L'association Addictions France alerte sur les techniques publicitaires utilisées par les opérateurs de paris sportifs pour séduire et fidéliser les jeunes, notamment sur les réseaux sociaux, et demande des mesures urgentes pour protéger ce public vulnérable.

C'est tour récemment que l’association Addictions France a présenté son rapport intitulé « Carton rouge : le marketing agressif des paris sportifs ». Les opérateurs ciblent principalement les jeunes et exploitent les canaux numériques pour stimuler les mises. En 2024, le marché français des paris en ligne a atteint 14 milliards d’euros. L’association montre également les méthodes promotionnelles employées par Winamax, Unibet ou Betclic et la participation active des influenceurs, parfois rémunérés, pour pousser à jouer. Le rapport souligne que ces pratiques s’insèrent dans un cadre réglementaire insuffisant, où l’Autorité nationale des Jeux ne dispose pas des moyens pour réguler efficacement le secteur.
Les jeunes des quartiers comme cible privilégiée des opérateurs
Selon le rapport et une enquête menée par 20minutes, la publicité des opérateurs adopte des codes familiers aux jeunes des quartiers populaires. Myriam Savy, directrice de la communication chez Addictions France, indique que « des machines à broyer la jeunesse » opèrent sur le terrain. Les campagnes reprennent des références culturelles urbaines, incluent rappeurs ou scènes de vie devant des commerces locaux, et utilisent des influenceurs pour diffuser codes promos et contenus sponsorisés.
Mohammed Henni, YouTubeur suivi par 2 millions d’abonnés, a publié 155 contenus liés aux paris sportifs en 2024. L’association ajoute que près de 62 % des parieurs interrogés par IFOP déclarent avoir joué sous l’influence d’une publicité, et 83 % de ceux exposés à des contenus d’influenceurs affirment que cela a déclenché leur envie de miser.
Nicolas, ancien parieur devenu sensibilisateur, raconte avoir perdu « plus d’un million d’euros en dix ans » et avoir tenté de mettre fin à ses jours. Il explique aujourd’hui vouloir alerter la jeunesse pour que d’autres ne traversent pas la même expérience. Pour l'association, il y a une véritable urgence sanitaire et sociale liée à l’addiction aux jeux d’argent, qui provoque souffrances financières, familiales et psychologiques.
Les opérateurs déploient une stratégie publicitaire massive et diversifiée
Addictions France analyse l’investissement des opérateurs dans les campagnes publicitaires. En 2024, ce montant a atteint 670 millions d’euros, notamment grâce à l’Euro et aux Jeux olympiques de Paris. Sponsoring de clubs de football, publicités pendant les matchs et messages sur les réseaux sociaux contribuent à rendre le pari incontournable. L’association note que 113 comptes de créateurs de contenus ont promu 19 marques de paris sportifs, touchant 33 millions de followers au quotidien.
Le rapport mentionne également les mécanismes incitatifs mis en place par les opérateurs, comme les freebets, bonus et notifications répétées. Selon Myriam Savy, « L’industrie des paris sportifs prospère sur l’illusion et la dépendance. Elle veut faire croire qu’aimer le sport, c’est parier ». L’association relève que près de 30 % des contenus d’influenceurs ne respectent pas les directives de l’ANJ et que 80 % omettent les messages de prévention obligatoires. Les formats éphémères, comme les stories, échappent largement au contrôle des régulateurs.
Enfin, Addictions France appelle à interdire les publicités sur les réseaux sociaux et à la télévision, à interdire le sponsoring sportif par les opérateurs et à supprimer les gratifications financières qui incitent au jeu. L’association propose également de donner aux associations de lutte contre les addictions la possibilité de poursuivre les contrevenants, sur le modèle de la loi Evin appliquée au tabac.
Source : 20minutes, Addictions France
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