Trois ans après le succès du Steam Deck original, toujours aucune annonce de successeur à l'horizon. La faute à qui ? AMD et ses processeurs qui peinent à offrir le bond générationnel que Valve attend, notamment sur l'efficacité énergétique aux faibles consommations.

Il va falloir être encore très patient. © Valve
Il va falloir être encore très patient. © Valve

L'attente commence à peser lourd pour les aficionados du portable de Valve. Quand Pierre-Loup Griffais, responsable du design du Steam Deck, lâche que « l'industrie n'offre actuellement aucune puce capable de devenir un véritable Steam Deck nouvelle génération performant », on sent poindre une pointe d'agacement. Trois années sont passées depuis le lancement original. Trois années pendant lesquelles AMD, le fidèle partenaire de Valve, n'a accouché que d'améliorations timides, bien loin de justifier une seconde génération digne de ce nom.

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AMD dans le mur : des processeurs qui tournent en rond

Valve a beau répéter la même rengaine depuis des mois, le message reste clair comme de l'eau de roche : pas de Steam Deck 2 sans un véritable saut générationnel. Et là, on ne parle pas de puissance brute pour faire gonfler les muscles sur les fiches techniques. Non, ce qui compte, c'est l'efficacité énergétique mariée à des performances substantielles. Autrement dit, Valve refuse de tomber dans le piège de l'industrie qui sort un produit à peine meilleur chaque année, juste pour faire tourner la boutique (on sait, vous savez).​

  • Tous les atouts du Steam Deck LCD
  • Qualité de la dalle OLED 90 Hz
  • Chauffe et autonomie optimisées
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Le hic ? Deux générations d'APU (processeurs combinant CPU et GPU) Ryzen Z chez AMD n'ont pas fait bouger les lignes. Le Ryzen Z1 Extreme, sorti en 2023, affichait une consommation entre 9 et 30 watts. Son successeur, le Z2 Extreme, stagne entre 15 et 35 watts. Pas franchement de quoi pavoiser. Mais le vrai problème se niche ailleurs : aux faibles consommations, là où le Steam Deck doit absolument opérer pour ne pas vider sa batterie en deux heures chrono.​

Certes, le Z2 Extreme montre quelques progrès aux basses puissances. À 4-5 watts, les gains grimpent à 93% sur les jeux légers par rapport à son prédécesseur. Mais dès qu'on attaque les titres modernes gourmands, le Z2 Extreme retombe à des améliorations autour de 15 à 27%. Pas terrible. Griffais ne mâche d'ailleurs pas ses mots : « Nous ne souhaitons pas atteindre un niveau où les performances sont supérieures de 20, 30 ou même 50% pour une autonomie identique. Nous voulons quelque chose d'un peu plus marqué que cela. »

ROG Xbox Ally X (équipée du Z2 Extreme)/Steam Deck OLED - © Cyber Dopamine/YouTube

AMD n'a tout simplement pas trouvé la formule magique pour concilier le trio infernal : performances accrues, efficacité énergétique vraiment améliorée, et autonomie préservée. Un sacré casse-tête.

ARM s'invite dans la danse

Pendant que Valve attend sagement qu'AMD se réveille, l'entreprise ne reste pas les bras croisés. Elle explore une piste radicalement différente, presque hérétique dans le monde du jeu PC. La récente annonce du Steam Frame, son casque de réalité virtuelle autonome, en dit long : au lieu d'un APU x86 signé AMD, Valve a opté pour un processeur ARM, le Qualcomm Snapdragon 8 Gen 3. Un virage à 180 degrés qui en dit long sur les intentions futures.

L'architecture ARM excelle justement là où x86 traîne la patte : l'efficacité énergétique et les performances à faible consommation. Les puces d'Apple avec leur Apple Silicon, celles de Qualcomm ou encore de MediaTek ont redéfini les standards en la matière. Elles atteignent des performances comparables à leurs homologues x86 tout en avalant bien moins d'énergie. Pourtant, Valve ne va pas lâcher AMD sur un coup de tête. Le partenariat entre les deux sociétés reste solide, surtout côté logiciel. L'essentiel des pilotes graphiques de SteamOS repose sur Mesa, un ensemble de pilotes libres pour les cartes AMD. Valve a investi des années de travail dans cette infrastructure. Pas question de tout jeter à la poubelle du jour au lendemain.

Mais voilà, Valve explore aussi activement l'émulation x86 sur ARM via FEX, un projet libre permettant de faire tourner des applications Windows x86 sur des plateformes ARM64 Linux. Sur le Steam Frame, cette couche de traduction fonctionne déjà, avec un surcoût de performance estimé entre 10 et 20%. Pas négligeable, mais loin d'être rédhibitoire.

Valve coincée entre deux chaises

L'absence criante d'annonce du Steam Deck 2 trahit un dilemme cornélien pour Valve. D'un côté, continuer à patienter en espérant qu'AMD ou Intel sortent miraculeusement un processeur x86 vraiment efficient. De l'autre, sauter le pas vers ARM en acceptant de mûrir un écosystème logiciel encore jeune, notamment sur la traduction x86 vers ARM, et de risquer une rupture avec les dizaines de millions de jeux x86 existants.

Griffais l'a bien répété : Valve attend « quelque chose de plus marqué » qu'une simple amélioration de performances. Mais il n'a jamais fermé définitivement la porte à ARM. D'ailleurs, le Steam Frame prouve que cette transition est techniquement viable, au moins pour la réalité virtuelle.

Le Steam Frame, nouveau casque VR nomade de Valve. © Valve

Les vieux complices de Valve (AMD et Intel) n'ont rien pondu en trois ans qui justifierait une nouvelle console. Pendant ce temps, Apple continue de repousser les limites de l'efficacité énergétique, MediaTek affûte son Dimensity 9500 qui fait parler de lui sur les bancs d'essai, et Qualcomm consolide sa position avec ses derniers Snapdragon. L'industrie x86 pour consoles portables, elle, fait du surplace.​ Le seul horizon d'espoir serait l'hypothétique APU qui équiperait la non moins hypothétique PS6 portable.

Le paradoxe est savoureux : le Steam Deck a créé un segment entier du marché (les PC portables gaming) que personne, pas même ses rivaux Asus avec le ROG Ally X ou Lenovo avec leurs APU Ryzen Z, ne parvient à détrôner. Mais ce succès pourrait bien expliquer pourquoi Valve ne se presse pas. L'entreprise sait que le prochain Steam Deck doit marquer les esprits, pas juste cocher des cases sur une fiche technique. Et en 2025, aucun fabricant de processeurs n'offre cette garantie sur l'architecture x86.​ Le Steam Deck 2 attend donc ses composants. Mais ces composants attendent peut-être une architecture entièrement nouvelle. En attendant, AMD a intérêt à sortir le grand jeu, ou Valve pourrait bien regarder ailleurs. Et franchement, qui pourrait lui en vouloir ?

Source : The Verge

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