Le géant français Thales a présenté, jeudi, le DCM5, son nouveau dispositif de cryptographie souveraine, conçu pour résister aux futures menaces quantiques. Les États et les acteurs de la défense en seront les premiers bénéficiaires.

Voici le fameux dispositif dévoilé par Thales, le DCM5 © Thales
Voici le fameux dispositif dévoilé par Thales, le DCM5 © Thales

Depuis le salon londonien DSEI, Thales a levé le voile ce jeudi 11 septembre sur une technologie qui pourrait révolutionner la protection des données gouvernementales. Le Datacryptor Model 5 (DCM5) est bien plus qu'une simple innovation, c'est une réponse anticipée aux bouleversements que provoqueront sans aucun doute les ordinateurs quantiques dans le monde de la cybersécurité. Ces super-machines, encore en développement, menacent de rendre obsolètes nos systèmes de chiffrement actuels. C'est là que le DCM5 entre scène.

Le DCM5, une technologie souveraine pour se protéger des attaques quantiques

Le DCM5 bouscule un peu les codes traditionnels du chiffrement gouvernemental. Là où les solutions classiques imposent leurs algorithmes, ce boîtier permet aux États de créer leurs propres méthodes de protection, du circuit électronique au programme informatique. Il offre une autonomie technologique qui élimine tout risque de dépendance envers des fournisseurs étrangers ou de portes dérobées cachées dans le système.

L'appareil assure aussi une communication fluide entre nations alliées, grâce à sa compatibilité avec l'ancien modèle, le Datacryptor 2000. Outre certaines nations et coalitions multinationales, les pays des Five Eyes (l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis) pourront ainsi échanger des informations ultra-sensibles sans compromettre leur sécurité. Cette continuité technologique évite en plus les coûts astronomiques d'un remplacement total des infrastructures existantes.

Sa conception anticipe déjà l'arrivée des ordinateurs quantiques, qui seront capables de casser en quelques minutes des codes qui résisteraient des millénaires aux machines actuelles. Le DCM5 peut, lui, adopter de nouveaux algorithmes post-quantiques sans changement matériel, et garantir une protection dans le temps. Les certifications UK CAPS High Grade et FIPS 140-3 Niveau 3 attestent de sa robustesse face aux cyberattaques les plus sophistiquées, indique Thales.

Thales confirme l'urgence géopolitique de la souveraineté numérique

Au sujet du DCM5, le message de Chris Edwards, directeur général de Thales en charge des activités de Protection et Communication Sécurisée au Royaume-Uni, est sans ambiguïté. « Le DCM5 n'est pas simplement une mise à jour produit, c'est une capacité clé pour les nations qui doivent protéger leurs données les plus sensibles contre les cybermenaces actuelles, et surtout contre des adversaires dotés de capacités démultipliées par les technologies quantiques », indique-t-il. Une déclaration qui résonne comme un avertissement dans un contexte géopolitique où la sécurité numérique devient un enjeu de souveraineté nationale.

L'industriel français dit avoir déjà décroché sa première commande, qui valide pour le coup l'intérêt concret du marché pour cette technologie de souveraineté. Ce début de succès commercial ouvre la voie à un déploiement international du DCM5 auprès des gouvernements soucieux de leur indépendance cryptographique. Thales capitalise sur sa réputation d'équipementier de confiance des États les plus exigeants, pour les convaincre.

Avec ses 5 800 spécialistes cybersécurité répartis dans 68 pays, l'entreprise hexagonale dispose de vrais moyens pour accompagner ses clients. On rappelle que l'entreprise protège déjà les systèmes de 19 des 20 premières banques mondiales et sécurise les infrastructures critiques de plus de 50 nations. Cette expertise éprouvée rassure les décideurs gouvernementaux sur la fiabilité de cette nouvelle génération d'équipements de protection.