La CNIL a sanctionné La Samaritaine d'une amende de 100 000 euros pour avoir installé des caméras dissimulées dans deux réserves. L’enquête a révélé que certains dispositifs enregistraient également des conversations.

La célèbre bâtiment qui abrite la cèlèbre enseigne de La Samaritaine, à Paris - ©Franck Legros / Shutterstock
La célèbre bâtiment qui abrite la cèlèbre enseigne de La Samaritaine, à Paris - ©Franck Legros / Shutterstock

En août 2023, des caméras de surveillance déguisées en détecteurs de fumée ont été installées dans deux réserves de La Samaritaine, à Paris. Certains appareils enregistraient l’audio, ce qui a rapidement alerté le personnel. Les dispositifs ont été retirés en septembre 2023.

La CNIL a été saisie à la suite d’un article de presse du 25 novembre 2023 et d’une plainte. Après vérification, l’autorité a constaté des manquements au RGPD et a décidé d’infliger une sanction financière. Cette décision, publiée le 18 septembre 2025, doit agir comme une piqûre de rappel aux mauvais élèves.

Des caméras cachées dans les réserves

Les caméras de La Samaritaine ont été installées dans deux réserves du magasin, à des endroits stratégiques. Déguisées en détecteurs de fumée, elles pouvaient filmer et enregistrer le son. Les salariés ont remarqué des anomalies dans leur environnement de travail et alerté la direction. Les dispositifs ont été retirés peu de temps après, mais l’affaire a attiré l’attention de la CNIL.

La procédure a commencé après qu’un article de presse a détaillé la présence de ces caméras. Une plainte a été déposée et l’autorité a immédiatement ouvert un contrôle. L’enquête a permis de confirmer la présence de dispositifs cachés et la collecte de données sans information préalable des salariés. Les contrôles de la CNIL ont également vérifié la proportionnalité et la nécessité de ces installations, évaluant si elles respectaient le cadre légal fixé par le RGPD et le Code du travail.

Le contexte rappelle que l’installation de caméras dans des espaces réservés aux employés doit rester exceptionnelle. Les employeurs peuvent filmer pour protéger les biens et les personnes, mais la surveillance audio ou vidéo ne peut se faire sans justification et sans informer les salariés. Dans ce cas précis, la CNIL a jugé que l’entreprise avait outrepassé les limites légales.

Les employeurs peuvent filmer pour protéger les biens et les personnes, mais la surveillance audio ou vidéo ne peut se faire sans justification et sans informer les salariés - ©T. Schneider / Shutterstock
Les employeurs peuvent filmer pour protéger les biens et les personnes, mais la surveillance audio ou vidéo ne peut se faire sans justification et sans informer les salariés - ©T. Schneider / Shutterstock

Une amende de 100 000 euros pour non-respect du RGPD

Après analyse, la CNIL a relevé plusieurs manquements à la législation sur la protection des données personnelles. L’amende de 100 000 euros infligée à La Samaritaine concerne le non-respect du principe de loyauté dans le traitement des données et l’absence de mesures adéquates pour protéger la vie privée des salariés.

L’autorité a précisé que la surveillance audio, en particulier, constitue une atteinte importante à la vie privée et ne peut être utilisée que dans des cas strictement limités. Les dispositifs de La Samaritaine n’avaient pas fait l’objet d’une justification suffisante ni d’une information claire des personnes concernées. La CNIL a donc jugé que les mesures prises ne respectaient pas les exigences du RGPD et des textes nationaux associés.

La sanction rappelle aux entreprises que la réglementation sur la protection des données ne se limite pas aux grandes infrastructures informatiques. Les équipements physiques, comme les caméras, sont également soumis à des obligations strictes. En cas de non-conformité, l’autorité peut appliquer des sanctions financières significatives, comme dans ce cas.

Selon la délibération publiée sur Légifrance, la société SAMARITAINE SAS avait jusqu’alors omis d’adopter une démarche complète pour équilibrer la sécurité des biens et la protection de la vie privée. Les contrôles ont montré que la proportionnalité n’était pas respectée et que l’objectif de surveillance n’excusait pas la collecte audio dans un espace réservé aux salariés.

Si l’on s’intéresse aux chiffres, la CNIL a infligé en 2025 un total de 3,4 millions d’euros d’amendes pour des manquements au RGPD dans divers secteurs, dont une part non négligeable concerne la surveillance illégale des employés.

Source

: CNIL, Légifrance