Alors que la conquête spatiale progresse, l'exploitation des ressources lunaires s'apprête à devenir réalité. Et la start-up Interlune est l'une des mieux positionnées pour en profiter.

- De plus en plus de start-up réfléchissent à exploiter les ressources de la Lune.
- Interlune se concentre sur l'extraction de l'hélium 3, un isotope de l'hélium rare et précieux pour des applications technologiques.
- La start-up développe des robots autonomes pour racler le régolithe lunaire et extraire le gaz.
Si nous n'en sommes qu'aux balbutiements du programme Artemis de la NASA, l'objectif est clair : implanter une base permanente sur la Lune. Cela devrait aussi permettre à des acteurs publics ou privés de se rendre sur notre satellite pour exploiter ses matières premières.
Certaines start-up sont déjà sur le coup. Tandis que Starpath et iSpace veulent récupérer l’eau et les minéraux lunaires pour produire du carburant et bâtir des infrastructures, Interlune, elle, s'intéresse à un gaz très précieux, l'hélium 3.
Des moissonneuses-batteuses sur la Lune
Il s'agit, en effet, d'un isotope de l’hélium extrêmement rare sur Terre, si rare que le kilogramme vaut environ 19 millions de dollars. Ses usages sont hautement stratégiques, allant de détecteurs de matières radioactives au refroidissement d'ordinateurs quantiques. À plus long terme, il pourrait aussi s'avérer précieux dans le domaine de la fusion nucléaire.
Et justement, on en trouve davantage sur la Lune car il y est apporté par le vent solaire ; sur Terre, l'hélium 3 est bloqué par l’atmosphère et le champ magnétique. Une aubaine pour Interlune. La start-up développe des robots autonomes, proches de moissonneuses-batteuses, dont l'objectif sera de racler le régolithe lunaire.
Le sol sera ensuite chauffé et broyé pour libérer les gaz piégés à l’intérieur. L'hélium 3 sera séparé des autres gaz grâce à une distillation cryogénique à ultra-basse température, permettant de le récupérer sous forme pure, puis placé dans des conteneurs pressurisés et chargé à bord de fusées qui le ramènera sur Terre.
Du moins, en théorie. Car le processus exigera de traiter des millions de tonnes de régolithe dans un environnement extrême, avec une poussière abrasive et des écarts de température gigantesques. Sans parler des coûts exorbitants nécessaires pour exploiter de telles technologies.

Une équipe chevronnée et une feuille de route déjà tracée
Mais l'espoir est bien là. L'équipe d'Interlune est particulièrement chevronnée et réunit des profils à la croisée de l’aérospatial, de la science lunaire et de l'ingénierie lourde. Rob Meyerson a dirigé Blue Origin durant quinze ans et connaît les arcanes du développement de programmes spatiaux privés. Gary Lai, lui, a mené à bien le projet New Shepard au sein de l'entreprise de Jeff Bezos, soit l'une des rares fusées suborbitales opérationnelles aujourd’hui.
Harrison Schmitt, dernier homme à avoir foulé la Lune en 1972, est aussi le seul géologue à y avoir travaillé : il milite depuis des décennies pour l'exploitation de l'hélium 3. Enfin, Jason Andringa met à contribution l'expertise industrielle de Vermeer, spécialiste des engins miniers et agricoles, pour concevoir les moissonneuses lunaires. De quoi offrir à la start-up une crédibilité rare dans un secteur largement spéculatif.
Reste maintenant à transformer cette expertise en résultats concrets. Interlune prévoit d’envoyer une caméra spectrale sur la Lune dès fin 2025, dans le but d'identifier les zones les plus prometteuses où trouver de l'hélium 3. Une mission de prospection devrait ensuite avoir lieu en 2027, suivie d'un premier test grandeur nature en 2029. L'objectif final est de lancer une exploitation commerciale au début des années 2030.
Mais ce calendrier dépendra aussi d’un facteur clé : les avancées de SpaceX et surtout de sa fusée Starship, dont les coûts réduits et la capacité de charge pourraient rendre le projet réellement viable.