Deux poids lourds de la tech posent les bases d’un web conversationnel, où les réponses priment sur les liens et les classements traditionnels. Objectif affiché : rendre les sites « agent-friendly » grâce à un duo technique pensé pour l’ère des assistants et des robots d’IA, au-delà du référencement classique.

Historiquement, Microsoft et Cloudflare avaient déjà coopéré sur la qualité d’exploration et la gestion des bots, préfigurant ces enjeux de découverte et de contrôle. © Shutterstock
Historiquement, Microsoft et Cloudflare avaient déjà coopéré sur la qualité d’exploration et la gestion des bots, préfigurant ces enjeux de découverte et de contrôle. © Shutterstock
L'info en 3 points
  • Microsoft et Cloudflare lancent des solutions pour transformer les sites en interfaces de dialogue accessibles par IA.
  • Le SEO évolue vers l'AEO, optimisant le contenu pour des réponses directes plutôt que des liens.
  • Cette initiative vise à réduire la dépendance à Google, rendant les sites plus interactifs pour utilisateurs et agents.

Dans les faits, Microsoft et Cloudflare proposent de transformer n’importe quel site en surface de dialogue, accessible en langage naturel via un simple point d’entrée dédié. Le standard annoncé s’appuie sur des briques complémentaires pour l’ingestion, l’indexation et la réponse, avec une gouvernance plus fine de l’accès aux contenus par les agents automatisés.

Du SEO aux réponses : la mise en oeuvre technique

Le passage aux « moteurs de réponse » consacre une expérience orientée résultat, avec des assistants qui synthétisent directement l’information plutôt que d’empiler des liens. Dans ce cadre, le SEO laisserait place à l'AEO (Answer Engine Optimization) pour structurer le contenu afin qu’il soit compréhensible, attribuable et exploitable par les modèles de réponse.

Côté produit, Microsoft introduit NLWeb, un point d’accès conversationnel qui permet d’interroger un site en langage naturel via un endpoint dédié, de type « /ask » selon les implémentations décrites. Ce canal unifié ouvre la voie à des interactions cohérentes entre visiteurs humains et agents, sans passer par une recherche classique ni rompre le parcours.

Cloudflare orchestre AutoRAG, une chaîne d’ingestion qui segmente, vectorise et indexe les pages d’un site pour servir des réponses via un mécanisme de récupération augmenté (retrieval-augmented generation). Fonctionnellement, la technologie se rapproche de ce qu'on retrouve dans les connecteurs de ChatGPT, ou l'intégration de Gemini avec les services Google. Le déploiement se fait depuis le tableau de bord, avec un « NLWeb Website Quick Deploy » documenté pour connecter la source, lancer l’indexation et exposer rapidement le point d’entrée conversationnel.

Historiquement, Microsoft et Cloudflare avaient déjà coopéré sur la qualité d’exploration et la gestion des bots, préfigurant ces enjeux de découverte et de contrôle. © Cloudflare
Historiquement, Microsoft et Cloudflare avaient déjà coopéré sur la qualité d’exploration et la gestion des bots, préfigurant ces enjeux de découverte et de contrôle. © Cloudflare

Au-delà du pipeline, l’ensemble prévoit des garde-fous et des politiques d’accès qui cadrent qui peut interroger quoi et dans quelles conditions, y compris côté robots et agents. Cette gouvernance technique épouse les principes de l’AEO, en facilitant l’attribution, la traçabilité et, à terme, des usages compatibles avec des exigences de conformité et de droits.

Vers un nouveau contrat social du web

L’ambition est claire : réduire la dépendance au triptyque « indexation, classement, clic » qui consacre la domination de Google, en poussant Bing et tout un écosystème d’agents vers une logique « answer-first ». Les analyses de l’industrie convergent sur une bascule des usages et des modèles de découverte, où les sites deviennent des services interrogeables plutôt que de simples destinations.

Dans le même temps, Cloudflare a publiquement plaidé pour des garde-fous sur l’exploration IA, appelant notamment Google à séparer nettement indexation classique et fonctionnalités génératives. Avec ce partenariat, Microsoft et Cloudflare proposent un chemin remettant l'éditeur au centre des expériences conversationnelles, arbitrant différemment trafic, attribution et contrôle d’accès.

Ce tandem parie sur des sites « parlants », pensés pour les humains comme pour les agents, avec un contrôle accru côté éditeur et une réponse plus directe côté utilisateur. Si la promesse séduit dans un monde saturé de contenus, son adoption dépendra de la qualité des réponses, de la transparence d’attribution et de la capacité à coexister avec les usages ancrés de la recherche traditionnelle.