C’est la fin d’une guerre froide qui aura duré plus d’une décennie entre les deux géants de la Silicon Valley. Google et Apple acceptent enfin de faire tomber les barrières techniques qui retenaient leurs utilisateurs en otage, rendant le passage d’un camp à l’autre d’une simplicité déconcertante.

Fini le temps où quitter un iPhone pour un smartphone Android ressemblait à un parcours du combattant administratif, synonyme de perte de données et de maux de tête. Cette angoisse de voir ses souvenirs numériques s'évaporer lors d'un changement de crèmerie appartient désormais au passé. Sous la pression constante des régulateurs, les deux frères ennemis ont dû ranger leurs armes pour offrir une interopérabilité réelle. Une trêve historique qui profite avant tout à l’utilisateur, même si les deux firmes y vont un peu à reculons.
Quand AirDrop invite l'ennemi juré à sa table
L'image a de quoi surprendre les puristes de la Pomme. La célèbre fonction de partage AirDrop, longtemps chasse gardée de l’écosystème Apple, s'ouvre désormais au monde extérieur. Google a habilement mis à jour son outil Quick Share pour qu'il puisse dialoguer nativement avec les appareils de son rival. Concrètement, un utilisateur Android peut voir apparaître un iPhone ou un iPad dans sa liste de partage, comme s'il s'agissait d'un membre de la famille. Les fichiers, photos et documents transitent d'un appareil à l'autre sans passer par le moindre serveur, en direct et sans fil.
Pour rassurer les plus paranoïaques sur la sécurité de ce mariage contre-nature, Google a bétonné son infrastructure. Le code repose sur le langage Rust, réputé pour sa robustesse, et a subi des audits de sécurité draconiens. Pas question de laisser la porte ouverte aux virus sous prétexte d'ouverture. L'utilisateur garde la main et doit valider chaque transfert entrant, une précaution indispensable quand on sait que ces deux systèmes ont passé des années à s'ignorer royalement.
Déménager sans perdre ses meubles ni ses souvenirs
Transférer des photos est une chose, mais récupérer l'état exact de ses applications en est une autre. C'est ici qu'intervient le véritable tour de force avec l'arrivée d'AppMigrationKit dans la prochaine mouture d'iOS. Apple fournit enfin aux développeurs les clés pour emballer correctement les cartons numériques. Ce nouvel outil permet aux applications tierces d'exporter leurs données locales, comme les sauvegardes de jeux ou les préférences utilisateurs, pour les réinjecter proprement sur un appareil Android.
L'initiative ne vient pas uniquement de la bonté d'âme de Tim Cook. L'ombre de la Commission européenne et de son règlement sur les marchés numériques plane au-dessus de Cupertino. En facilitant techniquement le départ de ses clients, Apple montre patte blanche aux autorités et s'évite potentiellement de lourdes amendes. Cette fonctionnalité s'intégrera discrètement dans les réglages système, transformant ce qui était autrefois une rupture douloureuse en une simple formalité administrative. Les barrières tombent, et la fidélité à une marque ne tiendra désormais plus qu'à la qualité de ses produits, et non à la difficulté d'en partir.
Source : LifeHacker