Apple va ouvrir, pour la première fois, le partage de fichiers sans fil à des développeurs externes. Un changement majeur qui redessine l’écosystème iOS et répond à des pressions réglementaires croissantes.

Avec iOS 26, Apple libère le partage de fichiers : la technologie AirDrop s'ouvre aux développeurs
Avec iOS 26, Apple libère le partage de fichiers : la technologie AirDrop s'ouvre aux développeurs
L'info en 3 points
  • Apple ouvre AirDrop aux développeurs tiers avec l'API NearbyFileShare, permettant des transferts sécurisés et locaux.
  • Cette décision répond aux pressions réglementaires européennes, notamment le Digital Markets Act, pour plus d'interopérabilité.
  • L'API pourrait renforcer l'écosystème Apple, mais la compatibilité avec Android et Windows reste incertaine.

AirDrop, présent depuis 2011 sur les appareils Apple, est devenu synonyme de transfert rapide et local de fichiers. Jusqu’ici, le protocole restait fermé, contraignant les utilisateurs et les développeurs à l’écosystème maison. iOS 26 change la donne : Cupertino autorisera des solutions tierces à accéder au même canal de communication sans fil, une information confirmée par la dernière bêta dévoilée aux partenaires.

Une API ouverte pour concurrencer AirDrop

Apple prépare une interface de programmation (API) baptisée NearbyFileShare qui offrira aux développeurs l’accès au même protocole Wi-Fi Direct et Bluetooth Low Energy qu’AirDrop. Les applications pourront ainsi diffuser leur présence, détecter des appareils à proximité et effectuer des échanges chiffrés point à point. Concrètement, un service de messagerie ou un gestionnaire de fichiers tiers pourra proposer un bouton « Partager à proximité » fonctionnant nativement, sans passerelle ou QR code.

La firme impose cependant un cadre strict : les transferts devront respecter la sandbox iOS, être chiffrés de bout en bout et limiter la portée à 10 mètres pour préserver la confidentialité. Apple conserve aussi un droit de modération ; si une application détourne l’API pour de la diffusion de masse, elle pourra être retirée de l’App Store.

Aperçu du protocole, utilisé ici à la manière d'AirDrop. © Apple
Aperçu du protocole, utilisé ici à la manière d'AirDrop. © Apple

Détail notable, AirDrop demeure activé par défaut. Les utilisateurs pourront choisir leur solution préférée dans les réglages, à l’instar du sélecteur de navigateur introduit après iOS 14 sous la pression des autorités européennes. Sur le plan ergonomique, les alternatives s’afficheront dans la même feuille de partage que le service natif.

Le poids des régulateurs européens en toile de fond

Cette ouverture ne tombe pas du ciel. La Commission européenne, via le Digital Markets Act, exige que les gatekeepers permettent l’interopérabilité des services essentiels, dont le partage de fichiers locaux. Dans une précédente analyse consacrée à la nouvelle offensive de Bruxelles contre le verrouillage d’iOS, nous soulignions que le partage local restait l’un des derniers bastions fermés de l’OS mobile. Apple anticipe donc une éventuelle injonction en devançant le calendrier réglementaire.

Le constructeur a déjà partiellement cédé dans d’autres domaines : choix du navigateur par défaut, autorisation de boutiques alternatives et marge réduite sur les achats in-app. L’ouverture d’AirDrop s’inscrit dans cette même logique de conformité progressive plutôt que de confrontation frontale. Reste la question de la compatibilité multiplateforme. Rien dans la documentation actuelle ne garantit qu’Android ou Windows pourront exploiter l’API. Toutefois, en laissant des éditeurs comme Google ou Microsoft proposer leur propre solution, Apple minimise le risque d’être accusée d’entrave à la concurrence.

À court terme, les éditeurs de suites bureautiques, de cloud et de messagerie ont intérêt à adopter NearbyFileShare pour fluidifier l’expérience de leurs utilisateurs iOS. À moyen terme, si l’API est étendue à macOS et visionOS, l’écosystème Apple pourrait bénéficier d’une interopérabilité accrue, sans sacrifier la sécurité qui fait sa réputation.

À plus longue échéance, tout dépendra de l’appétit des régulateurs. Si l’UE juge l’ouverture insuffisante, elle pourrait exiger la compatibilité inter-OS, forçant Apple à collaborer avec le protocole Nearby Share de Google ou avec des standards ouverts comme KDE Connect. Dans le cas contraire, la firme aura réussi un délicat numéro d’équilibriste : préserver son contrôle tout en cochant les cases du DMA.

Source : Apple