Les députés ont voté le 17 décembre la reconduction de l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) jusqu’au 31 décembre 2027. La mesure s’inscrit dans le projet de loi sur l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2030 et relance le débat sur l’usage de l’intelligence artificielle dans les espaces publics.

C'est hier que l’Assemblée nationale a validé l’extension de l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique. Comme le rappellent nos confrères sur Le Monde, la première phase avait été mise en place pour les Jeux olympiques de Paris 2024 et devait s’achever le 31 mars 2025. Pour rappel, cette technologie analyse en temps réel les images des caméras pour détecter certains comportements ou situations, comme des mouvements de foule, des intrusions ou des personnes au sol, sans recourir à la reconnaissance faciale.
Les évaluations de cette première expérimentation ont montré des résultats limités. Certaines alertes automatiques se sont révélées fausses et d’autres fonctions n’ont pas été testées en conditions réelles. Selon L’Humanité, cette prolongation est perçue par certains comme une manière d’étendre progressivement la surveillance automatisée au-delà des grands événements.
Le rapport parlementaire du Sénat indique quant à lui que le dispositif a produit un bilan « limité mais réel », insuffisant pour juger de son efficacité ou envisager sa généralisation. C'est donc reparti pour un tour.
La VSA, une technologie dont l’efficacité reste difficile à mesurer
La vidéosurveillance algorithmique (VSA) utilise des logiciels capables d’interpréter les images en direct et de déclencher des alertes automatiques lorsqu’elle détecte des situations précises. Elle peut signaler des mouvements de foule, des intrusions, des personnes au sol ou encore des départs de feu. SComme on vous en parlait sur Clubic, la première expérimentation s’est déroulée pendant les Jeux de Paris 2024 et s’est terminée en mars 2025.
Le rapport d’évaluation publié à l’issue de cette phase indique que certaines fonctions n’ont pas produit de résultats probants. Les alertes fausses ont été nombreuses et la plupart des outils n’ont été testés que sur de courtes périodes, souvent lors d’événements ponctuels. Le Sénat rappelle, dans son analyse de l’article 35, que la reconduction de l’expérimentation se fait « dans les mêmes termes » et que le bilan reste « limité mais réel ». Cette nouvelle phase devrait permettre d’accumuler davantage de données pour évaluer ce que l’IA apporte concrètement à la surveillance publique.
L’Humanité note également que la technologie reste critiquée. Même si elle ne recourt pas à la reconnaissance faciale, elle est considérée par certains observateurs comme une étape vers une surveillance automatisée plus large. Ces critiques portent sur le fait que prolonger l’expérimentation sans modifications substantielles ne permet pas de répondre aux questions initiales sur son efficacité réelle.

Entre critiques et prolongation législative
L’article 35 du projet de loi JOP 2030, modifié au Sénat, prolonge l’expérimentation jusqu’au 31 décembre 2027. La loi conserve les règles techniques et organisationnelles de la première phase. Certains députés ont proposé des amendements pour supprimer cette reconduction ou limiter l’accès aux signalements automatiques. D’autres souhaitent que les collectivités locales puissent exploiter ces alertes pour compléter le travail des agents sur le terrain.
Selon Le Monde, la prolongation est justifiée par le besoin de collecter plus de données afin de mieux mesurer la valeur ajoutée de la VSA, mais le bilan de la première phase n’autorise pas encore de conclusion sur sa pertinence. Comme le précise L’Humanité, la mesure est également critiquée parce qu’elle s’appuie sur le prétexte des Jeux olympiques pour étendre l’usage de cette technologie, ce qui entraîne des débats sur les libertés publiques et sur la place des algorithmes dans l’espace public.
Les discussions montrent que la confiance dans ces systèmes reste partagée. Certains députés considèrent qu’une nouvelle phase d’expérimentation permettra de tester les outils dans davantage de conditions et de collecter plus d’informations. D’autres estiment que prolonger l’essai sans ajustements importants ne fait que confirmer les limites déjà constatées et que la surveillance automatisée ne doit pas devenir systématique.
Après ces débats, l’ensemble du projet de loi, qui inclut la reconduction de la vidéosurveillance algorithmique jusqu’en 2027, doit être soumis au vote solennel le 6 janvier 2026, étape qui actera définitivement l’extension de l’expérimentation, précise Le Monde. Cette date marquera la confirmation officielle du calendrier et de la durée de cette surveillance expérimentale.
Source : Le Monde Pixels, Sénat, L'Humanité