Google profite de l'actualité, pour, à son tour, monter au créneau contre le Digital Markets Act (DMA) européen. L'entreprise californienne rejoint Apple dans ses critiques de la réglementation, et dénonce des conséquences contraires aux objectifs initiaux de la législation européenne.

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Le tourisme européen pénalisé par le DMA

Google explique notamment que le DMA a un impact non négligeable dans le secteur touristique européen. La réglementation contraint le moteur de recherche à supprimer les liens directs vers les sites de compagnies aériennes et d'hôtels. De fait, les résultats mettent en avant des intermédiaires.

Avant le DMA, un utilisateur recherchant "vol Paris-Rome" voyait apparaître directement les sites des compagnies aériennes comme Air France ou Alitalia dans les résultats. Il pouvait cliquer et réserver immédiatement sur le site officiel de la compagnie, sans frais intermédiaires. Désormais, la réglementation européenne oblige Google à privilégier les plateformes tierces comme Booking.com, Expedia ou Kayak. Ces sites intermédiaires ne vendent pas directement les billets, mais mettent en relation les voyageurs avec les compagnies moyennant une commission comprise généralement entre 10 et 15% du prix du billet. Cette commission, facturée à la compagnie aérienne pour chaque réservation générée, se répercute automatiquement sur le tarif final payé par le consommateur.

Selon Google, cette modification aurait déjà engendré une chute de 30% du trafic direct gratuit pour les entreprises touristiques européennes. Le géant californien cite notamment une étude selon laquelle les pertes potentielles des entreprises européennes pourraient s'élever à 114 milliards d'euros à travers tous les secteurs concernés par ces nouvelles contraintes.

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Un double discours sur la sécurité

Surtout, Google rejoint Apple sur la question de la sécurité. Contrairement à l'écosystème fermé d'iOS, Android permet nativement l'installation d'applications depuis des sources tierces (sideloading) et un smartphone intègre, parfois, plusieurs boutiques d'applications préinstallées. L'entreprise estime que "cette ouverture a favorisé l'innovation et la diversité de choix en Europe, mais elle est aujourd'hui menacée." En effet, le DMA force Google à désactiver certaines protections de sécurité sur Android, pouvant potentiellement exposer davantage les utilisateurs aux liens malveillants et aux arnaques.

Il n'en reste pas moins que si Google brandit l'ouverture d'Android comme un argument contre les contraintes du DMA et comme un avantage concurrentiel face au "jardin clos" d'Apple, en réalité, Google resserre progressivement l'étau et se rapproche du modèle fermé d'Apple. Nous apprenions récemment que l'entreprise souhaitait introduire de nouvelles mesures de sécurité en obligeant les développeurs à une vérification d'identité, à stopper l'installation des APK externes sans connexion Internet et à mettre en place une liste noire permettant de bloquer des développeurs à distance.

À l'instar d'Apple, Google confirme aussi les retards de déploiement, particulièrement pour ses fonctionnalités d'intelligence artificielle, sur le marché européen. On s'en doutait un peu, mais ce n'est pas demain que nous pourrons tester l'édition IA du navigateur Chrome passant à l'ère agentique. La filiale du groupe Alphabet pointe des incertitudes réglementaires et la complexité des nouvelles règles à respecter, lesquelles s'ajoutent aux réglementations nationales de chaque pays membre.

Pour Google, il faut repenser le DMA de fond en comble sur de nouvelles bases pour des règles "claires, cohérentes et basées sur les faits".