La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRG), qui a publié cette semaine son enquête sur les jouets vendus en ligne, révèle que 90% sont non-conformes à la réglementation.

Les grands gagnants du e-commerce sont peut-être les pires ennemis de nos enfants. L'enquête 2025 de la répression des fraudes nous apprend que neuf jouets sur dix vendus sur les marketplaces le plus importantes auprès du public français ne respectent pas les normes, et six sur dix mettent en péril la sécurité des plus jeunes. À quelques jours de Noël, les autorités tirent donc la sonnette d'alarme.
90% de non-conformité pour les jouets sur les géants du web
Les équipes de la DGCCRF ont mené l'enquête sur cinq mastodontes du e-commerce qui attirent chacun entre 7 et 22 millions de visiteurs uniques par mois, dont une est Française. Quatre de ces plateformes sont donc basées à l'étranger, un détail qui prend tout son sens quand on découvre les résultats. L'opération révèle en tout cas une défaillance systémique du commerce en ligne.
Sur 70 références testées, alant des déguisements aux peluches en passant par les peintures au doigt, les conclusions sont sans appel. Neuf produits sur dix ne passent pas les contrôles réglementaires. Les enquêteurs ont ciblé les articles à petit prix provenant d'Asie, sachant que ces produits accumulent les alertes depuis longtemps. La DGCCRF a établi un taux de dangerosité qui dépasse les 60%.
Les jouets bon marché venus d'Asie accumulent les alertes depuis plusieurs années, ce qui évidemment justifie ce ciblage prioritaire des enquêteurs de la DGCCRF. Ces produits à prix attractifs se retrouvent en tête des ventes en ligne et orientent involontairement les parents à budget serré vers les références les plus dangereuses du marché.
La DGCCRF signale et fait détruire tous les produits dangereux vendus sur internet
Le diable se cache dans les détails, et ici les détails tuent. Les non-conformités vont au-delà de simples étiquettes incomplètes ou notices mal traduites. Même si certains fabricants oublient de mentionner les restrictions d'âge (une information cruciale pour les jouets interdits aux moins de trois ans), c'est la conception même qui pose problème.
Les peluches se désintègrent trop facilement, aux yeux de la répression des fraudes. Leurs yeux en plastique, leur nez et leurs boutons se détachent en quelques secondes. Ces petites pièces finissent directement dans la bouche des jeunes enfants et peuvent provoquer des risques d'étouffement mortels. Les déguisements, avec leurs cordons et rubans, sont aussi très dangereux, en ce qu'ils peuvent étrangler un enfant en un instant.
Les jouets qui fonctionnent sur piles portent une autre menace. Leurs compartiments s'ouvrent souvent avec une facilité déconcertante, ce qui expose les enfants au risque d'ingestion des piles. Un danger particulièrement sournois puisque les petits peuvent y accéder en quelques gestes. Tous les jouets identifiés comme dangereux ont été signalés aux plateformes pour retrait immédiat et détruits, indique le gouvernement.
Le commerce traditionnel sauve l'honneur du secteur, ce sont surtout les marketplaces qui pose problème
Pour les plateformes en ligne et leur marketplace, le contraste saute aux yeux avec les circuits de distribution classiques. Les enquêteurs disent avoir inspecté près de 2 000 professionnels, à savoir des magasins spécialisés, des fabricants européens, des importateurs déclarés, des rayons de la grande distribution, et des petits commerces. D'après la DGCCRF, seuls 8% d'entre eux commettent des manquements graves. Un écart sidérant, mais révélateur.
Les laboratoires officiels ont trouvé 24% de jouets dangereux parmi 700 échantillons prélevés dans ces commerces. Ce chiffre, qui peut sembler élevé, ne reflète en plus pas tout à fait la réalité du secteur. Car les contrôleurs ont décidé de cibler des vendeurs suspects comme les boutiques d'aires d'autoroute, les chaînes de restauration rapide, les échoppes de souvenirs ou les stands de marchés de Noël, qui ne sont pas des professionnels du jouet.
Au total, plus de 185 000 jouets dangereux ont été détruits, alors qu'ils étaient sur le point d'être commercialisés. Cette intervention massive montre que les acteurs établis du jouet maîtrisent les exigences de sécurité. Et attention aux amalgames, le problème ne vient pas d'un Amazon, d'un Temu ou autre directement, même s'ils ont leur part de responsabilité, le souci vient bien des marketplaces qui laissent n'importe qui vendre n'importe quoi. L'exemple du moment, incarné par Shein avec l'affaire des poupées, illustre très bien cela.

Les autorités passent à l'offensive contre les plateformes
La France passe à l'action. Le plan de régulation du e-commerce place 30 plateformes sous surveillance renforcée, dont 16 étrangères qui devront se plier aux règles du marché européen. Les contrôles de terrain menés par la répression des fraudes ont d'ailleurs été multipliés par trois pour traquer sans relâche les infractions.
Chaque jouet dangereux est notifié à la plateforme qui le commercialise, qui est obligée de le supprimer l'annonce rapidement. Les enquêteurs suivent les procédures de rappel pour récupérer les produits déjà vendus. Toutes ces données alimentent ensuite le portail européen Safety Gate, qui permet aux 27 États de coordonner leurs actions.
L'horizon s'est en plus éclairci grâce aux règles votées par le Parlement européen le 25 novembre 2025. D'ici 2030, la liste des substances chimiques bannies s'allongera drastiquement et chaque jouet devra posséder un passeport numérique. En attendant, la DGCCRF martèle le message de faire preuve d'une prudence maximale lors des achats sur les marketplaces, surtout en période de fêtes.