Paul Notteboom, Mio - "SmartST peut décevoir certains de nos utilisateurs"

23 mai 2008 à 12h01
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A l'occasion de l'inauguration dans la campagne Bruxelloise en Belgique du nouveau siège européen de Mio - société spécialisée dans la vente de GPS autonomes -, Paul Notteboom, le président de Mio-Technology, a fait le point sur le rachat des activités GPS grand public de Navman, sur les ambitions de la société pour se développer en France et sur le lancement prochain de nouveaux produits.

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Alexandre Habian : Paul Notteboom bonjour, pouvez-vous nous faire un point sur la nouvelle entité "Mio" depuis le rachat de Navman ?
Mio est une filiale à 100% de la société taïwanaise MiTAC cotée en bourse qui regroupe 25 000 employés de part le monde dont une bonne partie dédiée à la recherche et au développement. Pour sa part, Mio possède désormais 1500 employés dont 700 qui travaillent dans notre pôle de R&D. Nous avons 200 employés en Europe dont 75 en Belgique ou 120 en Angleterre. Nous allons prochainement ouvrir nos bureaux à Paris avec 8 employés pour commencer.

Quelles sont aujourd'hui les parts de marché de Mio dans le monde des GPS en Europe et plus particulièrement en France ?
Selon les derniers chiffres de l'institut Canalys datant du premier trimestre 2008, nous sommes le troisième acteur en zone EMEA de la navigation mobile avec 7,2% de parts de marché via la marque Mio et 2,3% de PDM via la marque Navman. Cela nous fait donc 9,5% de parts de marché en Europe, Moyen-Orient et Afrique. Après avoir perdu des parts de marché en fin d'année dernière à cause du rachat de Navman, nous avons décidé de restructurer notre équipe marketing pour pousser nos marques Mio et Navman dans les pays où ils sont le plus représentés. Nous voulons donc désormais retrouver ces parts de marché perdues... Notre but est d'ailleurs de passer numéro deux ou numéro un du marché dans les trois prochaines années. Plus précisément, je vide les 15 à 20% de PDM. Pour cela, nous allons continuer à développer notre marque et nos produits. Nous allons également investir pour développer notre canal de distribution.

Actuellement, les pays européens où nous vendons le plus de GPS autonomes sont l'Angleterre, la France, l'Italie et l'Allemagne. A noter que 50% des ventes mondiales de GPS se font uniquement en Europe. Pour répondre à votre question sur nos parts de marché en France, Mio est le quatrième acteur du marché de la navigation mobile avec 6,4% de PDM, derrière TomTom (41,4%), Garmin (20,2%) et HTC (8,7%). Navman possède 1,4% de parts de marché. Si l'on prend en compte uniquement les chiffres des GPS autonomes - et non de la navigation mobile avec des PDA et PDAPhones GPS en plus -, nous sommes le troisième acteur du marché français. En 2007, nous avons écoulé dans le monde 4 millions d'unités de produits dédiés à la navigation GPS. Cette année, nous comptons en écouler entre 7 et 8 millions.

Finalement, avec le recul, le rachat de Navman a été bénéfique malgré quelques régressions comme l'utilisation du logiciel de navigation SmartST - assez controversé - dans vos derniers produits ?
Nous avions effectivement un contrat avec la société iGO qui nous assurait l'exclusivité de son utilisation sur des GPS autonomes. Nous avons fait grandir ensemble cette société Hongroise qui était alors totalement inconnue et qui venait du monde du jeu. Et lorsqu'on créé un produit et qu'on gagne des batailles ensemble pour démocratiser une technologie, il est toujours difficile de s'en séparer. Nous sommes encore amis avec les équipes de Nav n Go mais nous avons logiquement préféré utiliser notre solution maison « Smart ST ». Le logiciel propose une interface beaucoup plus intuitive pour des consommateurs qui découvrent le monde de la navigation GPS.

