Volkswagen tourne la page du thermique pour ses petites voitures. Thomas Schäfer, le patron de la marque, l'assume : les nouvelles normes d'émissions rendent ces modèles économiquement impossibles à vendre. Pour le segment des citadines, l'électrique devient la seule option viable.

Thomas Schäfer est clair, net et précis : Volkswagen arrête les moteurs essence pour ses petites voitures. Les futurs ID. Polo, ID. Cross et ID. Every1 seront 100 % électriques dès 2026-2027. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas vraiment une question d'écologie.
« Proposer de nouveaux modèles thermiques dans le segment Polo n'aurait aucun sens. Ils seraient trop chers pour nos clients », explique le patron de Volkswagen. Le problème, ce sont les normes d'émissions à venir, notamment Euro 7, qui font exploser les coûts. Entre les filtres à particules, les systèmes de réduction des NOx et tout l'arsenal antipollution obligatoire, une petite voiture essence devient carrément hors de prix.
Donc exit le thermique, place à l'électrique. Les trois nouveaux modèles reposeront sur la plateforme MEB+, version améliorée du socle électrique du groupe. Prix annoncé : autour de 25 000 euros. Un virage radical pour Volkswagen, qui proposait jusqu'ici des versions thermiques et électriques en parallèle. Le tout alors que finalement, l'UE tape une marche-arrière en côte en revenant sur la fin du thermique en 2035.
L'Allemagne redevient compétitive (ou presque)
Derrière cette annonce, il y a aussi une réalité industrielle. Volkswagen a sérieusement serré la vis sur ses coûts de production en Allemagne. Depuis l'accord signé avec le syndicat IG Metall en décembre dernier, les usines de Wolfsburg, Emden et Zwickau ont réduit leurs coûts de fabrication de 30 %. Pas mal.
Mais ça ne s'est pas fait tout seul. Le constructeur prévoit de supprimer 35 000 postes d'ici 2030. Sur ce total, 25 000 accords ont déjà été conclus via des préretraites et des ruptures conventionnelles. Un plan social massif, même si Volkswagen préfère mettre en avant sa volonté de « prouver qu'on peut développer et construire des voitures compétitives en Allemagne ».
Batteries et moteurs : Volkswagen reprend le contrôle
Pour réussir son pari électrique, Volkswagen joue la carte de l'autonomie. Exit la dépendance totale aux fournisseurs asiatiques : le groupe produit désormais ses propres cellules de batteries via PowerCo, sa filiale dédiée. Des usines tournent déjà à Salzgitter, Valence et au Canada. Les moteurs électriques APP sortent quant à eux des sites allemands de Kassel et Chemnitz.
On devine qu'il s'agit de maîtriser les coûts de bout en bout. Pour Thomas Schäfer, la batterie reste « le nerf de la guerre » : elle représente jusqu'à 40 % du prix d'un véhicule électrique. En produisant en interne, Volkswagen espère maintenir des tarifs accessibles, comparables à ce que payaient les clients pour leurs anciennes citadines thermiques.
D'ailleurs, une bonne nouvelle arrive au bon moment : selon BloombergNEF, le prix moyen des batteries lithium-ion a baissé de 8 % entre 2024 et 2025, tombant à 108 dollars par kilowatt-heure. De quoi donner un coup de pouce aux ambitions tarifaires de Volkswagen.

Le logiciel, l'autre chantier de la « Deutsche Qualität »
Si Volkswagen veut convaincre avec ses citadines électriques, il ne suffit pas d'avoir une bonne batterie et un prix correct. Il faut aussi que le logiciel suive. Et là, autant dire que les premières générations d'ID. n'ont pas brillé : lenteurs, bugs, interface peu intuitive... Les clients n'ont pas été tendres.
Le constructeur teuton en a tiré les leçons. Il s'est associé à Rivian, l'Américain spécialiste de l'électrique, pour développer une nouvelle architecture électronique, doublée d'une nouvelle vision de la conception : fini les cahiers de charges interminables, les équipes utilisent maintenant des « comics » pour visualiser concrètement le quotidien des futurs utilisateurs. Plutôt original.
L'ID. Every1 sera le premier modèle à profiter de cette nouvelle méthode. et Thomas Schäfer y croit dur comme fer : « C'est un moyen de construire une voiture qui s'adapte réellement au client ». On verra si ça se traduit dans les faits.
Des citadines électriques à 25 000 euros, pari tenable ?
Les futures ID. Polo et Cupra Raval sortiront des usines espagnoles avec ce fameux objectif de 25 000 euros. Volkswagen promet une autonomie adaptée à l'usage urbain et une interface logicielle enfin fluide. Sur le papier, ça ressemble à une offre cohérente pour remplacer les thermiques.
Mais le vrai test, ce sera l'accueil des clients. Ceux qui roulaient en Polo essence à 18 000 euros accepteront-ils d'en débourser 25 000 pour une version électrique ? Tout dépendra de l'autonomie réelle, de la fiabilité du système et des aides à l'achat disponibles.
Source : Auto Motor Sport (accès payant), Frandroid, Les Numériques