L’Europe a obtenu un allègement du parcours pour prolonger la vie de Windows 10, forçant Microsoft à revoir ses exigences. Mais la promesse d’un accès totalement libre n’est pas tout à fait au rendez-vous.

Après avoir annoncé un sursis gratuit d’un an pour Windows 10, Microsoft a précisé les règles d’accès à ses mises à jour de sécurité étendues. Sous la pression des associations de consommateurs et du Digital Markets Act, l’entreprise a simplifié la procédure pour les utilisateurs et utilisatrices européens. Fini la sauvegarde obligatoire via OneDrive et l’intégration au programme Microsoft Rewards, pratiques jugées discutables au regard de la réglementation européenne. Mais contrairement à ce que les annonces initiales, parfois floues, avaient pu laisser croire, Microsoft a confirmé à Windows Latest qu’il faudra malgré tout disposer d’un compte pour profiter gratuitement de ce prolongement.
Une victoire partielle pour les consommateurs européens
Depuis plusieurs mois, les associations de consommateurs européennes dénonçaient la manière dont Microsoft conditionnait l’accès aux mises à jour de sécurité prolongées de Windows 10. Pour bénéficier gratuitement du programme Extended Security Updates (ESU), les utilisateurs et utilisatrices auraient jusque-là dû passer par l’application Windows Backup, synchroniser leurs paramètres sur OneDrive et, dans certains cas, interagir avec Microsoft Rewards. Une stratégie jugée discutable au regard des règles européennes sur les pratiques déloyales et sur l’interopérabilité imposée par le Digital Markets Act.
EuroConsumers, fédération qui regroupe notamment Test Achats en Belgique, Altroconsumo en Italie ou OCU en Espagne, a interpellé Microsoft à l’été 2025 sur la compatibilité de cette politique avec le droit européen. Dans une lettre rendue publique, l’organisation pointait un problème de fond : lier un service essentiel comme les mises à jour de sécurité à l’usage de services maison risquait de contrevenir à l’article 6(6) du DMA, qui interdit aux grandes plateformes de conditionner l’accès à des fonctions clés à l’adoption d’outils propriétaires.
Sous cette pression, Microsoft a donc finalement revu sa copie pour l’Espace économique européen. L’entreprise a confirmé que les utilisateurs européens n’auront plus à sauvegarder leurs paramètres, applications ou identifiants dans le cloud maison pour accéder gratuitement aux ESU. La procédure d’inscription sera simplifiée et proposée directement dans Windows 10, sans passage par OneDrive ni intégration forcée à Microsoft Rewards. Un changement important, obtenu grâce aux contraintes réglementaires européennes, qui coupe court à l’idée d’imposer des services annexes pour bénéficier de mises à jour vitales.

Le compte Microsoft reste incontournable
Mais si l’Europe a obtenu un parcours allégé, elle n’a pas réussi à se débarrasser de la condition la plus structurante : pour profiter des mises à jour étendues gratuites, il faudra toujours posséder un compte Microsoft et l’utiliser pour inscrire son PC au programme ESU. Microsoft l’a confirmé à plusieurs reprises, malgré la confusion entretenue par des annonces initiales peu claires, laissant croire que l’UE avait obtenu un accès totalement libre.
D'après les informations complémentaires obtenues par Windows Latest, deux scénarios s’offriront donc aux utilisateurs et utilisatrices du Vieux Continent. Le premier consiste à se connecter à Windows 10 avec un compte Microsoft et à rester identifié pour continuer à recevoir les correctifs sans frais. Si le compte n’est plus utilisé pendant 60 jours, la machine sera désinscrite et il faudra réactiver le programme. Le second, destiné à celles et ceux qui préfèrent un compte local, permet de payer un forfait unique d’environ 30 euros pour prolonger la sécurité sans rester connecté.
Un répit limité à un an qui ne règle pas tout
Pour EuroConsumers, l’avancée est bienvenue mais loin de répondre aux enjeux soulevés. L’extension annoncée ne couvre qu’une seule année supplémentaire, jusqu’au 13 octobre 2026. Passé ce délai, des centaines de millions d’ordinateurs encore parfaitement fonctionnels se retrouveront sans correctifs de sécurité, faute de compatibilité avec Windows 11. L’organisation a même tenu à rappeler que Microsoft écourtait cette fois la transition : Windows 7 avait bénéficié de huit ans après l’arrivée de Windows 8, Windows XP de sept ans après Vista, tandis que Windows 10 sera abandonné seulement quatre ans après l’introduction de Windows 11.
Cette échéance accélérée pèse particulièrement sur les utilisateurs et utilisatrices d’ordinateurs plus anciens. Selon les enquêtes menées par EuroConsumers, près d’un quart des personnes interrogées utilisent encore un PC de 2017 ou plus ancien, souvent incapable de faire tourner Windows 11 mais toujours apte à un usage quotidien. Mettre fin rapidement aux mises à jour rend ces appareils vulnérables, écourte leur durée de vie et fragilise le marché du reconditionné, à rebours des objectifs européens de sobriété et de lutte contre les déchets électroniques.
EuroConsumers entend poursuivre le dialogue avec l’éditeur pour obtenir une solution plus pérenne, estimant qu’un simple sursis d’un an ne suffit pas à protéger la confiance dans l’écosystème Windows ni à répondre aux objectifs européens de longévité des produits numériques.
Sources : Windows Latest, EuroConsumers