Guillaume Lovet, FortiNet : " Loppsi, en attendant un Internetpole européen?"

02 juin 2009 à 17h54
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Responsable de l'équipe anti menaces EMEA de l'éditeur de solutions antivirus Fortinet, Guillaume Lovet revient sur les interrogations soulevées par la proposition de loi dite « Loppsi », sur la sécurité intérieure.

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MD - Guillaume Lovet, bonjour. Quelle est la particularité de ce texte (Loppsi 2) comparé à son cousin proposé au parlement en 2002?

GL - Ce nouveau projet de loi, qui prévoit d'interdire les sites illégaux et d'autoriser les perquisitions à distance, est inapplicable, car trop facilement contournable. Pourtant, il s'appuie sur un sujet consensuel : le gouvernement a habilement orienté le débat sur la pédopornographie, un combat partagé par tous. C'est un moyen d'obliger les fournisseurs d'accès à filtrer plus et plus facilement. Reste qu'il peut toujours y avoir des erreurs, des confusions, sans compter que les pédophiles sont très motivés. De plus est-ce réellement le rôle de l'État que de décider de ce qui est moral ou pas?

MD - La Loppsi met-elle en danger le droit à la vie privée?


GL - Pas tout à fait. Premièrement, elle ne servirait qu'à s'attaquer aux pédophiles et aux terroristes. Il faudra, pour cela, ouvrir une commission rogatoire et donc faire appel à un juge, contrairement aux écoutes téléphoniques. En revanche, elle sera bien plus automatique et surtout moins chère que les techniques traditionnelles. D'autres parts, elle pénalise enfin l'usurpation d'identité sur Internet.

MD - Est-ce problématique pour Fortinet? Que proposez-vous?


GL - Allez demander aux éditeurs s'ils sont d'accord pour ajouter un logiciel espion français à leur liste noire. Les logiciels antivirus ne sont pas faits pour laisser s'ouvrir des failles. Aucun éditeur n'acceptera d'abandonner un avion furtif au milieu du champ de bataille. En entreprise, il est possible de bloquer l'accès aux proxys, aux sites interdits ou autres. Tandis que s'attaquer aux fournisseurs d'accès risquerait de mettre en péril la qualité du service pour l'utilisateur final.

MD - Portiques, caméras, policiers déguisés, la technologie a-t-elle d'abord une vocation sécuritaire?

GL - Non. Avec Hadopi, la tendance est à la diabolisation. Seule Nathalie Kosuisko Morizet, la secrétaire d'État au numérique, tient un discours plus positif. Et pour cause : Internet est ce autour de quoi s'organise la vie moderne. Difficile d'imaginer Internet sous une autre forme qu'un espace de liberté. Cette loi ne fera qu'enrichir les services de bit torrents.

MD - Quelle serait une solution équilibrée selon vous?


GL - Cela fait plus de dix ans que nous tentons de sensibiliser les utilisateurs. Le danger vient à la foi du téléchargement, mais aussi des navigateurs. Il est toujours nécessaire de les exécuter. Environ 60% des infections interviennent depuis le navigateur (drive by infection/shooting), sans intervention de l'utilisateur. Reste à tenir à jour son navigateur ou à attendre un hypothétique Internetpole européen.
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