Live Japon : de la TV 4K balbutiante en 2014 à la 8K à partir de 2016

Karyn Poupée
Publié le 11 janvier 2014 à 16h52
A les écouter, les Japonais sont à l'origine de la plupart des technologies qui ont révolutionné (sinon inauguré) l'univers de la télévision... et ce n'est pas complètement faux. Tubes Trinitron, écrans plasma et à cristaux liquides (LCD), les Nippons ont souvent été les premiers à industrialiser des nouveautés quand ils ne les ont pas tout bonnement inventées. Ils sont bien décidés à continuer, même si aujourd'hui, outre les Américains qui étaient déjà leurs rivaux autrefois, s'ajoutent les Sud-Coréens qui ont des capacités technologiques et des moyens de plus en plus redoutables. C'est vrai pour la TV 4K, cela risque aussi de l'être pour le format suivant, 8K, même si sur ce plan les Japonais bénéficient d'un avantage majeur: les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

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Refaisons l'histoire: alors que les Américains avaient au sortir de la guerre bridés les moyens des Japonais pour développer des technologies de radiotransmission, les Nippons s'y sont jetés à plein corps une fois l'occupant parti (en 1952). C'est ainsi que débuta au Japon la diffusion TV en 1953. La Nippon Hoso Kyokai (TV publique NHK) a participé très activement aux recherches tant pour la mise au point des moyens de prise de vue, de traitement et de diffusion des images que pour leur réception. Et cela a continué ensuite, notamment pour la mise au point de la TV couleur, de dispositifs nouveaux de tournage et de téléviseurs.

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Pour chaque innovation majeure, la NHK s'est souvent appuyée sur des événements internationaux sportifs afin de marquer les grandes étapes de l'évolution technique. Dans les annales nippones, la période qui s'ouvre en 1953 est appelée « terebi jidai » (l'époque de la télé) et en 1964, les Japonais avaient baptisé les JO de Tokyo « les Olympiades télévisées ». Une énorme campagne de promotion des téléviseurs en couleur avait accompagné cet événement qui se déroulait pour la première fois en Asie.

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« La télévision a évolué avec les Jeux Olympiques », rappelait il y a quelques mois le président du groupe public japonais de radiodiffusion NHK. Autant qu'une manifestation sportive, les JO de Tokyo étaient pour les Nippons l'occasion de montrer au reste du monde leur savoir-faire technologique, lequel passait par la TV: cérémonies et plusieurs épreuves en couleur (du jamais vu), transmission par satellite en direct aux Etats-Unis, copie sur bande pour l'Europe, utilisation de système de ralenti d'image, emploi de micros de proximité insensibles au brouhaha environnant, suivi intégral du marathon en direct...

Plus d'un demi-siècle plus tard, les Japonais veulent encore être des pionniers. « Au Japon, la feuille de route du ministère de la Communication vise la TV en 8K pour les JO de 2020 », souligne Kozo Takahashi, le patron du groupe d'électronique Sharp, premier à avoir proposé une TV à tube cathodique au Japon dans les années 50, premier à avoir créé une TV LCD, premier à avoir inauguré chaque nouvelle génération de dalles-mères LCD (10e aujourd'hui), premier à avoir fabriqué en masse des écrans dits IGZO (à base d'oxydes d'indium, gallium et zinc) et sans doute le premier qui mettra sur le marché un modèle de salon 8K. 

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Le standard 8K est un format d'images composées de 4 320 lignes de près de 8 000 points (ou 8 kilo-points, 8K), soit au total 33 millions de points qui correspondent à autant de pixels physiques pour l'écran. « On n'ira évidemment pas d'un seul coup vers la 8K, car aujourd'hui, un téléviseur de ce format coûterait un prix absolument exorbitant et irréaliste, mais nous allons bel et bien dans cette direction », ajoute M. Takahashi. Sharp a déjà présenté un écran 8K de 85 pouces (2,16 m) de diagonale, prototype de ce que seront les TV de 2020.  Samsung aussi est sur les rangs. Bien sûr, d'ici-là, la miniaturisation des transistors permettra de placer 33 millions de pixels sur des écrans de plus petites dimensions.

Tout comme elle l'a été sur la TVHD, la NHK est à l'origine du développement du 8K, standard dont elle fait la promotion depuis des années sous l'appellation « super hi-vision » où le son n'est pas négligé puisqu'il est capté et restitué sur 22 canaux. La NHK parcourt le monde pour faire des démonstrations de cette technique, comme elle l'a fait aux JO de Londres en 2012. L'auteur de ces lignes a ainsi au Japon maintes fois eu l'occasion d'admirer les images impressionnantes et gigantesques de la nature sauvage tournées et projetées sur un écran géant en super hi-vision dans le centre de recherche de la NHK à Tokyo. Il y a une dizaine d'années, on avait du mal à imaginer pouvoir un jour bénéficier d'un téléviseur domestique de taille raisonnable (une soixantaine de pouces de diagonale) affichant autant de détails. Mais aujourd'hui qu'on a les prototypes devant les yeux, on réalise que ce sera possible, et dans pas longtemps.

