Depuis Abou Dhabi dimanche, Emmanuel Macron a officialisé la construction du nouveau porte-avions nucléaire français. Le géant des mers, bijou technologique, prendra la succession du Charles de Gaulle, et sera l'un des plus grands du monde.

Le porte-avions Charles de Gaulle a trouvé son successeur. © DLeng / Shutterstock.com
Le porte-avions Charles de Gaulle a trouvé son successeur. © DLeng / Shutterstock.com

C'est donc depuis une base française des Émirats arabes unis que le président Macron a franchi le pas, ce dimanche 21 décembre. Le projet de nouveau porte-avions, dans les cartons depuis des années, devient enfin réalité. Cette annonce du chef de l'État fera le bonheur des 800 entreprises françaises qui seront sollicitées pour construire l'un des navires de guerre les plus sophistiqués au monde. Un chantier qui s'étendra sur plus d'une décennie et qui vise à projeter la puissance française bien au-delà de 2038, année de son lancement théorique. Le Charles de Gaulle, lui, peut encore naviguer jusqu'en 2040.

Le nouveau fleuron nucléaire de la marine française dévoilé

Préparez-vous à voir les choses en grand. Le prochain porte-avions français, futur fleuron de la marine nationale, affichera des mensurations impressionnantes. Il pèsera 80 000 tonnes sur la balance, et 310 mètres d'envergure. De quoi faire passer le Charles de Gaulle actuel pour un modèle réduit avec ses 42 000 tonnes et 261 mètres. Surtout, il sera, à date pour l'instant, le deuxième plus grand porte-avions du monde, derrière l'USS Gerald R. Ford de l'US Navy et ses 333 mètres de long.

À son bord, un équipage de 2 000 marins (ce qui est assez équivalent au Charles de Gaulle) manœuvrera une flotte de 30 avions de combat. L'ensemble sera propulsé par l'atome, ce qui lui garantira une autonomie quasi infinie sur les océans. Cette propulsion nucléaire place d'ailleurs la France dans le club très fermé des nations capables de déployer une telle puissance en haute mer de façon permanente.

« Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation », a déclaré Emmanuel Macron, qui partage le couvert avec les militaires français aujourd'hui. Une formule solennelle qui place ce mastodonte dans la logique de souveraineté technologique autant que militaire, dont la France peut se targuer.

Un porte-avions à 10 milliards d'euros, indispensable

Derrière les superlatifs, le chantier va dynamiser tout un écosystème. 800 fournisseurs y contribueront, dont une écrasante majorité (80%) de PME hexagonales. Un choix stratégique qui transforme ce programme militaire en véritable plan de relance pour l'industrie de défense nationale.

Emmanuel Macron a d'ailleurs tenu à personnaliser son engagement. « Je serai le garant de cet engagement » envers ces centaines d'entreprises, a-t-il promis, annonçant une visite sur le chantier dès février 2026. Cette implication directe du chef de l'État nous montre bien les enjeux politiques d'un projet lancé alors que le gouvernement traverse une crise budgétaire majeure. Le coût total du porte-avions s'élèvera pour les finances de la France à 10 milliards d'euros.

Mais « à l'heure des prédateurs, nous devons être forts pour être craints », a justifié le président, qui fait bien sur écho aux avertissements récents du chef d'état-major sur un possible « choc dans trois, quatre ans » face à une Russie toujours très expansionniste. Avec la volonté de se livrer à une démonstration de force et investissement technologique, ce porte-avions incarne la vision française d'une défense autonome et pérenne.