En revanche, je prévois en effet que les utilisateurs qui connaissaient et utilisaient déjà nos solutions GPS à base de iGO rencontrent quelques problèmes de satisfaction. A moins qu'on leur propose plus de fonctionnalités. C'est pourquoi nous allons développer une interface utilisateur avec des fonctions de recherche locale et des fonctions de connexion à Internet pour récupérer du contenu spécifique. Au niveau de nos partenaires grossistes, personne n'a fait pression pour que nous gardions notre interface iGO. J'ai toujours visé premièrement le marché des GPS d'entrée de gamme. Il y a un vide pour le moment dans nos solutions milieu et haut de gamme. Et dans nos produits à près de 100 euros, c'est plutôt l'aspect économique qui motive nos choix d'interface plutôt que l'aspect technique. D'ailleurs, il se peut que sur nos prochains terminaux haut de gamme, nous utilisions un nouveau logiciel de navigation... dérivé de celui que nous exploitons actuellement dans les pays de l'Est.

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Pour en revenir à la question initiale, nous avons déjà terminé l'intégration des actifs de Navman et notre nouvelle structure nous permet d'avoir trois avantages principaux : des parts de marché cumulées Mio/Navman en Europe, une entrée sur de nouveaux marchés dont l'Angleterre ou l'Australie, le tout avec une structure désormais mieux gérée. Concernant notre stratégie de marque, le but à terme est de faire disparaître la marque Navman.

Vous cherchez donc à créer une marque avec des produits d'entrée de gamme pour agréger des revenus et proposer ensuite des terminaux plus évolués ?
Ce n'est pas exactement ce que j'ai voulu dire. Du moment que l'on ne fait que de l'entrée de gamme, je pense que l'on ne peux pas ensuite retourner vers un marché plus haut de gamme. Nous gardons toujours à l'esprit que nous sommes une marque qui proposons et qui allons proposer des produits sur chacun des secteurs demandés par nos utilisateurs. C'est beaucoup plus facile de proposer des produits haut de gamme avant d'aller vers celui de l'entrée de gamme plutôt que l'inverse. Et c'est notre stratégie actuelle.

Alors quand seront mis sur le marché des GPS autonomes de Mio plus haut de gamme ?
Nous allons lancer en septembre une nouvelle gamme de produits qui intègrera différentes technologies dont la 3D, NavPix, un appareil photo numérique intégré et des éléments en relief. Nous souhaitons toujours utiliser la technologie SiRF InstantFix II que nous avons co-développé avec SiRFStar Technology.

Nous avons regardé également du côté de la navigation dite « outdoor » mais avec 2 millions de pièces écoulées par le leader du secteur, Garmin, cela reste un marché à prendre mais encore aujourd'hui...de niche. Il est trop risqué pour nous d'y rentrer.

Est-ce que vous n'avez pas peur que vos utilisateurs soient lassés des changements d'interface que vous leur proposez ? Après Destinator, Navigon, iGO ou SmartST, Mio change presque tous les ans d'interface alors que TomTom exploite toujours une interface identique depuis plusieurs années ?
C'est effectivement notre point faible, le changement d'interface que nous proposons trop régulièrement. Mais il est bon de rappeler qu'avec tous ces changements, nous avons proposé à chaque utilisateur une mise à jour pour passer d'une version à l'autre au gré de leurs envies.

Au sujet des mises à jour, quelle solution sera proposée pour migrer de iGO vers SmartST sur les GPS autonomes de Mio déjà mis sur le marché ?
Nous proposerons une telle mise à jour en fin d'année pour un prix qui devrait être situé entre 79 et 99 euros. En premier lieu, ce sont les GPS autonomes datant de moins de deux ans qui pourront en bénéficier. Les possesseurs de GPS Mio 268 et 269 avaient déjà pu passer à une solution iGO via une mise à jour et 99% en étaient satisfaits. Nous espérons avoir le même taux de satisfaction avec notre nouveau logiciel.

Comment voyez-vous évoluer le marché des PND connectés dans les prochaines années ?
Dans les cinq prochaines années, ce sont environ 40% des PND qui seront connectés. Pour Mio, nous allons lancer de telles solutions d'abord avec des partenariats entre autres avec des opérateurs avant de lancer des produits intégrés. Nous devrions lancer nos premières solutions dans le courant de l'année prochaine. Le marché sera je pense prêt à partir du second trimestre 2009. Nous parlons déjà avec des opérateurs mobiles mais pas forcément en France. Les mobinautes doivent comprendre quels sont les avantages de la technologie comme la recherche locale ou le contenu qui doit être pertinent : où me garer, prix de l'essence, ...