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Reste que pour le moment, les télévisions vendues dans le commerce sont soit des modèles haute définition (TV HD ou 2K car leurs images comptent 1 080 lignes de près de 2 000 points) ou des 4K (2 160 lignes de près de 4 000 points). Environ 2,21 millions de TV 4K devraient se vendre cette année dans le monde et 7,25 millions en 2016, selon la société NPD DisplaySearch. Ces TV 4K offrent déjà un rendu jugé exceptionnel par de nombreux clients, selon un vendeur de l'enseigne Bic Camera du quartier de Yurakucho à Tokyo. « Elles coûtent entre 400 000 yens et 1,7 million de yens (2 800 à 12 000 euros) mais se vendent beaucoup mieux que ce que pensaient les fabricants », assure-t-il. Et de préciser: « il y a un mois d'attente pour la plupart car la production mensuelle est limitée à quelques milliers d'unités ».

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Pour lui (et pour les fabricants aussi d'ailleurs) le problème du peu de contenus disponibles en format 4K n'est pas un obstacle majeur « car tous ces téléviseurs sont dotés de technologies qui permettent de convertir les formats de qualité inférieure vers une image 4K, qu'il s'agisse de films sur disque optiques Blu Ray, d'émissions de TV reçues par satellite ou diffusion hertzienne ou même de vidéos en ligne, ces TV se connectant à internet ».

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Pour autant, rien ne vaut un signal original en 4K, diffusé tel que et reçu par un téléviseur compatible. C'est pour cela et pour offrir « les plus belles images de la Coupe du monde de football au Brésil » que débutera cette année au Japon la diffusion expérimentale de programmes en 4K par satellite. Tout individu disposant d'un téléviseur 4K et d'une réception satellitaire pourra donc en profiter. Des salons de visionnage spéciaux seront aussi installés dans les grandes enseignes d'électronique et en divers lieux publics.

Un nouveau standard de compression appelé HEVC (pour réduire la quantité de données informatiques à transporter pour chaque image) est une des clefs de ce dispositif qui devrait permettre de généraliser par la suite la diffusion 4K et d'inaugurer la 8K. Une démonstration de de codage-décodage en temps réel a récemment eu lieu à Tokyo, à l'initiative d'un consortium de promotion de la TV 4K.

La même chose sera faite pour le format 8K et sans tarder d'ailleurs. Avant même les JO de 2020, « nous voulons mettre en place une diffusion expérimentale en 8K pour ceux de 2016 à Rio de Janeiro », indique le ministère japonais de la Communication qui pousse au train ses industriels.

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C'est que la concurrence est de plus en plus forte de la part des Sud-Coréens: « l'adoption de la 4K sera très variable selon les pays et c'est en Corée du Sud que cela avance le mieux pour le moment », reconnaît le patron de Sharp. De fait, alors que les Japonais jouissaient d'une bonne longueur d'avance il y a quelques années, aujourd'hui elle est extrêmement réduite. Ils essaient d'installer des technologies et fonctions de plus en plus performantes dans leurs TV pour limiter la concurrence et la chute des prix qui en découle, mais cela est de moins en moins facile. Il est à parier que le prix des TV 4K aura chuté de moitié dans 2 ans. Du coup, difficile de générer des bénéfices durables qui sont pourtant la clef des investissements futurs indispensables pour continuer à faire la course en tête.

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Cette fuite en avant est certes technologiquement passionnante, mais est-elle commercialement réaliste ? Là se trouve une question cruciale. Qu'attend le client ? Certes, il ne boude pas la qualité maximum, mais n'est pas nécessairement prêt à payer n'importe quel prix. Surtout que l'ultra haute définition n'est pas bénéfique pour tous les types d'images. Qui n'a pas ressenti un certain malaise en regardant en HD (et a fortiori en 4K) des programmes types débats, journaux ? Les visages de présentateurs comme des personnalités invitées y sont restitués avec tant de détails qu'on en voit absolument toutes les imperfections ou que l'on est dégoûté par la couche épaisse de fond de teint. Autrement dit, il est bien de vouloir sans cesse améliorer la définition des images, mais il serait aussi judicieux comme on sait le faire en cinéma de changer les méthodes de maquillage et de prise de vue pour les adapter au nouveau rendu des images à la réception.

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Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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