Juniper QFabric : "Nous avons voulu remettre à plat les réseaux de datacenters"

24 février 2011 à 10h45
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Grosse activité dans le monde des datacenters ces dernières semaines, avec cette fois une annonce venue de Juniper. Avec QFabric, l'équipementier souhaite révolutionner le réseau au sein des centres de données, pour suivre la hausse des besoins en stockage et en bande passante. De passage à Paris, le chef du projet Anjan Vekatramani et le directeur marketing EMEA, Trevor Dearing, nous ont présenté les nouveaux produits Juniper.

« Quand nous avons débuté le projet Stratus en 2006, nous voulions simplifier l'infrastructure des réseaux, » explique Trevor Dearing. « Les réseaux se basent traditionnellement sur des arbres : un routeur, qui mène à des switchs se partageant la bande passante, et mènent eux-mêmes à des modules de stockage et des machines virtuelles. Nous voulions repartir sur un principe plus simple, où tous les éléments du réseau seraient au même niveau. Nous avons voulu remettre à plat les réseaux de datacenters. »

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Fig. 1 & Fig. 2


La principale difficulté, illustrée par la figure 1 (Fig. 1), est que dans ce type de structure, il se crée une bulle de performances optimales. Si la machine virtuelle dépend du même noeud que le stockage, il n'y a pas de souci. Dès qu'on la déplace, et qu'elle dépend d'un autre switch, la latence augmente et amenuise les performances. « Et encore, dans le cas où on placerait une appliance, comme un firewall par exemple, sur une partie du réseau, la machine virtuelle qui en serait exclue n'aura même pas accès aux données, » ajoute Trevor Dearing (Fig. 2). Il se crée ainsi des zones d'ombre (illustrée sur la figure 2 par le "Shadows").

6 000 ports 10 Giga
Le projet Stratus livre donc aujourd'hui ses premières applications commerciales. Bien accueilli par les experts outre-Atlantique, il se décline au sein de la ligne de produits QFabric. L'idée est assez élémentaire : regrouper tous les éléments du réseau (routeur, switchs, stockages) au sein d'une bulle unique, en les interconnectant tous ensemble (Fig. 3). Dédiée aux datacenters, la solution aurait l'avantage d'être particulièrement flexible, selon Anjan Vekatramani. « On peut monter jusqu'à 6 000 ports 10 Giga sur un seul et même noeud, avec tous les éléments au même niveau, » explique le chef du projet Stratus. « Cela nous permet de garantir une latence inférieure à 5 micro-secondes sur l'intégralité du réseau, avec la possibilité de mettre l'infrastructure à l'échelle vers le haut ou vers le bas. »

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Fig. 3


Ainsi, finis les problèmes de zone d'ombre ou de perte de performances en cas de déplacement d'une machine virtuelle. Fruit de 100 millions de dollars d'investissement sur trois ans et de 125 brevets, QFabric est actuellement testé chez plusieurs partenaires de Juniper Networks, dont NYSE Euronext, le gérant de places de marché. Quant à la gestion du réseau, elle est grandement simplifiée, selon Anjan Vekatramani. « Nous avons eu l'idée de séparer le module de calcul et de gestion. C'est l'un des trois produits de QFabric : QF/Director. Il nous permet de gérer toute la boucle comme si c'était un seul et unique châssis. Cela facilite grandement les opérations de maintenance, de mise à niveau, et donc cela réduit les coûts. »

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QF/Director
Réduction de la complexité et des coûts, c'est bien là ce que vise Juniper avec QFabric. Par les possibilités de mise à l'échelle, on comprend que la solution vise autant les entreprises privées que les fournisseurs de service cloud. But confirmé par Trevor Dearing. « Nous aurons peut-être une cinquantaine de clients avec d'immenses besoins, comme Google, ou Amazon. Pour les autres, il est tout à fait possible de créer un réseau plus petit et plus adapté. »

L'une des principales difficultés rencontrées par Juniper Networks, c'est la gestion des châssis par le processeur. L'équipementier a eu beau déconnecter les cartes des châssis pour agrandir ses clusters de stockage, avec un seul processeur central, il était limité à 32 cartes sur le réseau. On est loin des 6 000 ports 10 Giga promis, et c'est la raison pour laquelle Juniper a appliqué le même principe aux unités de calcul. Anjan Vekatramani explique que « sur l'ancien modèle de réseau, un seul CPU master contrôlait tout le châssis. Maintenant, on a appliqué le principe du peer-to-peer, pour mettre également les processeurs à l'échelle. On a donc créé un cluster de processeurs, qui travaillent ensemble. »

Commercialisation en deux temps et migration
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QF/Interconnect
Aux côtés de QF/Director, on retrouve donc QF/Interconnect, pour les transmissions à haute vitesse sur fibre optique et cuivre, et QF/Node. Ce dernier est en fait l'unique produit commercialisé actuellement. C'est le premier élément de QFabric dévoilé, hier. C'est un switch, qui sera intégré dans l'infrastructure globale au troisième trimestre, lorsque les deux autres composants sortiront. Pour l'heure, il peut fonctionner de manière autonome. Le premier modèle, baptisé QFX3500, fait tourner un système d'exploitation Junos, avec toutes les nouveautés intégrées aux dernières versions (IPv6, gestion de la latence, etc). Un QFX3500 est équipé de 48 ports 10 Giga, dont 12 compatibles Fibre Channel. Il coûte 34 000 dollars à l'achat.

Les deux autres composants sont actuellement en cours de test chez les partenaires, apparemment très enthousiastes, selon plusieurs publications américaines. Ce décalage de commercialisation pose la question de la migration, d'autant que Cisco n'a pas hésité à dénigrer les annonces de Juniper, hier, en faisant dire à son vice-président datacenter, John McCool, que « Cisco a amassé 10 000 clients pour sa plateforme de réseau Nexus Unified Fabric pendant le temps qu'il a fallu à Juniper pour proposer une solution de test à son premier client. » Un chiffre trompeur, selon Trevor Dearing. « Cisco peut dire ce qu'il veut, il a essentiellement fait son chiffre sur du remplacement d'infrastructures. Il faudrait voir les nouveaux clients, et sur ce plan là, les parts de marché de Cisco ne font que chuter. » Anjan Vekatramani ajoute : « Il faudra redemander ces chiffres à Cisco un an après le lancement officiel de QFabric, parce que ce qui est important, c'est combien de nouveaux clients ils vont gagner une fois qu'il y aura une alternative comme la nôtre sur le marché. »

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Fig. 4


Juniper a néanmoins prévu autre chose que des boulets verbaux pour assurer la migration vers QFabric. La compatibilité avec les modules de stockage Cisco et Brocade, par exemple. Et un mode de migration par étapes, compatible avec la commercialisation en deux temps de QFabric. La figure 4 (Fig. 4) montre bien les possibilités d'aménagement du réseau à la mode Juniper. QF/Node est donc utilisable en mode autonome, et même lorsque tout QFabric sera disponible, il sera possible de l'intégrer à une infrastructure existante, comme un sous-réseau en son sein. Cela doit permettre, selon Trevor Dearing, d'assurer une migration en douceur pour éviter de fermer la solution aux clients Cisco, déjà équipés.

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QF/Node
Le prix des modules QF/Director et QF/Interconnect n'est pas encore connu. QF/Node, disponible sous la forme du QFX3500, est d'ores et déjà disponible au niveau mondial, au prix de 34 000 dollars.
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