Le projet World de Sam Altman passe à la vitesse supérieure en devenant une application à tout faire, intégrant messagerie, paiements et identité numérique. Son objectif : s'imposer comme le centre de notre vie numérique, rien que ça.

L'idée semblait tout droit sortie d'un roman de science-fiction : un scan de l'iris pour prouver que vous êtes bien humain dans un monde numérique saturé d'intelligences artificielles. Aujourd'hui, ce projet audacieux mue et déploie ses ailes pour devenir un véritable couteau suisse numérique. La nouvelle version de l'application World, présentée ce 11 décembre, ne se contente plus de vérifier votre identité et veut désormais gérer vos conversations et vos finances.
Votre iris, nouveau passeport pour le monde numérique ?
La première grande nouveauté est une messagerie maison, chiffrée de bout en bout, qui vient marcher sur les plates-bandes de services comme Signal. Sa petite touche personnelle ? Des bulles de couleur indiquent si votre interlocuteur a fait vérifier son identité via le fameux scanner d'iris. Une manière polie de vous faire comprendre que sans identité certifiée, votre parole a peut-être un peu moins de poids dans cet écosystème naissant.

Mais le véritable enjeu, c'est l'argent. L'application renforce ses fonctions de portefeuille numérique pour permettre de recevoir son salaire ou de convertir des virements en monnaies virtuelles. Fait intéressant, nul besoin de faire scanner son œil pour accéder à ces services financiers. C'est une porte d'entrée plus douce pour attirer le curieux avant de lui proposer, qui sait, le grand scan.
Le rêve d'un milliard d'utilisateurs face au mur de la réalité
Avec de telles armes, World ne cache plus son jeu : concurrencer les géants, à commencer par le X d'Elon Musk, qui nourrit des ambitions similaires. Le modèle est celui des applications asiatiques comme WeChat, où toute la vie numérique se déroule au sein d'un seul et même univers. Sam Altman vise un milliard d'utilisateurs, un chiffre qui donne le vertige quand on sait que le projet en compte moins de vingt millions aujourd'hui.
Seulement voilà, le plan se heurte à un obstacle de taille : la méfiance. Plus d'une dizaine de pays ont mis le projet en pause ou l'examinent de près, inquiets de la collecte massive de données biométriques. Du Kenya à Hong Kong, les régulateurs freinent des quatre fers. Même aux États-Unis, son pays d'origine, World n'est pas encore opérationnel. La question reste entière : peut-on bâtir un empire numérique sur la donnée la plus intime qui soit, notre iris ? Le monde est-il vraiment prêt à payer sa tranquillité d'esprit au prix de son regard ?
Source : Tech Crunch