Ce dimanche 2 novembre, la Station spatiale internationale (ISS) fêtait un quart de siècle d'occupation humaine ininterrompue. Désormais, des chercheurs tirent des conclusions fascinantes sur cet exploit sans équivalent dans l'histoire de la conquête spatiale.

Les astronautes Nichole Ayers et Anne McClain à bord de l'ISS en mai 2025. - ©NASA Johnson / FlickR
Les astronautes Nichole Ayers et Anne McClain à bord de l'ISS en mai 2025. - ©NASA Johnson / FlickR

Depuis le 2 novembre 2000, au moins deux personnes vivent en permanence à bord de la station, un chiffre qui est grimpé à treize lors des pics d'activité. Ce laboratoire géant, assemblé à partir de 1998, a ainsi vu se succéder 290 astronautes issus de 26 pays différents. Au total, ils ont passé l'équivalent de 127 années cumulées dans l'espace.

Et c'est justement cet aspect que le projet International Space Station Archaeological Project, lancé il y a dix ans, explore. Son but : analyser comment les astronautes vivent, s'adaptent et s'approprient ce milieu confiné où l'humain apprend à exister autrement.

Étudier l'aspect social de l'occupation de l'ISS

Ses initiateurs, archéologues de formation, ont en effet constaté que la majorité des études spatiales se concentraient sur les aspects techniques, physiologiques ou médicaux des missions, en négligeant la dimension sociale. À travers l'analyse d'images prises par les équipages et de traces matérielles de leur passage, ils espèrent aider les agences spatiales à anticiper les défis des futures missions longues, notamment vers Mars.

Et leurs découvertes sont passionnantes. Car malgré le contexte hors norme, les astronautes restent profondément humains. Ils décorent les parois de la station avec des photos, des souvenirs personnels ou des objets religieux, comme on le ferait sur « un frigo familial ». Ils improvisent aussi des espaces de convivialité, préparent des gâteaux d'anniversaire pour leurs collègues et détournent parfois des zones techniques pour en faire des lieux de rangement ou de détente.

Autre point intéressant, les chercheurs ont observé que chaque module reste « nationalisé » : les agences gardant la main sur ce qui est considéré comme leur territoire, parfois au détriment des besoins réels des astronautes. Cette approche archéologique a aussi permis d'identifier les évolutions dans l'utilisation du matériel scientifique, des données aujourd’hui exploitées par les entreprises privées qui conçoivent les futures stations spatiales commerciales.

L'astronaute français Thomas Pesquet dans la coupole de l'ISS. ©NASA
L'astronaute français Thomas Pesquet dans la coupole de l'ISS. ©NASA

Bientôt la fin

Ces données vont s'avérer cruciales, alors que l'humanité s'apprête à passer à une nouvelle étape de la conquête spatiale. Selon les plans actuels, la Station spatiale internationale sera désorbitée en 2030, puis ira s'abîmer dans l'océan Pacifique, au célèbre point Nemo. Ce sera aussi un symbole de la coopération internationale qui disparaîtra, dans une époque où les efforts communs semblent toujours plus se fragmanter.

À noter, également, que l'ISS a été le théâtre de milliers d'études scientifiques et techniques, portant sur des sujets aussi variés que les phénomènes astronomiques, la physique fondamentale, la santé des équipages et la croissance des plantes.