Sous la pression des constructeurs, Bruxelles promet d’avancer le calendrier du réexamen de l’interdiction des voitures thermiques en 2035. Ursula von der Leyen a donné des garanties aux patrons du secteur réunis à Bruxelles.

"Nous voulons que l’avenir des voitures – et les voitures du futur – soient fabriquées en Europe", a déclaré la présidente de la Commission européenne - ©Dan Morar / Shutterstock
"Nous voulons que l’avenir des voitures – et les voitures du futur – soient fabriquées en Europe", a déclaré la présidente de la Commission européenne - ©Dan Morar / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Ursula von der Leyen a promis de réexaminer plus tôt l'interdiction des voitures thermiques, initialement prévue pour 2035.
  • Les constructeurs européens, inquiets de la stagnation des ventes électriques, demandent des règles plus flexibles pour rester compétitifs.
  • La pression économique et sociale pousse Bruxelles à ajuster sa stratégie environnementale pour soutenir l'industrie automobile.

La Commission européenne a annoncé qu’elle ne patienterait pas jusqu’en 2026 pour rouvrir le dossier sensible de la fin des moteurs thermiques. Ursula von der Leyen a rencontré à Bruxelles les dirigeants de Renault, Stellantis, BMW et Mercedes. Dans un message publié sur X, elle a affirmé : « Ensemble, nous ferons en sorte que l’Europe reste au premier plan de l’innovation en matière automobile ». Cette accélération répond aux demandes pressantes d’une industrie qui redoute de perdre du terrain alors que ses ventes de modèles électriques stagnent et que la concurrence chinoise gagne rapidement du terrain.

Bruxelles avance sous la pression directe des industriels

Le cadre était déjà fixé depuis 2023. La vente de voitures neuves à essence, diesel ou hybrides doit cesser en 2035 dans l’Union européenne. Un réexamen du dispositif était prévu en 2026. Les industriels réclamaient depuis plusieurs mois un rendez-vous plus tôt. Vendredi, Ursula von der Leyen leur a donné satisfaction. « Le plus tôt possible », a confirmé son entourage, en précisant que la présidente de la Commission avait tenu ces propos dans le cadre du dialogue stratégique sur l’avenir de l’automobile.

La rencontre avait réuni à Bruxelles plusieurs figures de l’industrie européenne : François Provost, nouveau directeur général de Renault, John Elkann pour Stellantis, Oliver Zipse pour BMW ou encore Ola Källenius pour Mercedes-Benz. Tous ont insisté sur les difficultés rencontrées par leur secteur. Les ventes d’électriques ralentissent, alors que l’offre chinoise séduit une clientèle sensible aux prix. Les droits de douane américains et la contraction des bénéfices mondiaux n'arrangent rien.

Les constructeurs avaient déjà obtenu un report de l’entrée en vigueur d’une norme de CO₂. Ils veulent désormais obtenir des « flexibilités » sur la mesure phare du Pacte vert européen. Hildegard Müller, à la tête de la fédération allemande des constructeurs (VDA), n’y est pas allé avec le dos de la cuillère : « La Commission agit encore de manière trop indécise et trop peu stratégique ».

Selon Hildegard Müller, de la VDA, "La Commission agit encore de manière trop indécise et trop peu stratégique" - ©Bartolomiej Pietrzyk / Shutterstock

Les industriels réclament des règles plus souples pour sauver leur compétitivité

Du côté politique, le chancelier allemand Friedrich Merz a pris fait et cause pour les constructeurs. Lors du salon de Munich, il a appelé à « une réglementation européenne intelligente, fiable et souple ». Selon lui, une approche trop rigide sur le CO₂ « menace la compétitivité et donc la transformation de l’ensemble du secteur ». Le message est clair : sans assouplissement, l’industrie européenne pourrait se retrouver en difficulté face aux concurrents asiatiques et américains.

Les industriels décrivent une situation tendue. Les ventes de voitures électriques ne décollent pas autant qu’espéré. Les bénéfices fondent et les carnets de commandes ne compensent pas les investissements massifs exigés par la transition énergétique. À cela s’ajoutent des tensions commerciales qui pèsent sur les exportations. Ce cocktail pousse les groupes automobiles à réclamer un calendrier plus souple pour éviter des fermetures d’usines ou des suppressions massives d’emplois.

Le Green Deal européen, adopté en mars 2023, avait pourtant été présenté comme une feuille de route ambitieuse. Mais la pression économique et sociale remet la stratégie sur la table. La Commission accepte désormais d’accélérer le réexamen pour ne pas laisser s’installer un fossé entre objectifs politiques et capacités industrielles.

Selon l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), le transport routier représentait 21,1 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE-27 en 2022. Le secteur des transports dans son ensemble pesait alors près de 29 %. Il reste 10 ans à l'UE pour verdir les routes du vieux Continent.

Source : Le Parisien