La fin annoncée des voitures thermiques en 2035 vacille de plus en plus. Sous la pression des constructeurs et dans un contexte économique morose, l'Union européenne (UE) ouvre désormais la porte à un possible assouplissement.

Des voitures thermiques émettent des fumées polluantes. ©New Africa / Shutterstock
Des voitures thermiques émettent des fumées polluantes. ©New Africa / Shutterstock

Depuis 2023, la loi européenne prévoit l'arrêt total des ventes de voitures neuves à essence, diesel et hybrides dès 2035. Objectif : éliminer progressivement les moteurs thermiques pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais les constructeurs s'opposent de plus en plus fermement à cette réglementation, invoquant la stagnation des ventes électriques, la concurrence chinoise et un contexte économique qui s'assombrit.

Dès septembre, ils ont obtenu de Bruxelles que le réexamen du texte, prévu pour 2026, soit avancé. Depuis, leur discours s'est durci : ils estiment que maintenir cette date butoir serait irréaliste, et même dangereux pour l'emploi et la compétitivité européenne.

« Une stratégie plus intelligente »

Dans une interview récente, Ola Källenius, patron de Mercedes-Benz, a expliqué que les délais actuels « ne sont plus tenables » face au retard des infrastructures et à une adoption des véhicules électriques qui plafonne. Selon lui, « une stratégie plus intelligente », adaptée au contexte actuel, permettrait notamment de préserver la capacité des constructeurs à financer la transition.

Ce discours est repris par d'autres grandes figures du secteur, à l'instar d'Oliver Zipse. Le président de BMW reproche à Bruxelles de se focaliser uniquement sur les émissions à l'échappement sans tenir compte du cycle de vie complet ou des investissements massifs déjà consentis.

L'Allemagne, frappée par la crise de son secteur automobile, pousse ouvertement pour un report, arguant que la fin nette des ventes de voitures thermiques en 2035 mettrait en péril des centaines de milliers d'emplois.

Une voiture électrique BYD qui charge. ©MikeDotta / Shutterstock
Une voiture électrique BYD qui charge. ©MikeDotta / Shutterstock

Quelles pistes envisagées ?

Plusieurs ajustements sont déjà envisagés. Le plus probable consisterait à introduire davantage de « neutralité technologique », c'est-à-dire permettre la vente de modèles hybrides ou de moteurs thermiques compatibles avec les carburants synthétiques après 2035.

Mais cette flexibilité inquiète d'autres parties. Si l'Europe desserre la pression, elle risque de sabrer les investissements colossaux engagés depuis une décennie dans les batteries, les méga-usines et les réseaux de recharge. « Si on abandonne 2035, oubliez les gigafactories européennes », a martelé Emmanuel Macron à l'issue d'un Conseil européen en octobre.

Une mise en garde partagée par les acteurs de l'électrique. Les constructeurs Polestar, Lucid et d'autres, rappellent qu'ils ont bâti tout leur modèle sur un continent engagé vers le 100 % électrique. La Commission doit désormais trancher et proposer une révision du texte prochainement, et quel que soit ses engagements, des parties seront forcément laissées pour compte. Et pendant que l'Europe hésite, la Chine, elle, accélère.

Source : The Verge