Bonne nouvelle, la lecture de vidéos est d’une fluidité exemplaire, mauvaise nouvelle, des mégas entiers partent en fumée pour des contenus que personne ne regarde vraiment. Reels, Shorts et consorts jouent au prestidigitateur de données, et l’addition tombe sur la facture mobile.

Une étude présentée à SIGCOMM met des mots polis sur une réalité peu glorieuse, le préchargement des vidéos courtes siphonne massivement des données dès que le défilement devient nerveux. Observés sur Douyin et Kuaishou, ces mécanismes anticipent plusieurs segments « suivants », segments aussitôt jetés si l’attention glisse au clip d’après. Les auteurs évoquent même une part au-delà de 40% des coûts de trafic imputable à ces octets fantômes, de quoi faire tousser les réseaux et les portefeuilles.
Le gaspillage organisé
Le diable se niche dans la chaîne vidéo, découpée en segments et alimentée par un client qui « précharge » pour éviter la latence, sauf qu’un geste de pouce trop prompt transforme cette prudence en pure perte. Autrement dit, l’optimisation de l’attente sacrifie des données que ni l’œil ni l’oreille ne consommeront jamais, un comique de situation dont se passerait bien un forfait 5G. Des travaux académiques sur le même terrain montrent qu’un préchargement plus malin, piloté par la probabilité réelle de visionnage et l’état du réseau, peut réduire ce gaspillage de 21% à 83% sans gâcher l’expérience.
Instagram reconnaît l’évidence, la vitesse coûte des données, et propose « Utiliser moins de données » pour freiner le préchargement en cellulaire, avec la possibilité de limiter la qualité des médias. L’option n’empêche pas la fluidité en Wi‑Fi, elle évite surtout de payer pour des segments qui ne dépasseront jamais l’écran d’aperçu. Côté YouTube, un réglage d’économie de données et des paramètres de qualité sur mobile atténuent la charge, ce qui concerne donc aussi Shorts, l’avatar des vidéos courtes maison.
Ce papier n’a pas la vertu de multiplier les gigas, mais il a au moins celle d’insister, activer l’économie de données sur Instagram et serrer la qualité vidéo sur YouTube réduit immédiatement l’hémorragie en mobilité. Sur TikTok, un mode « économie de données » abaisse la résolution en dehors du Wi‑Fi et met un couvercle sur l’appétit en arrière‑plan, ce qui évite de nourrir le nuage pour rien. Aux plateformes maintenant d’arrêter la pêche au chalut, un préchargement piloté par le geste, la probabilité d’intérêt et la radio du moment rendrait enfin service aux réseaux comme aux utilisateurs, sans grimaces côté confort de lecture.
Source : The Register