Au Japon, des ingénieurs ont démonté une voiture électrique chinoise pour percer le secret de ses faibles coûts. Leur cobaye ? la BYD Atto 3, l’un des modèles les plus vendus de Chine. Le résultat de cette "autopsie" industrielle a surpris tout le monde.

Sous le capot de la BYD Atto 3. © emirhankaramuk / Shutterstock
Sous le capot de la BYD Atto 3. © emirhankaramuk / Shutterstock

C'est dans un ancien gymnase de la préfecture de Gifu, transformé en laboratoire géant, que plus de 90 000 pièces issues de seize véhicules électriques différents (dont des Tesla, par exemple) sont exposées. Parmi elles, on retrouve celles de la BYD Atto 3, démontée dans le cadre d’un programme organisé par Sanyo Trading pour étudier les véhicules électriques sous tous leurs aspects avec les sous-traitants japonais de l’automobile.

Une leçon d’efficacité signée BYD

Ce que les ingénieurs ont découvert est aussi simple qu’efficace… BYD a intégré plusieurs composants en une seule pièce. Le moteur, l’onduleur, le réducteur, le chargeur et le convertisseur sont regroupés dans un même module appelé e-axle electric drive unit. Cette méthode permet de drastiquement simplifier la production de ce modèle, avec moins de pièces, moins de câblage, moins d’assemblage, et donc moins de coûts et de poids en bout de chaîne.

L’autre secret de BYD, c’est son intégration verticale. Le constructeur fabrique lui-même ses batteries, ses moteurs et ses semi-conducteurs, là où les marques japonaises dépendent encore d’un vaste réseau de fournisseurs. En standardisant certains éléments entre plusieurs modèles, la marque atteint des économies d’échelle massives. C’est notamment ce qui lui permet de vendre l’Atto 3 à partir de 140 000 yuans (environ 18 000 €) et d’en avoir écoulé plus de 300 000 exemplaires à peine un an après son lancement.

Malgré ça, et comme le relate Nikkei, certains participants ont relevé quelques faiblesses de conception, notamment au niveau de l'étanchéité de la batterie. Mais selon les observateurs présents, BYD fait des choix ciblés : investir là où la performance est visible pour l’utilisateur, et simplifier le reste. Une philosophie pragmatique qui contraste avec la quête de perfection des constructeurs nippons.

Un choc culturel et industriel ?

"Nous avons été choqués par le peu de pièces que contiennent les véhicules BYD et Tesla", a reconnu un responsable de Nissin Precision Machines.
Cette démonstration a eu l’effet d’un électrochoc pour une industrie japonaise qui a longtemps été considérée comme une référence mondiale, sur l'automobile et bien d'autres secteurs. Aujourd'hui, Toyota, Volvo ou Hyundai travaillent à des procédés similaires, comme le gigacasting, qui permettra de mouler d’un bloc une grande partie du châssis.

Toujours est-il qu'en quelques années les constructeurs chinois ont transformé la voiture électrique en un produit industriel optimisé pour le rendement et l'efficacité. En démontant cette BYD Atto 3, les ingénieurs japonais n’ont pas seulement découvert comment la Chine réduit ses coûts : ils ont surtout compris qu’elle réinvente la manière de concevoir une automobile.