L'Assemblée nationale a décidé de doubler la taxe GAFA en France. Le taux passera de 3 à 6% en 2026, pour rapporter 1,5 milliard d'euros supplémentaire au budget de l'État.

La France veut davantage faire payer les géants du numérique. © Koshiro K / Shutterstock.com
La France veut davantage faire payer les géants du numérique. © Koshiro K / Shutterstock.com

En pleine bataille budgétaire, les députés ont décidé de serrer la vis aux mastodontes du web. La taxe sur les services numériques, dite « taxe GAFA », voit son taux multiplié par deux, pour atteindre 6% du chiffre d'affaires en 2026, pendant que certains acteurs échappent à la taxation via un relèvement des seuils. Washington et Donald Trump risquent de ne pas apprécier.

La France renforce sérieusement sa taxation des services numériques

Poussée par Emmanuel Macron et Bruno Le Maire et instaurée en juillet 2019 pour lutter contre l'optimisation fiscale à laquelle les géants du Web pouvaient ou peuvent encore se livrer, la taxe devait être provisoire, le temps de trouver un accord à l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économique. Sauf que le veto américain a tout bloqué. La France a donc conservé son dispositif, et elle s'apprête même à le doubler !

Le passage de 3 à 6% du taux va injecter 650 millions d'euros supplémentaires dans les caisses, pour un total d'environ 1,5 milliard pour 2026 (contre 881,6 millions prévus). Dans le viseur, on retrouve les géants Apple, Google, Meta, Apple, Amazon, Snap et même Shein, déjà en délicatesse en France. La taxe cible la publicité ciblée et les commissions sur les places de marché.

Comme l'explique l'Informé, il y a une contrepartie. Pour être taxée, une entreprise doit désormais réaliser au moins deux milliards d'euros de chiffre d'affaires mondial (contre 750 millions auparavant). Du coup, des acteurs comme le bientôt Américain Criteo (1,68 milliard en 2024), Leboncoin ou Spotify (1,84 milliard de revenus publicitaires) échappent à la taxe. Les petits soupirent de soulagement, les géants grincent des dents.

Trump et les représailles : la guerre commerciale en embuscade

Outre-Atlantique, l'addition ne passe pas. Ron Estes, membre du Congrès américain, a jugé la décision prise par les députés français «  totalement inacceptable. » Il promet que ses collègues et lui répondront par des mesures de représailles sévères. Donald Trump avait déjà menacé de représailles tous les pays taxant les entreprises américaines.

Au Palais Bourbon, le ministre de l'Économie, Roland Lescure, avait déjà prévu le coup. « Dans vos circonscriptions, les producteurs de vins et spiritueux vous diront qu'il est impossible de prendre de telles mesures car les États-Unis constituent leur premier marché ». Le lobby américain s'active déjà au Sénat, qui peut annuler le dispositif dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026.