'une bonne vieille liseuse en noir et blanc restent inégalés. Alors, prêt à sacrifier la précision de vos lectures pour voir la couverture en couleur ? La question est posée.
Source : Android Authority