Le géant américain conserve Chrome et Android mais ne pourra plus conclure d'accords d'exclusivité pour renforcer sa position dominante sur les moteurs de recherche.

Google va pouvoir conserver Chrome et Android, mais sous certaines conditions ©Shutterstock
Google va pouvoir conserver Chrome et Android, mais sous certaines conditions ©Shutterstock
L'info en 3 points
  • La justice américaine a décidé que Google pouvait garder Chrome et Android, mais doit cesser ses accords exclusifs sur la recherche.
  • Google devra partager ses données de recherche avec des concurrents, une mesure controversée pour le PDG Sundar Pichai.
  • Les accords actuels avec Apple et Mozilla ne sont pas concernés

Le juge fédéral Amit Mehta vient de trancher dans l'affaire antitrust qui oppose depuis cinq ans le ministère de la Justice américain à Google. Sa décision du 2 septembre 2025 épargne au géant californien un démantèlement tout en imposant des restrictions à ses pratiques commerciales. Google pourra conserver son navigateur Chrome et son système d'exploitation Android, contrairement aux demandes du gouvernement américain qui réclamait la cession forcée de ces deux divisions particulièrement stratégiques pour Alphabet.

Cette décision fait suite au jugement historique d'août 2024 où le même magistrat avait établi que Google détenait un monopole illégal dans le domaine de la recherche en ligne. L'entreprise d'Alphabet avait alors été reconnue coupable de violation de la section 2 du Sherman Act, la loi antitrust américaine qui interdit les pratiques monopolistiques.

Des accords exclusifs désormais interdits ©Shutterstock
Des accords exclusifs désormais interdits ©Shutterstock

Des accords exclusifs désormais interdits

Le tribunal impose à Google l'arrêt immédiat de ses contrats exclusifs qui empêchent les fabricants d'appareils de préinstaller des produits concurrents. Ces restrictions touchent spécifiquement Google Search, Chrome, Google Assistant et l'application Gemini. Les nouvelles règles interdisent quatre types de pratiques contractuelles : conditionner l'octroi de licences du Play Store à la préinstallation d'applications Google, lier les paiements de partage de revenus au placement de plusieurs applications Google simultanément, exiger le maintien des applications Google sur un appareil pendant plus d'un an, et empêcher les partenaires de distribuer des moteurs de recherche ou navigateurs concurrents.

Ces mesures visent directement le modèle économique qui permettait à Google de dépenser 26 milliards de dollars en 2023 pour s'assurer que son moteur de recherche reste l'option par défaut sur les navigateurs et appareils mobiles. L'accord avec Apple, estimé à plus de 20 milliards de dollars annuels pour maintenir Google comme moteur de recherche par défaut sur Safari pourra toutefois être maintenu selon des modalités révisées. Même chose pour Mozilla qui craignait de devoir subir de lourdes conséquences.

Apple pourra conserver son accord avec Google ©Shutterstock

Google devra partager ses données avec les concurrents

Google devra également partager ses données de recherche avec des "concurrents qualifiés", une mesure que le PDG Sundar Pichai avait vivement contestée lors des audiences d'avril 2025. Il craignait que cette obligation permette aux rivaux de reproduire la technologie de Google par rétro-ingénierie. Le juge Mehta a néanmoins estimé cette mesure nécessaire pour restaurer la concurrence dans un secteur où Google traite plus de 90% des requêtes de recherche mondiales.

Sur ce point, la justice américaine semble donc s'être influencée des décisions mises en place au sein de l'UE dans le cadre du Digital Markets Act, lequel oblige également le géant de la recherche à partager des données aux concurrents.

Le magistrat a toutefois rejeté les demandes les plus contraignantes du ministère de la Justice, notamment le partage élargi de données considéré comme excessif. Il a aussi refusé d'interdire totalement les paiements aux partenaires de distribution, estimant qu'une telle mesure causerait des "dommages significatifs" aux marchés connexes et aux consommateurs. Ces restrictions resteront en vigueur pendant six ans, le temps nécessaire selon le tribunal pour permettre l'émergence d'une concurrence viable.

L'intelligence artificielle générative a influencé cette décision mesurée du juge Mehta, lequel reconnaît que des services comme ChatGPT d'OpenAI représentent une "menace immédiate" pour les moteurs de recherche traditionnels. De son côté, Google a annoncé son intention de faire appel, ce qui pourrait retarder l'application de ces mesures pendant plusieurs années.

Cette décision devrait en tout cas revoir les priorités d'autres entreprises qui tablaient sur une décision plus ferme impliquant une revente de Chrome et une interdiction plus marqués des partenariats de Google. C'est notamment le cas d'Apple qui se serait déjà penchée sur le potentiel rachat d'un moteur IA à paramétrer au sein de Safari ou encore de Perplexity, Open AI ou Yahoo qui envisageaient de racheter Google Chrome.

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