Enfin ! Le rêve d’Elon Musk se concrétise : Starship a enchaîné le décollage, la séparation des étages, le déploiement d’une charge utile factice, le rallumage moteur en vol et un double retour contrôlé sur Terre. Une démonstration de maîtrise qui change le tempo du programme et rouvre la voie vers la Lune, puis Mars.

Cette nuit, le méga-lanceur de SpaceX a quitté Starbase (Texas) pour son dixième vol d’essai, de loin le plus abouti. Le premier étage Super Heavy a assuré l’ascension puis réalisé un amerrissage contrôlé dans le golfe du Mexique environ sept minutes après le décollage. De son côté, l’étage supérieur Starship a poursuivi sur une trajectoire suborbitale et, fait inédit, a déployé huit simulateurs de satellites Starlink avant de rallumer un moteur Raptor dans l’espace, étape clé pour les futures missions. À terme, « la fusée géante devrait pouvoir transporter (et satelliser) au moins 60 Starlink à la fois », a déclaré Dan Huot, porte-parole de SpaceX, lors de ce vol.
Une démonstration millimétrée du duo Super Heavy + Starship
Après un passage de rentrée atmosphérique volontairement sévère, SpaceX ayant retiré quelques tuiles thermiques pour stresser le bouclier thermique de l'appareil, la jupe arrière a montré des dégâts visibles sans compromettre le contrôle de l’engin. Le vaisseau a ensuite amerri dans l’océan Indien, dans le champ de vision d’une bouée-caméra positionnée pour l’occasion (cf. notre photo plus haut). Ce vol valide beaucoup de points cruciaux pour les missions à venir : la poussée initiale des 33 moteurs Raptor, la séparation, la capacité à déployer une charge utile en vol, le rallumage d'un moteur en micro-gravité et deux retours contrôlés dans l'atmosphère terrestre (booster et vaisseau sous forte chauffe). Une séquence que les précédents essais n’avaient pas bouclée intégralement.
Reste un point de vocabulaire important : Starship n’a pas encore placé de charge utile sur orbite lors de ce vol. Les « satellites » embarqués étaient des maquettes larguées sur une trajectoire suborbitale. Mais c’est justement le palier qui manquait : prouver que le système peut déployer, revenir et survivre à une rentrée très agressive. La prochaine marche est connue : atteindre l’orbite, valider le ravitaillement en vol de Starship, puis revenir se poser « à sec » sur le site de lancement. Une fois cette trilogie validée, la Lune sera en ligne de mire pour SpaceX et la NASA… avant, peut-être, le grand saut vers Mars.