Quatre pays européens, la France, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas, ont annoncé mercredi la création d'un consortium qui aura pour but de développer des infrastructures numériques souveraines dans la cybersécurité, l'IA et le cloud.

La France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Italie créent un consortium pour la souveraineté numérique européenne © Tang Yan Song / Shutterstock
La France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Italie créent un consortium pour la souveraineté numérique européenne © Tang Yan Song / Shutterstock

L'Europe en a assez d'être spectatrice. Alors que plus de 80% des technologies et infrastructures numériques utilisées sur le continent proviennent de fournisseurs extra-européens, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Italie veulent parler d'une même voix. Les quatre nations ont officialisé, ce mercredi 29 octobre, la création de l'EDIC Digital Commons, un consortium validé par Bruxelles pour co-développer des alternatives ouvertes dans l'IA, le cloud ou la cybersécurité. Le lancement officiel aura lieu le 11 décembre prochain à La Haye.

Un divorce technologique assumé avec les géants étrangers ?

Ce n'est pas tous les jours que l'Allemagne rejoint un consortium européen d'infrastructures numériques. C'est même une première. Le signal politique est fort puisque Berlin, la France, les Pays-Bas et l'Italie veulent reprendre le contrôle. « Ensemble, nous renforçons la souveraineté numérique européenne, promouvons les technologies ouvertes et bâtissons une infrastructure commune fondée sur nos valeurs », affirme Thomas Jarzombek, ministère fédéral de la Transformation numérique et de la Modernisation de l’administration allemande.

Le consortium veut mutualiser argent et savoir-faire pour créer des solutions européennes open source. Ce dernier veut mettre fin à la dépendance aux clouds américains, aux outils collaboratifs des géants du numérique et aux infrastructures chinoises. L'EDIC Digital Commons, le nom de ce consortium, doit créer un nouveau cadre juridique qui permettra aux États de concevoir, déployer et gouverner ensemble des technologies transfrontalières avec une personnalité juridique propre.

Stéphanie Schaer, à la tête de la direction interministérielle du numérique française, y voit « un élan collectif qui donnera à l'Europe la capacité d'agir et d'innover par elle-même ». Pour l'Italie, très impliquée dans le projet, l'enjeu dépasse d'ailleurs la simple souveraineté. Pour Rome, l'espoir est de créer un marché pour les PME technologiques européennes.

Un financement durable pour faire émerger des champions tech européens, cette fois c'est promis

Concrètement, le consortium va co-investir dans des domaines stratégiques comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité, le cloud souverain, les outils collaboratifs, la géomatique et même les réseaux sociaux alternatifs, un vieux rêve de l'Europe. « Nous co-investirons dans des solutions ouvertes et mutualisées qui favoriseront l'interopérabilité, réduiront les coûts pour les administrations et créeront des opportunités de marché pour les PME européennes », explique Serafino Sorrenti, représentant italien au projet.

Certains se demanderont, à juste titre, s'il ne s'agit pas d'un énième fonds d'investissement qui promet la lune aux Européens, et qui finit aux oubliettes. L'EDIC assure mettre en place un mécanisme de financement durable spécifiquement dédié à la production, la maintenance et la diffusion de ces « communs numériques » à l'échelle européenne. Des infrastructures pensées pour durer, maintenues dans le temps, accessibles à tous.

On sait que le Luxembourg, la Pologne et la Slovénie rejoignent d'ores et déjà l'initiative comme observateurs. Le lancement officiel, nous le disions, a été programmé au 11 décembre à La Haye. D'ici là, les quatre fondateurs devront préciser leurs premières cibles technologiques. L'Europe veut jouer sa propre partie dans la tech mondiale. Gageons qu'elle y parvienne enfin.