Emmanuel Macron veut muscler l'arsenal spatial français et y consacre une enveloppe de 4,2 milliards d'euros, qui permettra d'accélérer sur les fusées réutilisables pour contrer la concurrence mondiale, portée par Elon Musk.

L'espace est un terrain de jeu ô combien stratégique, où la France refuse de jouer les seconds rôles. Lors de l'inauguration du Commandement de l'espace à Toulouse cette semaine, Emmanuel Macron a sorti le chéquier avec une rallonge budgétaire conséquente pour le spatial militaire. Avec cette enveloppe de 4,2 milliards d'euros, le chef de l'État espère contribuer au développement des fusées réutilisables, dont sont friands Elon Musk et SpaceX, ou encore Jeff Bezos et ses machines New Glenn.
La France investit dans le spatial militaire mais reste loin derrière l'Allemagne
Le président français n'a pas fait les choses à moitié, puisque entre 2026 et 2030, ce sont 4,2 milliards d'euros supplémentaires qui viendront gonfler l'enveloppe du spatial militaire, montant qui vient s'adosser aux 6 milliards d'euros déjà prévus par la Loi de programmation militaire. À cela s'ajoutent plus de 16 milliards pour le spatial civil, incluant les activités duales.
Le problème, c'est que ces milliards font pâle figure à côté des investissements allemands. Berlin a en effet promis 35 milliards d'euros d'ici 2030 pour sa défense spatiale, beaucoup plus que la France. Cette disparité budgétaire pourrait d'ailleurs affaiblir la position de Paris lors de la conférence ministérielle de l'Agence spatiale européenne, prévue à Brême les 26 et 27 novembre, où se négocieront les budgets des trois prochaines années.
Le président a d'ailleurs profité de l'occasion pour secouer le cocotier du Vieux continent. Il réclame l'abandon du principe du « retour géographique » de l'Agence spatiale européenne. Concrètement, ce système garantit que chaque pays membre récupère, sous forme de contrats industriels, une part proportionnelle à ce qu'il verse au budget de l'ESA. Un mécanisme qui « a eu sa justification » selon Emmanuel Macron, mais qui empêche aujourd'hui de confier les projets aux meilleurs acteurs. Pour que les champions européens deviennent plus séduisants et compétitifs, il faut selon lui « tourner la page ».

Le président français dit non à la dépendance spatiale américaine
Le chef de l'État veut rattraper le train lancé par SpaceX et Blue Origin. Il espère développer des lanceurs capables de revenir sur Terre après usage, une rupture technologique majeure. Ce sur quoi ArianeGroup travaille déjà activement, avec sa fusée réutilisable Thermis. Il souhaite ainsi « développer les futurs lanceurs autour de la réutilisation, la propulsion à bas coût, la motorisation à forte poussée », qu'il identifie comme les véritables leviers de compétitivité.
Le discours d'Emmanuel Macron est clair. « Si nous voulons garder notre autonomie, il est indispensable de prendre des décisions structurantes », a-t-il déclaré. Entre les lignes, on comprend qu'il n'est pas question de dépendre d'une puissance tierce ou d'un « quelconque magnat du spatial », comme le rapporte BFMTV. Le message, accompagné d'un « suivez mon regard » appuyé, vise en grande partie Elon Musk.
Au-delà des lanceurs réutilisables, le président veut accélérer Ariane 6 et moderniser Kourou pour en faire une base « agile, ouverte aux petits lanceurs et aux partenaires étrangers ». Parce que « nos compétiteurs ne nous attendent pas », comme le rappelle le pensionnaire de l'Élysée, l'urgence est réelle. D'autant plus que les Américains ne sont pas les seuls à faire douter les Européens. Les ambitions chinoises et russes sont à prendre très au sérieux.
Source : BFMTV