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Le marché des mobiles et smartphones GPS est-il selon-vous encore assez mûr ? Nokia prévoit par exemple d'écouler 35 millions de mobiles GPS cette année... et Mio ?
Ce n'est pas à moi de communiquer sur ce sujet pour éduquer les consommateurs sur le bienfondé d'utiliser une puce GPS dans un téléphone mobile. Je dois attendre pour cela que le marché soit mature. Nous nous intéressons effectivement aux téléphones et smartphones et nous utilisations notre technologie pour intégrer une carte SIM dans nos PND. Le marché des mobiles est beaucoup plus important que celui des PND. C'est pourquoi nous allons premièrement proposer nos smartphones GPS en Asie à travers un marché moins concurrentiel. Une fois que l'on aura grandit, nous irons ensuite en Europe.

Le marché des PND va croitre de 34% cette année et nous devons toujours nous focaliser sur ce dernier. Je ne vise pas un marché qui ne grandit pas encore. Nous avons également une capacité de production importante, en prévision de lancer de nouveaux smartphones donc.

Vous savez, le prix moyen d'un GPS autonome de Mio est de l'ordre de 200 euros. Dans les deux ou trois prochaines années, je pense que l'on va trouver des solution intégrées dans la plupart des voitures neuves commercialisées. Et pour un prix qui ne devrait pas dépasser les 500 euros contre près du triple aujourd'hui. D'autres solutions devraient également voir le jour comme un connecteur standard permettant de relier son GPS sur toutes les automobiles, peu importe la marque du GPS ou de l'auto. Mais il y aura toujours un marché pour les GPS autonomes. Nos clients auront plusieurs terminaux avec une puce GPS embarquée : un téléphone, une solution GPS de première monte ou un PND.

Travaillez-vous sur de nouvelles offres de contenus, qu'ils soient connectés ou intégrés au terminal ?
Oui tout à fait. Nous travaillons sur des routes à suivre pour hommes, pour femmes ou des routes spécifiques pour suivre un itinéraire touristique. Nous regardons de près les solutions proposées par MSN, Google, voire des forums spécialisés qui pourraient commercialiser des bases de données de contenu pour partager leurs informations avec nos consommateurs. Nous voulons être les premiers à chercher des contenus de choix pour le consommateur. Et ne cherchons pas des accords d'exclusivité dans ce sens. C'est impossible d'avoir une exclusivité sur un service qui intéresse tout le monde.

Concernant le développement d'une communauté Mio en ligne exploitable sur nos produits, ce n'est pas mon rôle d'en créer une. Je dois pour cela récupérer des bases de données vraiment intéressantes avant d'atteindre une masse critique pour envisager une telle solution. Nous regardons enfin du côté de l'information trafic enrichie, un peu comme le service « HD Traffic » de TomTom qui utilise des mobiles GSM pour créer des bases d'info trafic pertinentes.

Mais nous devons aller vers une technologie qui ne couvre pas uniquement les grandes rues. D'autres systèmes permettent effectivement de communiquer sa position GPS à d'autres périphériques GPS. Mais une fois de plus, il faut attendre d'avoir une masse critique pour rendre le service pertinent. Je cherche donc un modèle à mi chemin entre ceux deux solutions. Nous souhaitons pour cela signer des accords avec des opérateurs et une technologie dynamique pour créer des rapports d'information trafic en temps réel. Le RDS à un délai parfois supérieur à 30 minutes dans la remontée d'informations. Nos utilisateurs veulent du temps réel.

Pour conclure, Mio est actuellement plutôt une proie ou un prédateur ?
Nous sommes un prédateur ! Nous comptons racheter d'autres structures spécialisées dans les domaines du logiciel, périphérique ou même cartographique (en asie par exemple). Notons tout de même que dans le domaine cartographique, nous avons toujours un partenariat fort avec Tele Atlas. Pour le reste, je ne peux pas entrer plus dans les détails car nous ne sommes pas encore entré en phase finale de négociation sur ces différents points.

Paul Notteboom, je vous remercie.
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