Malgré l'existence d'une infrastructure mobile qui couvre 96% du globe, 3,4 milliards d'individus restent privés d'Internet mobile. L'association mondiale GSMA tire la sonnette d'alarme.

Un smartphone à 30 dollars, peut-être la solution pour connecter 1,6 milliard de personnes supplémentaires © Vaclav Sonnek / Shutterstock
Un smartphone à 30 dollars, peut-être la solution pour connecter 1,6 milliard de personnes supplémentaires © Vaclav Sonnek / Shutterstock

Dans son rapport annuel, publié cette semaine, l'association mondiale des télécoms, la GSMA, fait état d'un paradoxe plutôt saisissant. Alors que l'Internet mobile irrigue la quasi-totalité de la planète, 42% de l'humanité n'utilise toujours pas ces services. Le fossé entre l'infrastructure disponible et l'adoption réelle est hélas très important, ce qui pousse l'association à interpeller aussi les géants du mobile que les décideurs politiques.

Quand la technologie ne suffit plus à connecter le monde à Internet

La révolution mobile a-t-elle atteint ses limites naturelles ? Si 4,7 milliards d'êtres humains naviguent désormais sur leurs smartphones, ce qui représente 58% de la population mondiale, les chiffres masquent une réalité plus complexe. L'infrastructure est là, performante et quasi-universelle, mais elle ne parvient plus à convaincre les récalcitrants.

Ce que la GSMA appelle pudiquement le « Usage Gap » (écart d'utilisation, en français) touche précisément 3,1 milliards de personnes. Ces dernières vivent pourtant dans des zones parfaitement couvertes par les réseaux mobiles. Mais elles rechignent à franchir le pas numérique. Un phénomène qui dépasse largement les questions purement techniques, pour embrasser des enjeux sociaux et économiques.

À ce fossé d'utilisation s'ajoute un « Coverage Gap » (déficit de couverture) plus traditionnel qui concerne 300 millions d'individus privés d'accès. Au final, ce sont donc 3,4 milliards de personnes qui restent en marge de l'internet mobile, un chiffre qui interpelle l'industrie des télécoms (la GSMA compte Orange, China Mobile, Vodafone, AT&T, Ericsson, Nokia, Huawei, Apple, Samsung ou encore Google parmi ses membres) sur ses stratégies futures.

Un smartphone à 30 dollars, et ça repart ?

La géographie de la déconnexion dessine une carte familière des inégalités mondiales. Sans surprise, 93% des personnes non connectées résident dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, où la téléphonie mobile constitue souvent l'unique porte d'entrée vers le web.

Le directeur général de la GSMA, Vivek Badrinath, théorise une solution : « Un appareil à 30 dollars pourrait rendre les téléphones abordables pour jusqu'à 1,6 milliard de personnes qui n'ont actuellement pas les moyens de se connecter ». Dans les pays concernés, un terminal grève actuellement 16% du revenu mensuel moyen, et jusqu'à 48% pour les plus défavorisés. La proposition a donc du sens, mais est-elle réaliste ?

On dépasse la simple question de la connectivité, ici. Car les services essentiels comme les soins de santé, l'éducation et les services bancaires migrent massivement en ligne, ce qui crée une exclusion en cascade pour les personnes déconnectées. Vivek Badrinath mise ainsi sur « un effort concerté et collaboratif entre l'industrie mobile, les fabricants d'appareils, les décideurs politiques, les institutions financières et bien d'autres » pour combler ce fossé. Une vaine mission ?