À peine digérée sa privatisation à 55 milliards de dollars, Electronic Arts s'empresse de montrer patte blanche à ses nouveaux propriétaires. L'éditeur s'allie à Stability AI, le papa de Stable Diffusion, pour injecter une bonne dose d'intelligence artificielle dans ses jeux. Sur le papier, la promesse est d'accélérer la création ; en coulisses, on entend surtout le doux son des tableurs Excel.

Le bal des annonces continue chez Electronic Arts. Quelques semaines après avoir tiré sa révérence à la bourse sous l'impulsion d'un consortium mené par le fonds souverain saoudien, l'éditeur a dévoilé le 23 octobre un partenariat de premier plan. Son nouveau meilleur ami n'est autre que Stability AI, la société derrière le célèbre générateur d'images Stable Diffusion. Une manœuvre qui n'a rien d'anodin et qui vise à intégrer des outils d'IA pour, soi-disant, transformer la manière dont les jeux sont conçus.
Des super-pouvoirs pour les artistes, vraiment ?
Officiellement, il s’agit de donner des super-pouvoirs aux créatifs. EA joue la partition habituelle : l’humain resterait « au centre », l’IA n’étant qu’un « allié de confiance ». Concrètement, l'idée est d'accélérer la création de textures photoréalistes. Fini les heures passées à ajuster la brillance d’une carrosserie ou le grain d’un parquet, l’IA s’en chargera en un clin d’œil.

- Possibilité d'installer le modèle sur son PC
- Accès en ligne via des plateformes
- Code open source libre d'accès
L’autre grand projet, encore plus ambitieux, consiste à générer des mondes 3D entiers à partir de quelques mots. Les artistes n'auraient plus qu'à décrire une scène pour la voir apparaître, un peu comme par magie. Une promesse séduisante qui, si elle se réalise, pourrait drastiquement réduire les temps de pré-production. Mais comme souvent, la réalité est un peu moins rose que la communication.
Une lune de miel aux allures de déjà-vu
Cette lune de miel avec l’IA n’est pourtant pas la première pour l’éditeur. On se souvient de ReefGPT, son IA maison censée obéir aux commandes vocales des développeurs. En interne, le son de cloche est moins mélodieux : des témoignages font état de code truffé d'erreurs, d'« hallucinations » logicielles et d'un temps considérable passé à corriger les bourdes de l'algorithme. Bref, au lieu d’accélérer la production, l’IA obligerait les équipes à jouer les baby-sitters de luxe.
Alors, pourquoi un tel empressement à s'allier avec un partenaire externe ? La réponse se trouve sans doute du côté des 55 milliards de dollars du récent rachat. Les nouveaux propriétaires, pressés de rentabiliser leur mise, verraient dans l’IA la baguette magique pour réduire les coûts et gonfler les marges. EA a beau jurer que ses artistes ne seront pas remplacés, le message envoyé est ambigu. Entre l'outil d'émancipation créative et l'instrument d'optimisation financière, le cœur de l'éditeur balance. Ou peut-être pas tant que ça.
Source : Engadget