Comment limiter la dominance de Google sur le marché de la recherche ? C'est l'éternelle question que les autorités à travers le monde tentent de résoudre. Aux États-Unis, le géant californien a évité de justesse la revente de son navigateur. Mais une nouvelle décision de justice vient tout de même fragiliser les accords de la filiale d'Alphabet.

Recherche par défaut : la décision de justice qui ne va pas plaire à Google ©Shutterstock
Recherche par défaut : la décision de justice qui ne va pas plaire à Google ©Shutterstock

Le juge Amit Mehta vient de limiter à douze mois la durée des accords permettant à Google de rester moteur de recherche ou application IA par défaut sur les téléphones et autres appareils. Cette ordonnance, prononcée en décembre 2025, vise à donner un coup de pied dans le modèle commercial qui a consolidé la domination du géant américain sur des milliards d'appareils mobiles.

Des accords de recherche limités

Jusqu'à présent, Google sécurisait sa position dominante en nouant des partenariats de plusieurs années avec les fabricants de smartphones, notamment avec Apple et Samsung. Ces accords permettaient au moteur de recherche de rester préinstallé d'office sur les appareils, sans intervention de l'utilisateur. Pour les consommateurs, cela signifiait que Google était la porte d'entrée naturelle vers la recherche en ligne ; pour la concurrence, une barrière pratiquement insurmontable.

Le juge Mehta estime que cette pratique perpétuait illégalement le monopole de Google. Son ordonnance impose donc une "obligation de résiliation stricte après un an". En d'autres termes, tout contrat de placement par défaut doit être renégocié chaque année. Google peut toujours rémunérer les constructeurs pour obtenir cette position stratégique, mais l'entreprise n'a plus la possibilité de verrouiller le marché à long terme. Pour mémoire, le juge avait précédemment établi une situation de monopole de la part du géant californien sur les marchés de la recherche en ligne et de la publicité associée.

Le timing de cette décision est assez intéressant. Les acteurs de l'intelligence artificielle générative font leur possible pour changer la donne et investissent dans des solutions tout en un pour casser le monopole de Google. C'est ainsi qu'OpenAI a lancé son navigateur Atlas articulé autour de ChatGPT. Même chose pour Perplexity avec Comet. Microsoft parie également sur un navigateur agentique avec Edge.

Perplexity et OpenAI s'étaient tous les deux positionnés pour racheter le navigateur de Google. Si finalement Chrome ne devrait pas changer de main, chaque année, ces concurrents auront théoriquement une fenêtre pour convaincre Apple, Samsung et autres constructeurs d'intégrer leurs services en lieu et place de Google. Ces entreprises pourraient alors éventuellement tester un nouveau partenaire sans trop s'impliquer sur le long terme.

Le juge a également ordonné en septembre que Google partage certaines données sur son classement de recherche. L'idée est de réduire l'avance technologique face à des acteurs plus modestes comme Qwant, DuckDuckGo ou Brave Search.

Google a d'ores et déjà signifié son intention de contester ces décisions en appel, dont celle relative à la vente forcée de Chrome en septembre dernier.

Source : Bloomberg