Le géant du divertissement a mis en demeure la plateforme Character.AI, l'accusant de violer ses droits d'auteur et de mettre en danger les mineurs. Cette offensive marque une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose les créateurs de contenu aux entreprises d'intelligence artificielle.

Le torchon brûle entre les magiciens de la fiction et les architectes du virtuel. En exigeant de Character.AI le retrait de ses personnages, Disney ne fait pas que protéger ses marques. L'entreprise de Burbank ouvre un nouveau front dans une guerre juridique et éthique qui redessine les contours de la propriété intellectuelle à l'ère de l'intelligence artificielle générative.
Le coup de force de Disney
La lettre envoyée par Disney à Character.AI est sans équivoque. Il s'agit d'une mise en demeure formelle de cesser toute exploitation non autorisée de personnages issus de ses univers, qu'il s'agisse de Star Wars, de Marvel ou de Pixar. Le document, au ton glacial, ne se contente pas d'invoquer la violation du droit d'auteur. Il dresse un portrait inquiétant de l'utilisation de ces avatars numériques, affirmant qu'ils sont parfois impliqués dans des conversations à caractère sexuel avec des utilisateurs mineurs, ce qui ternit gravement la réputation de la firme.
Face à ces accusations, Character.AI n'a pas cherché la confrontation. La plateforme a rapidement confirmé avoir retiré les personnages en question, tout en rappelant sa politique de coopération avec les ayants droit. Cette réponse rapide ressemble à une retraite tactique, alors que l'entreprise est déjà dans le viseur des autorités. Des drames récents ont en effet soulevé l'épineuse question de la responsabilité juridique de l'intelligence artificielle, un sujet qui préoccupe autant les familles que les législateurs.
Une bataille aux enjeux multiples
Cette affaire est loin d'être un cas isolé. En juin dernier, Disney, aux côtés d'Universal, avait déjà engagé des poursuites contre Midjourney. Les studios accusent ces technologies de piller leurs créations pour entraîner leurs modèles, sans autorisation ni compensation. L'offensive contre Character.AI étend ce combat au domaine des agents conversationnels, dont la capacité à simuler des personnalités, y compris Einstein ou d'autres figures historiques, pose des questions inédites.
Au-delà des aspects légaux, l'enjeu est aussi celui de la sécurité des plus jeunes. Les régulateurs américains, comme la Commission fédérale du commerce (FTC), et plusieurs procureurs généraux s'intéressent de près à l'impact de ces technologies sur les adolescents. Les garde-fous mis en place par les plateformes sont jugés insuffisants par beaucoup, qui craignent des dérives liées à la manipulation émotionnelle. Pour Disney, dont l'image est intimement liée à l'enfance, l'association de ses personnages à de tels risques est inacceptable. La bataille pour le contrôle des créations numériques ne fait que commencer, et son issue déterminera l'avenir des relations entre Hollywood et la Silicon Valley.
Source : Engadget