Meta intègre le scheduler Linux du Steam Deck dans ses datacenters pour optimiser les performances de ses serveurs. Cette collaboration inattendue entre la plateforme de jeu portable de Valve et l'infrastructure de la plus grande métacorporation témoigne d'une approche pragmatique face aux limites de la planification processeur traditionnelle.

Meta intègre le scheduler Linux du Steam Deck dans ses datacenters pour optimiser les performances de ses serveurs. © Valve
Meta intègre le scheduler Linux du Steam Deck dans ses datacenters pour optimiser les performances de ses serveurs. © Valve

C'est une histoire qui ferait sourire n'importe quel joueur PC habitué à bidouiller ses paramètres graphiques. Meta, l'entreprise qui gère probablement plus de données personnelles que vous n'avez de souvenirs, est allée chercher la solution à ses problèmes de serveurs chez... Valve. Oui, la technologie qui fait tourner vos jeux sur le Steam Deck pilote désormais les centres de données de Mark Zuckerberg. Une ironie savoureuse qui mérite qu'on s'y attarde.

Quand la console portable donne une leçon de fluidité au géant

La scène se déroule à Tokyo, lors de la conférence Linux Plumbers 2025. L'ambiance est studieuse, les cravates sont rares, et personne ne s'attend vraiment à ce que les ingénieurs de Meta montent sur l'estrade pour chanter les louanges d'une console de jeu. Et pourtant, c'est exactement ce qui s'est produit. Le géant des réseaux sociaux a révélé utiliser le SCX-LAVD, un ordonnanceur Linux initialement conçu pour le Steam Deck. Pour les néophytes, l'ordonnanceur est un peu le chef d'orchestre du processeur : c'est lui qui décide quelle tâche a le droit d'utiliser la puce et pendant combien de temps.​

À l'origine, Valve avait un problème simple mais agaçant : sur une console portable, la moindre micro-saccade ruine l'expérience de jeu. Ils ont donc financé la création d'un outil capable de détecter les tâches sensibles à la latence et de leur donner la priorité absolue, une sorte de pass VIP pour processeur. Ce que Meta a réalisé, avec un pragmatisme déconcertant, c'est que ses serveurs souffraient exactement du même mal. Entre les milliers de requêtes simultanées et les calculs d'intelligence artificielle, leurs machines suffoquaient, incapables de trier efficacement l'urgent du superflu. En adoptant la méthode de Valve, Meta transforme ses serveurs en consoles géantes, non pas pour jouer à Elden Ring, mais pour s'assurer que votre fil d'actualité charge sans le moindre hoquet.

Fini le bricolage manuel, place à l'intelligence du jeu vidéo

Il faut imaginer le cauchemar logistique que représentait la gestion des serveurs chez Meta avant cette illumination. Jusqu'ici, les administrateurs système passaient leur temps à régler manuellement les priorités de chaque service, un peu comme si vous deviez ajuster les fréquences de votre moteur en conduisant sur l'autoroute. Une méthode artisanale totalement inadaptée à l'échelle industrielle. Avec SCX-LAVD, cette époque est révolue. L'outil ne demande pas la permission ni des réglages complexes : il observe, apprend et s'adapte tout seul.​

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04 décembre 2025 à 11h32
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L'intégration ne s'est pas faite sans quelques ajustements maison. Meta a dû retoucher le code pour qu'il gère non plus une petite puce mobile, mais des monstres de puissance à plusieurs centaines de cœurs. Ils ont notamment appris au système à repérer les cœurs surchargés par les interruptions réseau pour les traiter comme des éléments plus lents, une astuce brillante pour éviter les embouteillages numériques. Le résultat est sans appel : une fluidité accrue et une gestion des ressources qui ferait pâlir d'envie les solutions traditionnelles.

Cette alliance contre-nature entre le monde ludique et l'infrastructure d'entreprise prouve une chose : l'innovation ne vient pas toujours d'où on l'attend. Voir une technologie née pour le confort des joueurs sauver la mise à l'une des plus grandes infrastructures mondiales est un joli pied de nez aux idées reçues sur le sérieux de l'informatique professionnelle. Reste à savoir si Meta nous laissera un jour installer Steam sur ses serveurs, mais ça, c'est une autre histoire.

Source : Tech Radar