Anker, par le biais de sa marque Eufy, a proposé jusqu’à 2 dollars par vidéo à ses utilisateurs. L'objectif : entraîner ses systèmes d’intelligence artificielle à mieux repérer les voleurs.

Eufy a rémunéré ses clients cambriolés pour récupérer leurs vidéos de surveillance ©Shutterstock.com
Eufy a rémunéré ses clients cambriolés pour récupérer leurs vidéos de surveillance ©Shutterstock.com

Vous vous êtes fait voler ? Rassurez-vous, ça va vous rapporter de l'argent. Entre décembre 2024 et février 2025, Eufy, la marque de caméras connectées du groupe chinois Anker, a mené une campagne surprenante. L’entreprise a invité ses clients à lui transmettre des vidéos de vols de colis ou de tentatives d’effraction de voiture. Les participants pouvaient envoyer de véritables enregistrements, mais également des scènes volontairement mises en scène. En échange, Eufy offrait une rémunération modeste afin d’enrichir la base de données utilisée pour entraîner ses algorithmes de détection. Une initiative qui n'a pas manqué de faire réagir.

Vos vidéos de cambriolages payées deux euros pour entrainer une IA

D’après les informations disponibles, Eufy s’était fixé comme objectif de collecter 20 000 vidéos de vols de colis et autant de séquences montrant des personnes qui forcent des poignées de voitures. Plus de 120 utilisateurs ont confirmé avoir participé, certains expliquant avoir mis en scène des scénarios de vol devant leurs caméras. Une scène pouvait même être filmée depuis plusieurs angles pour multiplier les contributions, et donc les gains. Anker rémunérait chaque utilisateur deux dollars par vidéo. Pas de quoi devenir riche donc.

L’entreprise a précisé que les images collectées n’étaient destinées qu’à l’entraînement de ses modèles d’intelligence artificielle et qu’elles ne seraient pas partagées avec des tiers. Toutefois, Eufy n’a pas répondu aux demandes d’éclaircissements concernant le nombre exact de vidéos collectées ni le montant total versé aux participants.

Depuis cette première opération, Eufy a mis en place un programme permanent baptisé Video Donation Program, accessible depuis son application mobile. Les récompenses y varient : simples badges honorifiques, cartes-cadeaux, voire produits offerts. Un classement interne met même en avant les contributeurs les plus actifs, l’un d’eux apparaissant avec plus de 200 000 vidéos partagées.

Une utilisation d'images personnelles qui fait débat

Au-delà du caractère original de l’initiative, cette démarche relance le débat sur la sécurité et la confidentialité des données confiées à Eufy. L’entreprise demande aujourd’hui aussi des vidéos issues de ses babyphones, sans contrepartie financière. Une intrusion dans la vie privée des gens qui soulève une question éthique, même si les participants sont volontaires.

La prudence est d’autant plus de mise qu’en 2023, une enquête de The Verge avait révélé que les flux vidéo des caméras Eufy n’étaient pas réellement chiffrés de bout en bout, contrairement aux promesses d’Anker. Après plusieurs démentis, la société avait fini par reconnaître ses manquements et promis de renforcer ses systèmes.

Ce précédent incite certains utilisateurs à douter de la transparence d’Eufy lorsqu’elle affirme que les vidéos « ne sont utilisées que pour l’entraînement de l’IA ». Si l’entraînement d’algorithmes nécessite effectivement d’énormes volumes de données, ce type de collecte massive de données très personnelles implique de faire une entière confiance à une entreprise. Êtes-vous prêts à livrer une partie de votre vie à une société ?

Source : TechCrunch