Renault prépare discrètement une évolution stratégique. Officiellement, le tout-électrique reste la ligne directrice du groupe, mais la marque ouvre une fenêtre pour une solution intermédiaire, moins radicale, mais toujours compatible avec les objectifs de décarbonation.

Le Renault Scenic E-Tech 2024. © Gabriel Nica / Shutterstock
Le Renault Scenic E-Tech 2024. © Gabriel Nica / Shutterstock

À quelques mois de présenter son nouveau plan stratégique (prévu début 2026) le directeur général de Renault, François Provost, a laissé entendre une évolution dans une prise de parole mesurée sur LinkedIn, destinée à calmer les rumeurs sans pour autant les démentir.

Une stratégie "EV-first", mais plus flexible

Ces derniers jours, la presse économique avançait que Renault envisageait d’intégrer de l’hybride à sa prochaine plateforme compacte, initialement pensée pour l’électrique pur. Les Échos évoquaient même l’étude de versions hybrides classiques. Provost a tenu à préciser la position du constructeur : l’électrique reste prioritaire, mais des « solutions complémentaires » sont bel et bien à l’étude. Une formulation prudente, mais suffisamment explicite pour comprendre que Renault travaille sur un prolongateur d’autonomie.

Ce système, déjà très populaire chez plusieurs constructeurs chinois, consiste à conserver une architecture électrique complète, batterie comprise, mais en y ajoutant un petit moteur thermique qui n’entraîne jamais les roues. Il sert uniquement de générateur pour recharger la batterie lorsque celle-ci s’approche du niveau bas offrant ainsi une autonomie supérieure sans changer l’expérience de conduite d’un véhicule électrique. Une manière d’apaiser les inquiétudes des gros rouleurs et des flottes, tout en maîtrisant les coûts de production.

Cette solution aurait l’avantage d’être immédiatement industrialisable : la filiale Horse, détenue avec Geely et spécialisée dans les moteurs thermiques et hybrides, dispose déjà de la technologie nécessaire. Les remplaçantes des Mégane et Scénic pourraient en bénéficier, si Renault valide cette trajectoire dans les prochains mois.

Un choix suspendu aux décisions européennes

L’ouverture à un prolongateur d’autonomie ne signifie pas que Renault renonce à l’électrique… et François Provost insiste largement sur ce point. La marque cite d’ailleurs les progrès réalisés avec la Renault 5, le Scénic E-Tech ou l’Alpine A290 pour rappeler le chemin parcouru. Mais le constructeur doit aussi composer avec un marché qui ralentit, une clientèle encore hésitante et une réglementation en pleine discussion.

Et tout pourrait se jouer le 10 décembre. L’Union européenne doit en effet préciser les contours de l’interdiction des moteurs thermiques en 2035, avec d’éventuels assouplissements. Si les règles évoluaient, Renault pourrait officialiser sa solution intermédiaire et offrir une alternative plus souple au tout-électrique.

En attendant, le message reste clair : Renault ne revient pas en arrière. Il ajuste sa trajectoire. Et laisse la porte entrouverte à un retour du thermique… mais uniquement en renfort.