Collabora lance une nouvelle déclinaison de sa suite bureautique : une application de bureau qui reprend l’expérience de Collabora Online, mais en local. L’éditeur promet ainsi une expérience homogène, que l’on travaille dans un navigateur ou sur sa machine.
Cette première version de Collabora Office Desktop mise sur un principe simple : ne faire qu’un seul logiciel, décliné sur plusieurs environnements. Au lieu de maintenir un code pour le web et un autre pour le bureau, l’éditeur aligne les deux et s’appuie sur les briques de LibreOffice pour le cœur de la suite.
Un socle technique identique entre web et bureau
Collabora Office Desktop n’est pas une adaptation approximative de Collabora Online, c’est en fait une déclinaison locale. Les deux partagent la même base de code, le même moteur de rendu et la même interface. Concrètement, l’affichage des documents repose sur des technologies web (HTML, JavaScript, CSS, Canvas, WebGL) pilotées par le moteur de rendu déjà présent dans le système, qu’il s’agisse de WebKit, de Chromium ou d’un équivalent.
Pour l’utilisateur, cela signifie qu’un document ouvert dans le navigateur se comportera de la même manière sur l’application de bureau : mêmes polices, mêmes mises en page, mêmes réactions de l’interface. Les corrections de bugs, les ajustements d’ergonomie ou l’ajout de fonctions peuvent ainsi être déployés en parallèle sur toutes les plateformes, sans créer d’écart entre la version en ligne et la version installée.
Sous le capot, le calcul et la compatibilité des formats (ODF, DOCX, XLSX, etc.) restent assurés par le moteur LibreOffice. En revanche, la couche d’interface n’utilise plus le toolkit VCL historique, mais une UI en JavaScript et CSS. Cela évite la dépendance à Java et réduit la taille de l’installation. Surtout, cela simplifie les itérations : pour modifier l'interface, il suffit d'éditer du code web plutôt que de recompiler une application C++ complète.
Entre Classic, Microsoft Office et les autres suites libres
Collabora distingue clairement cette nouvelle application de Collabora Office Classic, sa version orientée support long terme. Desktop fait l’impasse sur certains modules : pas de Base pour la gestion de bases de données, pas d’environnement complet pour rédiger et déboguer des macros avancées. Les macros existantes peuvent être exécutées, mais le travail de développement reste réservé à Classic. De même, les feuilles de calcul les plus lourdes, avec Solver et d’énormes volumes de données, restent mieux adaptées à cette version traditionnelle.
En échange, Collabora Office Desktop met en avant un fonctionnement "offline first" : les documents restent sur la machine, sans passage obligé par un serveur distant. L’application exploite les boîtes de dialogue d’impression du système, gère directement les fichiers locaux et respecte les raccourcis propres à chaque plateforme. l'entreprise explique que tout est open source, avec une approche centrée sur la confidentialité et la souveraineté des données.
À l'inverse, Microsoft 365 pour le web repose sur une application JavaScript allégée, quand Microsoft Office sur le bureau s’appuie sur un code C++ plus ancien, avec des comportements et des fonctionnalités qui ne coïncident pas toujours. En parallèle, d’autres suites gratuites et libres comme LibreOffice, OpenOffice ou OnlyOffice proposent également traitement de texte, tableur et présentations, mais distinguent généralement leur version web de leur version desktop. Collabora Office Desktop se positionne précisément sur ce point : proposer la même suite, avec la même interface et le même moteur de rendu, que l’on travaille dans un navigateur, sur Windows, macOS ou Linux.
Collabora cible principalement les PME, mais cette édition peut être téléchargée gratuitement. À l'heure où nous écrivons ces lignes, la suite est disponible au sein du Windows Store. Elle n'est pas encore listée dans le Mac App Store français.
Collabora Desktop accuse quelques erreurs de jeunesse. Au travers de nos premiers tests, l'ergonomie n'est pas complètement optimale. Par défaut, Collabora enregistre les fichiers à la racine du répertoire Mes Documents sans possibilité de choisir un autre point de sauvegarde. Surtout, la suite s'avère assez gourmande en mémoire vive.

