La start-up chinoise Lingkong Tianxing pourrait bouleverser le marché de la défense après avoir lancé la production d'un missile hypersonique à Mach 7, qui place les bases japonaises à quelques minutes de frappe.

La Chine vient de franchir une grosse marche dans la course à l'armement hypersonique. La start-up Kingkong Tianxing vient de dévoiler le YKJ-1000, un missile capable d'atteindre sept fois la vitesse du son, le tout pour un dixième seulement du coût habituel pour une arme de ce type. Le problème, c'est que l'animation promotionnelle montre l'ogive fonçant droit sur l'archipel japonais. Au moment où Pékin et Tokyo se lancent des regards de plus en plus noirs, la communication inquiète.
Le missile YKJ-1000 atteint Mach 7, avec une autonomie de six minutes en vol propulsé
Le YKJ-1000 joue dans la cour des grands. Entre Mach 5 et Mach 7, ce missile se distingue par une astuce technique redoutable. Contrairement aux missiles balistiques classiques qui montent puis retombent sur leur cible en suivant une courbe prévisible, lui possède un moteur-fusée additionnel qui lui permet de voler de façon active pendant six minutes. Pendant tout ce temps, il manœuvre librement, change de cap, et esquive les menaces. Impossible à anticiper.
Mais c'est son cerveau électronique qui impressionne vraiment. Une fois parti, le missile prend les commandes, repère ses cibles tout seul, calcule ses trajectoires d'évitement, et peut même changer de mission (attaquer ou espionner) en cours de route grâce à ses capteurs haute résolution. Sa portée comprise entre 500 et 1 300 kilomètres couvre l'essentiel de l'archipel japonais depuis les côtes chinoises. Les bases stratégiques américano-japonaises comme Kadena à Okinawa ou Iwakuni sont à portée directe. À Mach 7, le temps de trajet se compte en poignées de minutes. Les systèmes de défense auraient à peine le temps de réagir.
Pour les équipes de défense antimissile, c'est un cauchemar potentiel. Repérer, suivre et tirer sur une cible à cette vitesse tout en zigzaguant devient mission quasi-impossible. Les systèmes américains Aegis, qui protègent les bases de la région, ont été conçus pour intercepter des missiles à la trajectoire prévisible. Face au YKJ-1000 qui change constamment de cap, ils seraient dépassés.
Un conteneur maritime qui cache un lanceur de missile hypersonique mobile
Lingkong Tianxing, jeune pousse créée en 2018, bossait jusqu'ici sur des avions spatiaux réutilisables et du tourisme suborbital. Et voilà qu'elle se lance dans les missiles hypersoniques avec une promesse fracassante, celle de réaliser 90% d'économies par rapport aux systèmes traditionnels. Un dixième du prix habituel, c'est ce qu'affirme l'entreprise. De quoi transformer une arme de luxe en munition déployable massivement.
La version standard du missile est déjà en production série. Mais Lingkong Tianxing travaille sur une version encore plus redoutable, dopée à l'intelligence artificielle. Son idée est de pouvoir lancer plusieurs missiles ensemble, ogives qui communiqueraient entre elles en plein vol, pour se répartir les cibles et coordonner leurs attaques. Concrètement, si l'un est abattu, les autres réajustent automatiquement leur plan. Une saturation organisée des défenses antimissiles que rien ne peut arrêter. Et forcément le genre de scénario qui terrifie les planificateurs militaires.
Le mode de lancement est aussi très malin. Le missile se cache dans un conteneur maritime ordinaire monté sur camion. Il est en théorie impossible de le repérer au milieu du trafic routier ou portuaire normal. Au moment voulu, le conteneur s'ouvre, le missile se redresse et tire. L'arme peut alors circuler librement sur n'importe quelle route, se camoufler n'importe où. Pour l'adversaire, il n'y aurait pas de possibilité de savoir où elle se trouve pour la détruire préventivement.

Quand Pékin répond aux déclarations martiales de Tokyo par une démonstration de force
La vidéo promotionnelle de l'entreprise de l'empire du Milieu envoie un message sans ambiguïté. Dans la séquence finale, huit YKJ-1000 convergent en formation vers une carte du Japon. Alors que la Première ministre japonaise Sanae Takaichi vient justement d'évoquer une possible riposte militaire de Tokyo si la Chine attaquait Taïwan, la séquence n'a rien d'anodin. Pour les analystes occidentaux, le message est clair : « Vos bases et vos villes sont à portée, en quelques minutes. »
Lors du défilé militaire du 3 septembre dernier, Pékin avait étalé son arsenal hypersonique. Furent notamment exhibés le missile balistique DF-17 avec son planeur DFZF (portée de 1 800 à 2 500 kilomètres), ou encore le CJ-1000 ultra-longue portée, surnommé le « tueur d'avions ».
Pour Washington et Tokyo, la situation devient franchement inconfortable. Les intercepteurs actuels peinent face à ces nouveaux engins chinois. Le programme Glide Phase Interceptor, développé conjointement pour contrer ces menaces, n'entrera en service opérationnel que dans plusieurs années. D'ici là, la fenêtre de vulnérabilité reste grande ouverte. Et si Lingkong Tianxing tient ses promesses de production massive à coût réduit, la question ne sera plus de savoir si les défenses peuvent arrêter un missile hypersonique, mais combien elles pourront en arrêter face à une salve de dizaines d'engins.