Sous prétexte de sécurité, Google s'apprête à verrouiller un peu plus son système d'exploitation Android. Une initiative qui sonne le glas pour les développeurs indépendants et les amateurs de liberté, qui commencent à organiser la résistance avec le mouvement « Keep Android Open ».

Android a toujours fait de la liberté son étendard, en opposition aux limitations d'Apple sur iOS. Installer une application depuis une source tierce, sans passer par la boutique officielle, faisait partie de l'expérience. Mais voilà, les temps changent, et Google semble vouloir siffler la fin de la récréation. La firme a annoncé qu'à partir de 2026, tous les développeurs, sans exception, devront faire vérifier leur identité pour que leurs applications puissent être installées, même en dehors du Play Store.
Un contrôle renforcé, pour notre bien évidemment
Pour les défenseurs du logiciel libre, la pilule est amère. Des plateformes comme F-Droid, véritable village gaulois hébergeant des milliers d'applications sans traqueurs, se voient directement menacées. Leur modèle, qui consiste à compiler et signer elles-mêmes les applications, devient tout simplement incompatible avec les exigences de Google. Marc Prud'hommeaux, figure du mouvement, tire la sonnette d'alarme : cette politique signe l'arrêt de mort de F-Droid et des autres magasins alternatifs.
L'ironie est savoureuse. Google justifie sa décision en affirmant que les applications hors Play Store sont bien plus dangereuses. Pourtant, son propre magasin officiel a dû faire le ménage en août dernier, supprimant des dizaines d'applications malveillantes qui avaient infecté des millions d'utilisateurs. Pendant que Google joue les cerbères à l'entrée du système, les menaces les plus sérieuses semblent déjà bien installées à l'intérieur.
Comme si cela ne suffisait pas, Google ajoute une contrainte technique qui a de quoi faire bondir. Pour installer une application manuellement via un fichier APK, une connexion internet sera bientôt nécessaire. L'objectif ? Vérifier en temps réel que le développeur n'est pas sur une liste noire. Bien sûr, une solution de contournement existe via l'outil pour développeurs ADB, mais elle est réservée aux utilisateurs les plus avertis. Pour le grand public, la porte se referme doucement. Cette manœuvre intervient alors que le DMA pousse Google à ouvrir davantage son écosystème sur Android et d'autres fronts, comme ses services. Un timing qui a de quoi faire sourire et qui n'a pas échappé aux régulateurs. La bataille ne fait que commencer, mais elle pose une question fondamentale : Android est-il en train de renier ce qui a fait son âme pour ressembler, un peu plus chaque jour, à son grand rival californien ?
Source : The Register