Malgré la loi Hamon et les comparateurs en ligne, 57% des automobilistes français n'ont pas changé d'assurance auto depuis dix ans. Un blocage psychologique et une habitude qui vous privent de potentielles économies.

Changer d'assurance auto peut vous faire économiser de l'argent. © Aod Anon / Shutterstock
Changer d'assurance auto peut vous faire économiser de l'argent. © Aod Anon / Shutterstock

Si les tarifs d'assurance auto ont grimpé de 5% cette année, les automobilistes français restent étonnamment immobiles. Le paradoxe est réel puisque d'un côté, nous avons une loi qui facilite tout depuis 2015, des outils de comparaison accessibles en quelques clics, des économies potentielles de plusieurs centaines d'euros.

De l'autre, il y a une inertie, avec 57% des automobilistes qui n'ont pas bougé d'assureur depuis une décennie, comme le révèle une étude OpinionWay pour LeLynx.fr, publiée ce mardi 7 octobre. Et pire, un tiers d'entre eux n'a encore jamais franchi le pas du changement d'assurance. Alors comment expliquer cette résistance alors que les tarifs grimpent de 5% en 2025 ?

Dix ans après la loi Hamon, le droit à la résiliation de son assurance auto reste un angle mort

C'était censé être la révolution. En 2015, la loi Hamon débarquait avec la promesse simple de mettre fin aux contraintes administratives. Vous pouvez désormais quitter votre assureur quand bon vous semble, après douze mois de contrat. Mieux encore, votre nouveau prestataire gère toutes les formalités de rupture. Un boulevard ouvert à la concurrence et au pouvoir d'achat.

Sauf que le message n'est visiblement pas passé. Un Français sur cinq croit toujours qu'il ne peut résilier qu'à la date anniversaire de son contrat. Chez les 18-24 ans, pourtant presque nés avec un smartphone dans la main, cette méconnaissance grimpe à 37%.

Mais néanmoins, les jeunes conducteurs bougent plus. 57% des 18-24 ans ont changé d'assureur ces six dernières années, contre seulement 30% des plus de 50 ans. La raison ? Les tarifs évidemment. Un jeune de moins de 25 ans débourse en moyenne 1 204 euros par an d'assurance automobile, quand un conducteur expérimenté ne paie que 606 euros. La facture, assez salée, incite naturellement à comparer. À l'autre bout du spectre, 36% des plus de 65 ans n'ont pas changé d'assureur depuis au moins une décennie, attachés à ce dernier comme à une vieille habitude.

Quand la peur du changement l'emporte sur les économies possibles

Le prix incarne ce paradoxe à lui tout seul. D'un côté, il motive plus d'un Français sur deux, qui affirme qu'il changerait d'assureur pour une offre moins chère. De l'autre, il freine 41% des sondés, qui pensent qu'un tel changement ne leur apporterait pas de réel gain financier. Cette conviction se heurte aux faits, car d'après l'étude, sur les comparateurs en ligne, les utilisateurs réalisent en moyenne jusqu'à 438 euros d'économies annuelles. Un écart considérable entre la perception des assurés et les opportunités réelles du marché.

Il faut aussi savoir que parmi les obstacles au changement d'assurance, 36% des Français craignent qu'une offre moins chère signifie automatiquement une protection au rabais. Un raisonnement compréhensible, mais trompeur. Dans l'assurance auto, un tarif attractif ne rime pas systématiquement avec des garanties réduites. Parfois, c'est simplement une question de politique tarifaire différente entre compagnies. Mais l'incertitude suffit à décourager le passage à l'acte. Pourquoi prendre un risque, quand on peut rester dans sa zone de confort ?

Au-delà du prix, la qualité de service joue un rôle majeur. Cela a peut-être été votre cas plus ou moins récemment, mais 45% des Français changeraient d'assureur après une mauvaise expérience, comme un service client défaillant, ou un sinistre mal indemnisé, qui suffisent à rompre la confiance. Et pourtant, même insatisfaits, beaucoup ne franchissent pas le cap. Les freins persistent, puisque 20% jugent encore la démarche trop complexe, malgré les simplifications de la loi Hamon. Chez les jeunes, c'est pire, avec 50% des interrogés qui invoquent le manque de temps. Avoir accès à des outils simples ne suffit pas toujours, quand on croule déjà sous les tâches quotidiennes ou qu'on ne reçoit pas les explications pédagogiques nécessaires.