L'affaire Nexperia, qui a commencé comme une brouille sino-hollandaise, entraîne des conséquences inattendues. Ce pourrait être toute l'Europe qui pourrait en effet payer les pots cassés.

À la mi-octobre, le gouvernement hollandais utilisait pour la première de son histoire une loi votée en 1952, loi qui lui a permis de prendre le contrôle d'une entreprise en période critique. Le nom de la cible ? Nexperia, fabricant de semi-conducteurs passé dans le giron de l'investisseur chinois Wingtech à la fin des années 2010. Et autant dire que la décision de La Haye n'a pas plu en Chine, où la filiale locale a tout simplement fait de facto sécession en autorisant ses salariés à ne plus obéir au siège, situé aux Pays-Bas. Et le problème devrait être plus large prochainement.
Nexperia est un fournisseur extrêmement important de la filière automobile européenne
La Chine n'a pas apprécié la prise de contrôle de Nexperia par le gouvernement hollandais, une opération qualifiée de « banditisme économique » par la chambre chinoise de commerce en Europe. Résultat, les autorités chinoises ont, en mesure de rétorsion, bloqué les exportations de Nexperia hors de son territoire. Or, le site le plus important de la multinationale se trouve dans ce pays, à Guangdong, avec une « usine représent[ant] 70 % de la capacité d'assemblage final et de test » de Nexperia.
Ce qui est un vrai problème, Nexperia étant l'entreprise fournissant à elle seul 40% des différents composants électroniques de la filière automobile européenne. « Plusieurs usines vont s’arrêter la semaine prochaine » indique ainsi le vice-président en charge des ventes de Robert Bosch France, Pierre Rochefrette. « Des répercussions à court terme ne peuvent pas être exclues » reconnaît de son côté un porte-parole de Volkswagen.

Les constructeurs à la recherche de solutions alternatives
C'est ainsi déjà le branle-bas de combat chez les géants du secteur, qui cherchent à sortir le plus rapidement de cette dépendance. « Nous sommes en contact quotidien avec nos fournisseurs dans leur recherche de solutions alternatives pour assurer une continuité de production » a-t-il ainsi été expliqué du côté de Renault, dans des propos rapportés par Le Monde. Du côté de l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA), on est assez pessimiste, la directrice Sigrid de Vries évoquant « une situation qui vire rapidement au dramatique. »
La solution pourrait bien se trouver du côté des politiques. Le gouvernement hollandais a ainsi essayé de désamorcer la situation, affirmant qu'il ne s'agissait pas d'un attaque contre la Chine. Le ministre du commerce chinois, Wang Wentao, pourrait lui prochainement effectuer une visite à Bruxelles, ce qui pourrait être l'occasion de trouver une issue à cette crise.
Source : Le Monde