Une étude OpinionWay pour BackMarket révèle que 60% des Français ont dû délaisser un appareil encore fonctionnel, faute de mises à jour. L'obsolescence programmée est bien une réalité incontournable du quotidien.

L'obsolescence programmée pousse 60% des Français à jeter leurs appareils fonctionnels © Alexandre Boero / Clubic
L'obsolescence programmée pousse 60% des Français à jeter leurs appareils fonctionnels © Alexandre Boero / Clubic

L'arrêt du support Windows 10 menace de faire de près de 400 millions de PC à travers le monde des machines obsolètes. Les appareils, parfaitement fonctionnels, risquent de devenir inutilisables faute de mises à jour de sécurité. Selon un sondage OpinionWay pour Back Market dont les résultats ont été dévoilés mardi, ce scénario n'a rien d'inédit, puisque six Français sur dix ont déjà abandonné un appareil en bon état pour cette seule raison. Mais face à cette obsolescence programmée, les consommateurs réclament un droit à la réparation et refusent le tout-jetable.

L'obsolescence logicielle frappe deux Français sur trois

Le sondage OpinionWay est assez révélateur, puisqu'il nous montre que deux Français sur trois ont déjà été confrontés à l'obsolescence logicielle ou matérielle. Plus frappant encore, imaginez qu'un tiers avoue avoir jeté un appareil en parfait état de marche, uniquement parce qu'il ne pouvait plus être mis à jour, tel ce bon vieux Windows. Ce réflexe touche surtout les jeunes générations. 40% des 18-24 ans ont en effet déjà franchi ce cap.

Le pire dans tout ça, c'est que le phénomène s'auto-entretient. 62% des utilisateurs ont dû racheter des accessoires devenus subitement incompatibles avec leurs nouveaux appareils. Qu'il s'agisse des chargeurs, des câbles ou des périphériques, il y a parfois tout un écosystème à renouveler à chaque changement. L'arrêt du support Windows 10 va sans doute amplifier cette spirale, en condamnant potentiellement 400 millions d'ordinateurs, privant ainsi foyers, écoles et associations d'outils numériques pourtant essentiels.

Pourtant, derrière cette mécanique implacable en apparence, les Français refusent de courber l'échine. 79% des sondés continuent d'utiliser leur matériel même sans mise à jour officielle, histoire de défier la logique imposée par l'industrie. Une forme de résistance, mais aussi de prise de risque, qui montre le ras-le-bol croissant face au remplacement perpétuel et au tout-jetable technologique.

Les Français prêts à acheter des appareils jugés obsolètes

L'obsolescence programmée ne passe plus inaperçue. Pour 62% des Français, elle génère surtout une montagne de déchets électroniques. Plus révélateur, 72% y voient clairement une stratégie pour pousser à la surconsommation. Mais un fossé générationnel apparaît, car seuls 55% des 18-24 ans partagent cette analyse, contre 83% des plus de 65 ans. C'est un peu comme si les jeunes avaient déjà intégré ce modèle comme une normalité.

Dans l'esprit des consommateurs, les coupables sont clairement désignés. Ils sont 83% à pointer du doigt les fabricants d'appareils, loin devant les éditeurs de logiciels mentionnés, par 55% des répondants. La situation crée un malaise profond puisque 30% des Français avouent ressentir une perte de confiance envers les marques, doublée d'un sentiment de dépendance. La relation entre consommateurs et fabricants bascule donc progressivement dans un rapport de force déséquilibré.

Les attentes grandissent, du côté du public. 95% des personnes interrogées réclament un véritable droit à la réparation, tandis que 96% exigent des fabricants des produits durables. Dans les faits, ils sont 77% à déjà privilégier la réparation au remplacement, et 84% à volontiers accepter un appareil dit « obsolète », du moment qu'il fonctionne encore.

Comme le résume Charlotte Souleau, directrice générale de Back Market France, « les Français ne veulent plus être captifs d'un modèle qui les oblige à jeter ce qui fonctionne encore. » En réponse, la plateforme transformée avant la fin de l'année sa box « ordinateur obsolète » en une catégorie à part entière, histoire de démontrer qu'un ordinateur reste utilisable même sans mises à jour officielles.