Selon Apple, la nouvelle législation européenne censée protéger les consommateurs finit surtout par dégrader leur expérience. Mais si le géant californien avance des arguments supposément solides pour appuyer son propos, difficile d'ignorer que sa lecture des faits est loin d'être désintéressée.

Entré en vigueur en 2022, le Digital Markets Act (DMA) vise à garantir un paysage concurrentiel sain dans l'Union européenne (UE), et à protéger les utilisateurs contre les abus des géants du numérique. Afin de s'y conformer, Apple a dû apporter un tas de changements à son écosystème fermé, et notamment à l'App Store.
La marque à la pomme l'a déjà fait savoir : elle estime que cette législation affecte l'expérience utilisateur en l'empêchant, par exemple, de déployer des fonctionnalités avancées au sein de l'UE.
Pas d'impact positif pour les utilisateurs, selon Apple
Et une nouvelle étude commandée auprès du cabinet d'Analysis Group vient étayer son propos. Ce dernier a passé au crible 41 millions de transactions dans l'App Store, couvrant 21 000 applications payantes et achats intégrés. Il a ensuite comparé les tarifs pratiqués trois mois avant l'adoption des nouvelles conditions, puis trois mois après.
Au départ, le DMA devait entraîner une chute des coûts des applications, mais la firme de Cupertino remarque qu'une minorité de développeurs a effectivement abaissé ses prix, ce qui n'a pas eu de réel impact pour les utilisateurs. Car dans 91 % des cas, les prix n'ont pas diminué, ont observé les chercheurs, alors même que les commissions d'Apple ont reculé en moyenne de dix points.
Les cinq plus gros éditeurs européens, eux, n'ont pas modifié leurs tarifs malgré cette baisse, leur permettant de conserver les revenus supplémentaires. Dans le détail, les développeurs ont payé environ 20,1 millions d'euros de moins en commissions à Apple, mais plus de 86 % des économies réalisées ont profité à des développeurs situés en dehors de l'UE.
L'étude a également constaté que le Core Technology Fee (CFE), une taxe qui s'applique aux applications avec plus d'1 million de téléchargements, n'apportait aucun résultat concluant.

« Le DMA n'a pas tenu ses promesses »
« Le DMA n'a pas tenu ses promesses, offrant moins de sécurité, moins de confidentialité et une expérience moins satisfaisante aux consommateurs à travers l'Europe », martèle Apple. « Nous savons que cette réglementation crée de nouveaux obstacles pour les innovateurs et les start-up tout en exposant les consommateurs à de nouveaux risques », poursuit-elle.
À noter, tout de même, que cette étude n'est pas vraiment impartiale. Par exemple, elle se limite aux données de l'App Store et aux applications qui utilisent les services d’Apple, sans tenir compte des tarifs pratiqués sur le Web ou dans les magasins d'applis alternatifs désormais autorisées par le DMA.